Le 09 mars 2022, le gouvernement en conseil des ministres a décidé de plafonner le prix de 21 produits de grande consommation. Objectif : préserver le pouvoir d’achat des populations. Pour son effectivité, une phase de répression a été engagée par les agents du comité national de lutte contre la vie chère (CNLVC). Le lundi 27 mars 2022, de grosses quantités de marchandises, ont été saisies chez quelques marchands véreux, dans des magasins de grossistes à Marcory. Effet de dissuasion ? Sûrement ! Sauf que dans des boutiques et marchés, au fond des quartiers, les prix de ces marchandises plafonnés par le gouvernement sont toujours intenables. Notre dossier.
« Rien n’a changé dans l’habitude des commerçants. Les prix sont encore hors de portée de nos bourses », s’indigne M. Grégoire N’goran. Cet employé d’une société en zone industrielle de Yopougon qui loge à Abobo est amer ce matin quand il sort du grand marché d’Abobo. « Il faut que les gens arrêtent de nous raconter n’importe quoi. Les prix des produits de forte consommation n’ont pas changé. Pis, ils ont évolué par endroit. Nos gouvernants sont dans leur bureau et ne font rien pour contrôler ces choses-là sur le marché. On souffre ! », peste-il.
Produits, toujours à la hausse…
Le bidon de 1,5L d’huile est vendu à 1900 Fcfa au lieu de 1775 Fcfa comme préconisé. Celui de 5L est à 6500 Fcfa au lieu de 6100 Fcfa. Ali, un commerçant du marché de Wassakara, à Yopougon est interpellé sur la hausse de ces prix. « Nous vendons en fonction des grossistes, ce n’est pas nous qui prenons la décision d’augmenter les prix », se défend-t-il. A quelques mètres de lui, se trouve un grand magasin de grossiste. Là encore, les prix sont à la hausse. Un sac de riz brisure de 50kg se vend entre 16.500 Fcfa et 22.000 Fcfa au lieu de 15.500 Fcfa et 21.050 Fcfa pour les ½ grossiste d’Abidjan. Le riz long grain parfumé 22,5kg est vendu sur de nombreux marchés de la capitale économique entre 12.000 Fcfa et 12.500 Fcfa. Pourtant, c’est contraire au prix plafonné qui est de 11.000 Fcfa. On dénombre une liste de prix falsifiés, la tomate concentré 2,2kg vendue à 2800 Fcfa au lieu de 2475 Fcfa. Le carton de lait Bonnet rouge 400g normalement à 3000 Fcfa, est à 3500 Fcfa. Le sachet de « spaghetti maman » 200g fixé à 200 Fcfa selon le communiqué officiel du Cnlvc, continue d’être vendu à 250 Fcfa dans des boutiques dans nos quartiers. Le kilo de viande sans os vendu à 3500 Fcfa au lieu de 3000 Fcfa, et le kilo de viande avec os se libère à 3000 Fcfa au lieu de 2800 Fcfa le prix plafonné. Cela se constate donc que les prix plafonnés ne sont aucunement respectés par les vendeurs. On sait que l’Etat a affiché son intention de diminuer le coût de la vie à ses concitoyens, mais en réalité, ses actions n’ont encore pas porté de fruits. Seules les grandes surfaces tels les supermarchés respectent les décisions prises par le gouvernement en ce qui concerne le plafonnement des prix. Sinon les populations continuent de vivre les affres de cette situation qui continue de peser dans le panier de la ménagère.
Sensibilisation, contrôles et mesures de répression invisibles…
Dans les quartiers, les habitants constatent que les équipes de contrôle des mesures décidées par les autorités sont quasiment absents. « Les contrôles ne sont pas faits sur les marchés et nos boutiques dans les quartiers. Personne ne s’en inquiète. Même quand ces contrôleurs viennent par hasard, c’est juste pour prendre de l’argent avec les boutiquiers. Sans plus ! Ce n’est pas normal », accuse Diomandé Bêh, habitant de Koumassi-Prodomo. Pourtant, souhaite-t-il, « nous espérons encore plus de sensibilisation et de sanctions de la part des autorités ».
Mademoiselle Niamien Elodie, infirmière, souhaite qu’ « il faut élargir les équipes d’inspection dans les boutiques » car, pour elle, « je ne suis pas sûr que nos boutiquiers ont connaissance du plafonnement des prix ». « Aujourd’hui le gouvernement donne les prix, pour que ça change. Quand nous nous rendons chez nos boutiquiers, nous sommes surpris de voir aucun changement. Des produits toujours à la hausse. Je demande aux autorités d’insister sur la répression. Et qu’ils soient nombreux à faire ce travail de répression. » suggère-t-elle, désespérée.
Et pourtant…
Le directeur général du commerce intérieur, Aimé Koizan sur instruction du ministre du commerce et de l’industrie, avait fixé des sanctions aux contrevenants. Une amende comprise entre 100.000 Francs CFA et 50 millions de Francs CFA. Selon le ministère aucune pratique illicite ne devrait être tolérée, y compris le manque d’affichage des prix dans les grandes surfaces. Faut-il réprimer davantage pour éveiller la crainte chez nos boutiquiers, nos femmes des marchés ? Ou bien faudrait-il mettre l’accent sur la sensibilisation des vendeurs sur nos marchés et dans les boutiques au fond des quartiers ? la réponse est sans équivoque.
Rappelons que la période de plafonnement est de (3) trois mois. Les produits de forte consommation telle l’huile de palme raffinée, le sucre, le lait, le riz, la tomate concentrée, la viande de bœufs et les pâtes alimentaires, connaissent normalement une baisse sur décision du gouvernement. Hélas !
Bekanty N’ko et Yarafê Adama (stagiaires)