En Côte d’Ivoire, la lutte contre les fistules obstétricales continue d’être un défi pour les autorités sanitaires. Officiellement, chaque année, le pays enregistre 250 encore nouveaux cas.
Aminata, 26 ans est enfin sortie du Centre hospitalier régional de Man, ce 7 octobre 2020. Son opération a réussi ! Après son accouchement il y a six mois, dans la maternité de ce centre de santé, elle ne s’était plus remise. Elle n’arrivait plus à contrôler les urines et les matières fécales. « Je suis revenu à l’hôpital me confié au médecin. Et on m’a informée que je soufrais de fistule et que je devais rester à l’hôpital pour être prise en charge », témoigne la mère de trois enfants…
La fistule obstétricale est une lésion à la suite d’un accouchement. Elle est généralement causée par un travail prolongé et difficile. Les facteurs de risques de cette maladie sont entre autres le non-respect du calendrier des consultations prénatales, les accouchements à domicile, l’excision, les mariages précoces et la faible utilisation des services de planification familiale.
En Côte d’Ivoire, selon le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Eugène Aka Aouélé, l’on dénombre plus de 135 000 malades avec plus de 250 nouveaux cas chaque année.
Quant à l’organisation mondiale de la santé (OMS), elle estimait, début 2020, à plus de 2 millions, le nombre de femmes vivant avec la fistule obstétricale, la plupart en Afrique et en Asie du sud. Une récente enquête du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) a estimé que 1000 nouveaux cas surviennent chaque année.
Comme Aminata, ces femmes victimes de cette maladie appelée communément ‘‘ femme pipi’’ ou de la ‘‘honte’’ réussisse la guérison, grâce aux efforts des autorités sanitaires.
A en croire Tatiana Tanoh, Sage-femme anciennement major de la maternité d’Abidjan, les cas de fistules obstétricales sont de plus en plus rares. « En 10 ans de carrière, je n’ai pas encore rencontré de cas de fistules », se félicite-t-elle.
Des progrès considérables ont en effet été réalisés en Côte d’Ivoire de 2012 à ce jour, à travers un projet dénommé ‘’ Prévention et prise en charge des fistules obstétricales’’. Ses deux premières phases déployées ont permis à 3 385 femmes et filles de bénéficié d’un traitement réparateur avec un taux de succès global de 85%. C’est dans ce cadre que huit centres de prise en charge gratuite, comme celui de Ma, sont ouverts et fonctionnels à Bouaké, Korhogo, Bouna, Séguéla, Bondoukou, Gagnoa et San-Pedro.
Dans ce combat, le gouvernement bénéficie du soutien de ses partenaires internationaux. Ce fut le cas le 13 octobre dernier pour le centre de prise en charge de Man où l’Etat ivoirien a bénéficié d’un accompagnement de la CEDEAO à travers le centre de la CEDEAO pour le développement du Genre (CCDG) pour lutter contre les fistules obstétricales. Ce centre a vu ses capacités renforcées de 10 lits d’hospitalisation, 10 matelas sky bleu, 1 scialytique mobile, 1 bistouri électrique puissance 40 w et 1 tabouret de bloc.
La troisième phase du projet est mise en œuvre avec l’appui de Koica, l’Agence coréenne de coopération. Cette phase, doté d’un montant global de plus de 6 milliards de FCFA, a commencé cette année 2020 pour prendre fin en 2023.
Des soutiens pour la réinsertion
Les femmes qui sortent de cette maladie sont également accompagnée par l’Etat. En mai dernier, le ministre de la Santé a fait savoir que 711 ex-porteuses de fistule obstétricale avaient bénéficié d’un financement pour réaliser des activités génératrices de revenus et 98 médecins avaient été formés pour traiter en routine les cas simples de fistule obstétricale. « C’est une maladie qui laisse souvent des séquelles », déplore Tatiana Tano. Qui insiste sur les mesures préventives à observer par toutes les femmes. « Il faut fréquenter les centres de santé et surtout accoucher dans ces centres, lieux propices pour un accouchement accompagné et sécurisé », recommande-t-elle.
Marina Kouakou