Accidents de motos par ci, accidents de voitures personnelles par là, plus loin encore accidents de véhicules de transports en commun. Occasionnant des pertes en vie humaines et faisant des blessés plus ou moins graves. La ville de Gagnoa s’est tristement illustrée comme un ‘’mauvais élève’’ de l’Office de sécurité routière (Oser). Il ne se passe pas de jour sans que le centre de secours d’urgence (CSU) de la ville ne fasse retentir sa sirène pour signaler une urgence.

Ouvert en 2017, ce centre a pour mission d’assister les populations face aux dangers, accidents, sinistres et catastrophes de toutes natures. Bien avant l’installation des sapeurs pompiers civils dans la cité du fromager, il fallait recourir à ceux de Yamoussoukro, en cas de besoin. Parfois, avant l’arrivée des secouristes, certaines victimes succombent de leurs blessures. Maintenant qu’il existe un CSU sur place, ces soldats du feu sont régulièrement sollicités. « Ils sont toujours au front. Nous tenons à les féliciter pour le travail ardu qu’ils font. De jours comme de nuits, sous la pluie, sous le soleil, ils sont toujours en alerte. Ils le font au risque de leurs vies», a déclaré Koua Béira Georges, secrétaire général (SG) de préfecture.

L’autorité administrative a alerté l’opinion sur le nombre important d’accidents de motos dans la ville. « 80% des interventions des sapeurs pompiers sont liées à des cas d’accidents de motos. Je voudrais que chacun de nous sensibilise ses enfants pour éviter ce que nous pouvons éviter. C’est pourquoi je remercie le préfet de police qui chaque jour, instruit ses collaborateurs à l’effet de permettre à tous les motocyclistes de porter des casques », a ajouté le représentant de l’exécutif.

De nombreuses victimes de motos

Les victimes d’accidents de motos, on les comptent à la pelle à Gagnoa. Charles Gbana, animateur à la radio communale conduisait sa moto lorsqu’il est rentré en collision avec une voiture. Il ne portait pas de casque. Evacué au Chr, il a été admis au service de réanimation, parce qu’ayant perdu connaissance à la suite du choc. Aujourd’hui, sa vie est hors de danger et l’homme des médias a repris service. Ce qui n’est pas le cas de Zoh Léon. Educateur au lycée d’Ouragahio, il se rendait à son service lorsqu’un motocycliste qui a perdu le contrôle de son engin le percute violemment avant de le projeter dans le caniveau. La tête du fonctionnaire heurte le béton du caniveau, provoquant une lésion cérébrale sévère. Conséquence : la victime a perdu l’usage correct de la parole et de ses 4 membres. L’éducateur ne peut plus rien faire de lui-même. A moins qu’il soit aidé par une tierce personne. « C’est difficile à vivre. Lorsqu’il parle, on a du mal à décoder ce qu’il dit », témoigne un de ses collègues de service qui lui rend par moment visite pour s’enquérir de l’évolution de sa santé. Léon a besoin de rééducation pour ses membres au risque que ceux-ci s’atrophient. Avec cet état de santé, il ne va plus au travail et cela remonte à un an. Ce qui est une sérieuse inquiétude pour sa femme et ses enfants.

Lui au moins, à la chance d’être en vie après l’accident de moto dont il est victime. Contrairement à Traoré Badry, opérateur économique. Le mois dernier, sa moto a croisé accidentellement un taxi communal. Après des soins reçus à l’hôpital le commerçant retourne à la maison. Quelques jours plus tard, on annonce sa mort, au moment où on le croyait sorti d’affaire. Face à l’ampleur des accidents de moto, les habitants ont décidé d’ériger des dos d’âne sur les voies qui traversent leurs quartiers. C’est le cas du quartier Zapata. Ici, à une cinquantaine de mètre, un dos d’âne se dresse devant vous. « Nous avons fait cela pour limiter la vitesse chez les chauffeurs de taxi et conducteurs de moto. Très souvent, ils renversent les enfants. Depuis que nous avons mis ces dos d’âne, les accidents ont diminué », rapporte Joel Bady, habitant le quartier Zapata. Les populations de Gagnoa ont fait le constat selon lequel, les risques d’accidents de moto sont élevés les jeudis. Ils expliquent que ce jour là, il ya partout dans la ville des parades de motos sur les artères des quartiers. Chaque motocycliste allant de sa chorégraphie pour se faire remarquer des badauds amassés au bord de la route pour admirer ce spectacle. « Le jeudi, c’est le jour de mariage dans la communauté musulmane. Les amis du marié et de la marié font des parades de motos pour exprimer leurs joies », a justifié Oumar Bangaly, un jeune motocycliste. Il reconnait qu’effectivement ces parades sont ponctuées d’accidents plus ou moins graves. Une source proche de la  mairie atteste que le conseil municipal a été saisi de cette situation et que dans les jours à venir une décision sera prise pour mettre un terme à cette pratique qui participe à accroitre le nombre des accidents dans la ville.

Causes

Outre les motocyclistes, une catégorie de transporteurs est aussi accusée de provoquer les accidents. Notamment ceux qui profitent des périodes de fêtes pour ‘’ressusciter’’ de vieux cars. « Vous devez éviter de mettre en circulation des véhicules en mauvais état. C’est vrai qu’il ya beaucoup d’affluence dans les gares, mais vous devez être prudents pour préserver la vie des populations », a prévenu le Sg de la préfecture.

Quant au directeur régional des transports, il a décliné la mission de son ministère, qui consiste, selon lui, à travailler à la prévention et à la sécurité routière. Pour lui, les accidents de circulation sont liés à deux facteurs. D’abord, le facteur humain, avec des conducteurs qui boivent, se droguent ou qui utilisent le téléphone au volant. Toute chose qui réduit leurs attentions et l’accident est très vite arrivé. Puis le facteur matériel qui s’explique par l’état du véhicule. « Faites en sorte d’avoir de bons pneus car aucun véhicule ne traversera le corridor si l’assurance et la visite technique ne sont pas à jour. Les autorités policières veilleront à l’application de cette mesure sur les 4 corridors de la ville de Gagnoa », a insisté Koué Bi pour amener les transporteurs à éviter ainsi des accidents de circulation qui ne cessent d’endeuiller des familles dans toute la région du Gôh.

Le porte-parole des transporteurs, Koné souleymane, reconnait la justesse des reproches formulés. « Si les corps habillés voulaient faire correctement leur travail, rares sont les véhicules qui allaient circuler. Nous allons nous mettre en règle », a-t-il annoncé

Doléances

Selon les statistiques, En 2020, Le CSU a enregistré au total, 1980 interventions contre 2288 interventions pour l’année 2021, a révélé Kéita Amara, commandant du CSU du Goh. Soit une augmentation de 308 cas.

En effet, la mission des pompiers est parfois rendue plus difficile par les populations qui les prennent pour cible sur les lieux d’intervention. « Force est de constater que, les populations, exaspérées face aux accidents et affolées, manifestent leurs désarrois et leur ras-le-bol, en s’attaquant aux pompiers. Saccageant leurs matériels de secours. Comme cela a été le cas à San Pédro, Bouna, Soubré et à Gagnoa, précisément au quartier Catalina », souligne le commandant. Pour une meilleure prise en charge des victimes des accidents de circulation, le premier responsable des pompiers civils fait quelques doléances.  « Nous souhaitons, énumère-t-il, créer des postes avancés dans toutes les autres communes de la région du Gôh. Cela nous permettra d’être encore plus prompts et efficaces dans la prise en charge des victimes. Pour cela nous avons besoin d’un certains nombre de matériel. A savoir, une ambulance dans chaque commune de la région, des équipements de protection, des tenus de feu et bien d’autres ».

« Nous invitons donc les maires et le président du conseil régional, de faire en sorte d’octroyer ces fonds qui ont été mis à la disposition de l’Office national de protection civile (Onpc). Afin que les pompiers puissent travailler normalement », a précisé le SG de préfecture.

Alain Doua

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