Le karité, arbre qui pousse de manière sauvage dans les régions de savanes arborées, en Afrique de l’Ouest, semble être une mine d’or. D’où la dénomination « l’or des femmes ».
Son nom scientifique est le Butyrospermum. L’arbre de karité peut atteindre 10 à 15 mètres de hauteur. Le nom ghariti signifie « arbre à beurre » en wolof du Sénégal est à l’origine du nom français « karité ». Il faut attendre 15 à 20 ans avant qu’il ne produise des fruits. Un arbre produit en moyenne 15 à 20 kg de fruits comestibles, soit 3 à 4 kg d’amandes sèches commercialisées. Le fruit du karité contient une amande dont on tire le beurre de karité qui est comestible. Le fruit est charnu et ressemble à un petit avocat doté d’une pulpe sucrée. Il renferme le plus souvent une graine entourée d’une coque mince. L’espèce figure sur la liste des espèces menacées, principalement en raison des feux de brousse d’origine humaine. Selon les lois n° 65-255 du 4 août 1965, relative à la protection de la faune et à l’exercice de la chasse et la loi n° 65- 425 du 20 décembre 1965, portant code forestier, renforcée par la loi n°2014-427 du 14 juillet 2014 portant code forestier, le karité est parmi les espèces protégées. Il est interdit d’abattre l’arbre du karité sur le territoire ivoirien.
Véritable mine d’or, tout sur le karité est utilisable. Son écorce est utilisée comme médicament, son fruit, riche en vitamine, est très nourrissant et l’amande est utilisée pour faire le beurre de karité. Même les déchets de production du beurre sont utilisés en cuisine sous forme de charbon. C’est donc à juste titre qu’il est qualifié « d’or des femmes ». Activité très rependue dans le nord, le nord-est et le nord-ouest, la transformation des amandes en huile est essentiellement tenue par les femmes. C’est une alternative économique pour la gent féminine. Regroupée pour la plupart en coopérative, la commercialisation reste un enjeu important. Le beurre de karité a tellement de vertus qu’on se demande pourquoi la demande n’explose pas.
Les difficultés
La plus grande difficulté est l’incapacité des productrices de la filière karité d’accéder directement au marché international. Dans l’ensemble, les productrices écoulent leur produit sur le marché local et ne parviennent pas dans ces conditions à tirer pleinement profit d’un produit qui fait pourtant l’objet d’une forte demande sur le marché international. Fort heureusement, des entreprises commencent à s’y essayer. Que ça soit à Bouna au nord-est ou à Korhogo dans le nord, en entreprise ou individuellement, la tendance est à explorer les pistes pour vendre à l’international. La Compagnie ivoirienne de commercialisation du beurre de karité (CIC-BK), structure basée à Korhogo, se donne comme passerelle vers l’international. Vous êtes en Europe ou en Asie. Vous avez besoin d’une quantité de beurre de karité. Vous commandez et ils vous livrent. Même si les usines de parfumerie, installées pour la plupart à Abidjan, ne passent pas forcément par leur canal pour s’approvisionner, les coopératives de productrices sont les plus heureuses lorsqu’il y a une commande venant de l’extérieur.
L’autre souci reste la fuite des amandes. Certains pays d’Asie, principalement la Chine, sont très actifs sur le terrain dans l’achat des amandes. Ils sillonnent les zones de ramassage des amandes et procèdent à leur achat pour les ramener dans leurs pays en vue de leur transformation. « Ils vont dans les villages et campements pour acheter les amandes avec les femmes qui les ramassent. Ils leur proposent un prix dérisoire », se désole Sam au nord-est.
La solution
Cela n’est pas sans conséquence. L’approvisionnement en matière première devient donc une problématique pour la production locale. « C’est un manque à gagner visible pour nos régions. Si une bonne usine était implantée dans les zones de production, cela serait une aubaine pour les populations », fait remarquer, à juste titre, Soro de Korhogo. Et de poursuivre :« Voyez les filières coton ou anacarde. Les unités de production créent de l’emploi ».
Il est clair que l’installation d’une usine de karité dans cette partie du pays ne serait pas une mauvaise idée. Car le beurre de karité est un produit naturel qui a beaucoup de qualités. Il suffit d’énumérer ses bienfaits et l’on comprend : il évite le dessèchement cutané, protège du soleil, soigne les petits problèmes de peau, atténue les vergetures… la liste est longue.
« Nous militons pour la construction d’une usine de production du beurre de karité dans le nord. Cela va donner de l’emploi aux populations », souhait cette autorité coutumière joint au téléphone.
Appel est lancé aux hommes d’affaire et à l’autorité.
Sékongo Naoua