Publié le 9 août, 2022

Qui pouvait aller à Yamoussoukro et ne pas se permettre de visiter ces fameux lacs et surtout celui aux caïmans ? En tout cas, ils étaient peu nombreux ceux qui se privaient d’une telle envie. Quel spectacle, l’heure du repas des caïmans. Une scène qui égayait populations et visiteurs qui s’amassaient chaque soir à partir de 17h autour de ce lac, objet de tant d’attraction.

Scène surréaliste

Pour plus d’un, c’était une scène des plus surréalistes. Quand le vieux Dicko, appelle leur nom un à un, les badauds sont étonnés que ces sauriens viennent, à la queue-leu-leu, saisir leur part de viande avant de s’installer, chacun de son côté, sur le bloc de granit qui émerge du lac. Quand tous sont servis, le vieux Dicko, le gardien emblématique des lieux, descend sur la berge, prend la queue d’un caïman et feint de la lui trancher, tout le monde est ébloui et surtout les touristes qui ne cessent de faire des photos en souvenir.

Ça c’était avant ! Lorsque le lac aux caïmans refusait du monde et était considéré comme une des principales attractions touristiques de la ville de Yamoussoukro. Aujourd’hui, ce lac et les 12 autres sont devenus l’ombre d’eux-mêmes. Ils sont du passé, abandonnés depuis plusieurs années. Aujourd’hui, les sauriens délaissés depuis la mort du président Félix Houphouët Boigny, se cherchent. Pour se nourrir, ils sont obligés de se consoler avec des poissons, tortues et même de nombreux varans qui pullulent les lacs. Pour les rares visiteurs qui viennent jeter encore des volatiles, ce sont les plus forts et les plus rapides qui les happent. Les moins forts eux sont obligés de subir la loi du plus fort en se contentant des produits de leur environnement.

Ces sauriens ont pour la plupart été offerts au premier président de la Côte d’Ivoire indépendante, Félix Houphouët-Boigny par ses amis. Notamment les anciens présidents malien (Modibo Kéita) et malgache (Tsiranana).

Abandonnés aux herbes, aux ordures…

Fierté, hier, de la capitale administrative et politique de la Côte d’Ivoire, les lacs et précisément celui aux caïmans sont devenus, aujourd’hui, des lieux quelconques. Le lac aux caïmans, ce lieu, jadis, touristique a été abandonné aux herbes, aux salades d’eau douce, aux ordures de tous genres… Un véritable gâchis qui ne dit pas son nom. Et pourtant ! Ces lacs étaient chers au père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne. Lui qui ne ménageait aucun effort pour venir himself donner à manger aux caïmans et d’en prendre soin. Hélas, abandonnés, comme la ville elle-même, ces lacs n’offrent plus un visage reluisant au patrimoine culturel de notre pays. Aujourd’hui, c’est un véritable spectacle désolant qu’il nous est donné de constater. Les riverains et les quelques visiteurs ne cachent pas leur détresse.

Selon le ministre de l’Environnement, Jean-Luc Assi, « Les lacs de Yamoussoukro se dégradent davantage à cause des déversements continus des déchets solides dans nos lacs ». Conséquences : eutrophisation et un vieillissement accéléré de ces eaux, avec une prolifération abondante de végétaux aquatiques envahissants.

…bientôt ‘’ressuscités’’ par le Ciapol

En 2020, le ministre-gouverneur du district autonome des Lacs, Augustin Thiam, avait annoncé qu’un plan triennal du district autonome prévoyait la réhabilitation de certains sites touristiques de Yamoussoukro, notamment les lacs. Ce projet, avait-il déclaré, prévoyait de nettoyer les lacs de Yamoussoukro et de les débarrasser de toutes leurs laitues. ». Augustin Thiam avait rassuré que « l’usine qui va faire cela a été construite ». Une promesse qui attend toujours sa concrétisation alors que depuis des années, dans la première ville ivoirienne inscrite au patrimoine de l’Unesco, les sauriens continuent de partager leur demeure avec de nouveaux ‘’envahisseurs’’… cependant, depuis peu, l’Etat ivoirien a décidé de s’en préoccuper. Mieux, d’en faire plus en réhabilitant l’ensemble des lacs de la capitale politique et administrative ivoirienne. Le ministre-gouverneur peut enfin pousser un ouf de soulagement.

Le ministère de l’Environnement et du développement durable, à travers l’Ucp coordonné par le directeur du Centre ivoirien anti-pollution (Ciapol), a finalement lancé le projet de réhabilitation des lacs de Yamoussoukro le jeudi 28 juillet 2022, à la base chantier sise au quartier 220 logements de la capitale politique ivoirienne. Cette cérémonie de lancement, selon le coordonnateur de l’Ucp, M. Martin Dibi, sera suivie du démarrage effectif des actions et activités du projet. Notamment, le faucardage, dragage, sensibilisation…

C’est donc au vu de l’état de dégradation avancée des lacs de Yamoussoukro, que le conseil des ministres a décidé, sur financement du budget de l’état, leur réhabilitation. A affirmé, lors de son discours d’ouverture, M. Dibi Niagne Martin, directeur du Ciapol, Coordonnateur du projet.

Ce projet sera exécuté par le Centre ivoirien anti-pollution (Ciapol) sous la supervision du ministère de l’environnement et du développement durable.

Ce sont donc 13 lacs dont 10 artificiels conçus pour l’embellissement de la ville de Yamoussoukro qui seront réhabilités par le Ciapol. D’ailleurs, une méthodologie a été déjà mis place qui tournera autour de 5 angles bien spécifiques sur une durée d’un an, selon le coordinateur en chef du projet, M. Dibi Niagne.  

Lire aussi : Yamoussoukro : Le CIAPOL lance le projet de réhabilitation des ‘’13 lacs ‘’

Les travaux sont estimés à hauteur de 4 milliards de nos francs et s’effectueront en deux grandes phases. La première phase consistera à la libération de l’ensemble des végétaux aquatiques envahissants et des macrodéchets sur l’ensemble des lacs, sensibiliser l’ensemble des populations et des professionnels des gares routières et les restaurants riverains des lacs de la nécessité du maintien de la salubrité de ces lieux et la seconde, à l’élaboration d’un document projet de gestion durable du lac.

Sûrement que ce projet redonnera à Yamoussoukro son lustre d’antan. Vivement !

Djolou Chloé

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