L’artisanat regroupe les personnes physiques ou morales qui exercent à titre principal ou secondaire une activité professionnelle indépendante de production, de transformation, de réparation ou de prestation de services relevant de l’artisanat et figurant sur une liste établie. L’artisanat, comme tous les autres secteurs d’activité, joue un rôle important dans l’économie ivoirienne.

Artisanat, un mot récent, mais une réalité ancienne. Si le terme n’apparaît qu’à la fin du 19 e siècle, sa racine étymologique en révèle toute l’ambivalence. À l’origine, il englobe, en effet, l’ensemble des activités manuelles extra-agricoles, au point qu’on ne distingue pas l’artisan de l’artiste.

Alors qu’il y a bien une différence entre l’art et l’artisanat. Quand l’objet est conforme à l’idée qui lui préexiste, il relève de l’artisanat, et quand le créateur ne sait pas exactement ce qu’il va faire de son objet, il s’agit d’un objet d’art.

Les métiers de l’artisanat sont regroupés en quatre grandes familles : l’alimentation, le bâtiment, la production et les services.

« Le secteur de l’artisanat offre d’énormes opportunités en matière d’emplois, de formation et de création de richesses. Ce secteur compte huit branches d’activités. Dans l’artisanat, il y a l’apprentissage, les maîtres-artisans, les ateliers et un appui aux apprentis qui s’installent après la formation. C’est un vivier d’emplois », avait dit Sidiki Konaté, ministre ivoirien de l’Artisanat, le lundi 16 décembre 2019 à Abidjan, dans une interview accordée au quotidien « Fraternité Matin ». Selon le ministre de l’Artisanat, ces huit branches sont la branche de l’agroalimentaire, l’alimentation et la restauration ; la branche des mines et carrières et la construction des bâtiments ; la branche des métaux et la construction mécanique, métallique, électromécanique, l’électricité et les petits métiers de transport ; la branche bois et assimilés, mobiliers et ameublement ; la branche textile, habillement, cuir et peau ; la branche audiovisuelle et la communication ; la branche hygiène et soins corporels ; enfin la branche artisanat d’art et décoration. La diversité culturelle en Côte d’Ivoire reste un atout de premier plan pour l’artisanat. 

Les atouts culturels

Les sculptures, masques et objets en bois sont fabriqués par divers artisans. Dans les ateliers galeries, on trouve surtout des masques dan, gué et wéré, mais aussi des pièces sénoufo et baoulé. Nombreuses pièces sont sculptées dans de l’écorce de kolatier, de la corne ou des dents de phacochère (pipes, bâtons de commandement, bijoux, statuettes et figurines…). L’orfèvrerie akan relate tout sur les tenues d’apparat des chefs et rois akan en mettant en exergue l’importance accordée à l’or, symbole fort de la prospérité de leurs royaumes et de leur domination culturelle. Côté bijoux, parures et accessoires, l’offre comprend notamment des poids baoulés ou petits pendentifs figuratifs représentant un dollar, un ananas, une croix d’Agadez, un cauri, une poupée de la fécondité baoulé ou un palmier. Il y a aussi des parures en perles d’argile cuites et peintes à la main avec des pigments naturels, comme celles du village de Kapélé, dans les environs de Korhogo.

Les tissages traditionnels sénoufo et baoulé présentent toute une gamme de produits variés. L’utilisation du tissage est avant tout liée à la parure et/ou au costume, qu’il s’agisse d’un costume de travail, de cérémonie ou de danse. Les étoffes tissées sont généralement plus onéreuses que les cotonnades industrielles importées, car elles représentent une forme de raffinement. Au centre, on peut apprécier les pagnes baoulé, très rares et tout aussi chatoyants et colorés. Au nord, c’est une autre technique. Le tissage de coton épais et irrégulier est uni ou rayé d’indigo. Il sert également de support de travail aux peintres des teintures sénoufo. Et à l’ouest, on a le lot des costumes des différents groupes de danseurs des peuples Dan. La poterie. Voilà un atout de l’artisanat en Côte d’Ivoire.

On peut citer le village de potier de Tanou Sakassou près de Bouaké où près de 300 potiers vivent de leur artisanat. Ils maîtrisent l’art céramique et des poteries en terre noire incrustées de paillettes de silice. Autre grande cité de la poterie, Katiola, entre Bouaké et Korhogo.  Les poteries des femmes de l’ethnie mangoro sont déclinées en vases, jarres, pots de fleurs, soupières, boîtes à bijoux, cendriers et autres récipients de formes et d’utilités diverses et variées. Le village dêgha de Motiamo, près de Bondoukou, est aussi spécialisé dans l’art de la poterie. Les poteries de Motiamo sont fabriquées à partir d’argile noire recueillie à la source de la rivière Tanguin dans le village voisin de Willekehi, que les femmes artisanes mélangent à de l’argile rouge afin d’obtenir une matière plus consistante dans laquelle seront modelés pots, jarres, canaris, écuelles et objets décoratifs empruntant des formes animales variées.

La règlementation

Le secteur de l’artisanat est vaste et a besoin de s’organiser. Déjà en 2014, la loi sur l’artisanat a été adoptée. Il s’agit de la Loi n° 2014-338 du 5 juin 2014 relative à l’artisanat qui a pour objectif principal de fixer les règles relatives aux activités du secteur de l’artisanat. Elle a pour objectifs spécifiques entre autres de structurer et professionnaliser les métiers du secteur, de renforcer les capacités techniques, financières et managériales en matière artisanale. Elle encourage les formations qui délivrent une certification, mais surtout, elle demande de référencer et immatriculer les entreprises du secteur artisanal. Un défi pour le nouveau président de la Chambre nationale des métiers de Côte d’Ivoire. Président sortant, Kassoum Bamba a été reconduit le samedi 11 février 2023 à la tête de l’organisation, à l’issue d’une assemblée générale ordinaire élective organisée à Yamoussoukro. « On va mettre systématiquement en pratique et en exécution ces textes de loi qui nous permettront de créer le fonds de développement de l’artisanat pour pouvoir financer les entreprises des métiers et les moderniser », a-t-il promis. L’identification et l’immatriculation des artisans demeurent un des axes majeurs de son programme. Secteur-clé du développement socio-économique, l’artisanat représente également 25 % de la population active et sa contribution au PIB est de l’ordre de 12 %. D’où son importance aux yeux du gouvernement qui place l’artisanat et les PME, au cœur du développement de notre pays.

Sékongo Naoua

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