Selon Anouma Murielle, auditrice dans les domaines de la qualité à savoir sécurité, hygiène et environnement, « en fonction de leur catégorie, tous les produits de qualité doivent respecter des normes et référentiels exigés par des structures adéquates ».
Une règle peu respectée en Côte d’Ivoire, surtout dans la fabrication des produits faits maison. « La majorité des produits que je commercialise sont fabriqués par moi-même. J’ai appris sur le tas. J’ai pu voir les résultats, ça fonctionne et c’est le plus important. Les clientes veulent voir les résultats, pas les normes », indique Nicole T, commerçante. Elle vend ses produits de beauté en ligne.
Cette ‘‘spécialiste’’ des produits éclaircissant propose aussi des piqures, crèmes, huiles, pommades, comprimés, savons provenant de l’extérieur. « Les piqures sont renouvelables annuellement. Avec 150 000 FCFA tu es métisse jusqu’au crâne pour une année. Tu n’as plus besoin de pommade, ni de savon… », confie la commerçante qui dit bénéficier d’un vaste réseau de distribution, dont elle seule a le secret. Comme Nicole, elles sont nombreuses ces fabricantes de produits faits maison sans autorisations officielles.
Pourtant le décret 2015-288 du 28 avril 2015 portant réglementation des produits cosmétiques et les produits d’hygiène corporelle est assez clair. « Les produits cosmétiques et les produits d’hygiène corporelle quelles que soient leur origines ne peuvent être fabriqués, importés, mis sur le marchés qu’après avoir été autorisés par arrêté conjoint du Ministère chargé de l’industrie, sur rapport préalable de l’organe chargé de l’évaluation et de l’autorisation des produits cosmétiques et les produits d’hygiène corporelle », stipule l’article 6 de la décision présidentielle.
En Côte d’Ivoire, l’organisme national de normalisation et de certification des produits est Codinorm. « Il existe des normes ivoiriennes de façon générale. On les trouve à Codinorm qui élabore toutes les normes ivoiriennes. L’entreprise qui veut certifier ses produits se dirige vers Codinorm pour l’achat de ces normes en présentant ses produits. Il faut également souligner que ces normes sont payantes. Côte d’Ivoire normalisation vie à travers l’achat des différentes normes. Les prix des normes varient. Il y a de 20 000 FCFA, de 30 000CFA ça dépend. Je ne pourrai pas vous donner la somme des normes puisque les prix varient», fait savoir la qualiticienne.
Codinorm couvre également les Produits alimentaires, électriques, électroniques ou d’énergies renouvelables, cosmétiques et hygiène corporelle, matériaux de constructions, emballages, pièces de rechange et accessoires automobile et lubrifiants, machines, équipements sous pression, équipement de protection individuelle, autres produits touchant à la santé, à la sécurité et à l’environnement, textiles, produits, jouets et produits usages.
L’on se souvient par ailleurs, de L’affaire du riz avarié qui a fait couler beaucoup d’encre. En mars 2019, 18 mille tonnes de riz en provenance de Birmanie impropre à la consommation, avaient débarqués au port d’Abidjan après avoir été refoulé du Ghana, du Togo, et de la Guinée. Stockés en entrepôts en attendant les contrôles microbiologiques, microchimiques ainsi que les contrôles de résidus et de pesticides, une visite effectuée au port d’Abidjan, avait permis de mettre la main sur ces riz finalement détruit en mars 2019. « 10 708 tonnes de riz avarié sont entièrement détruites à ce jour. Nous étions à 6 600 tonnes détruites lors de notre dernière situation », avait annoncé le ministre de la Communication et des Médias, Sidi Touré à la suite d’un Conseil des ministres.
Ces situations qui menacent la sécurité des consommateurs inquiète plus d’un. Mais, M’Fah Ali, président de l’Association des consommateurs rassure les ivoiriens quant à la mise en place du Programme ivoirien de vérification de la conformité des marchandises (VOC). « Nous n’avons pas de système de contrôle des produits, c’est pour cela nous avons applaudir la mise en place du programme VOC par l’état de côte d’Ivoire qui vise à vérifier la qualité des produits depuis l’embarquement jusqu’à l’entrée de nos pays ». Toutefois, il précise : « Lorsque nous constatons la contrefaçon d’un produit, nous informons le ministère du commerce qui a la qualité d’enquêter et de publier la véracité des faits. Dès que nous sommes au courant d’une entreprise clandestine nous informons le ministère. L’État à ses règles, on ne peut pas tout médiatiser et parfois en le faisant on crée des problèmes aux marques d’origine. Je me souviens qu’une fois, j’ai pu mettre la main sur 10 000 bouteilles de sucreries contrefaites, la marque d’origine n’a pas voulu qu’on la cite de peur de perdre des clients. Souvent les produits sont retirés sans la présence de la presse ».
Même son de cloche pour le Président du Conseil national des organisations de consommateurs de Côte d’Ivoire (CNOC-CI), Marius Comoé qui prévoit davantage lutter contre les produits de beauté illégaux. « Nous allons continuer notre œuvre de promotion des principes directeurs pour la protection du Consommateur, en sensibilisant les Pouvoirs publics sur la nécessité d’une adoption de textes de lois plus contraignantes pour les Fabricants, en matière de stockage, de distribution, de commercialisation et d’utilisation des produits issus des Industries cosmétiques au niveau national dans le secret espoir de mieux préserver la santé de la peau du Consommateur, en vue de sauver des vies ».
Marina Kouakou