Le 06 août 2021, Amadou Koné ministre des transports a présenté devant les médias nationaux et internationaux le nouveau système de transport intelligent en côte d’ivoire avec pour outil principal, la vidéo-verbalisation qui a pour objectif de réduire les accidents et veiller à une bonne conduite des automobilistes. 10 mois après son application, les choses ont-elles vraiment changé ?

La Côte d’ivoire, selon l’Organisation mondiale de la santé, Oms, enregistre chaque année 24 décès pour 100 milles habitants sur les routes. Au cours des 6 dernières années, elle a enregistré par an plus de 12 milles accidents corporels, 1200 tués et plus de 21 milles blessés. Le district d’Abidjan, à lui seul, enregistre 41% du nombre de morts sur la route. Face à cette gravité de la situation, l’Etat ivoirien a mis un plan de lutte pour sauver des vies sur nos routes. Selon le ministère du transport en charge de la sécurité routière, les montants à mobiliser pour les actions à court terme sont estimés à 8,518 milliards de Fcfa. Ces ressources, indique Amadou Koné, permettront de réduire 24 mois plus tard le nombre et la gravité des accidents de la circulation. En effet, estime le ministre des Transports, cette nouvelle stratégie a pour objectif de « rendre les routes sûres, des vitesses sûres, des véhicules sûrs et de rendre les usagers sûrs.

Malgré de nombreuses mesures prises, une énorme campagne de sensibilisation engagée, des ressources financières mises à la disposition, la question de la sécurité routière divise l’opinion qui demande plus d’initiatives aux autorités. Les populations veulent plus de sanctions contre certains conducteurs véreux pour améliorer leur conduite dans le district d’Abidjan en particulier afin de réduire le nombre fréquent d’accident de la route et surtout minimiser les pertes en vie humaine. Les Ivoiriens se prononcent…

Tié Jaurès (électricien) :

« Il y a des chauffeurs qui grillent encore les feux »

Non seulement, ils grillent les feux pour la majorité. Et c’est quand les policiers sont à ces carrefours qu’ils font semblant d’obéir aux feux tricolores. Il y a les mauvais stationnements surtout des chauffeurs de « gbaka » (ndlr, mini car de transport) qui continue de garer comme ils veulent. Parfois nous voyons des accidents à cause de ce mauvais comportement de ces derniers. Les policiers doivent mettre l’accent sur les stationnements, en sensibilisant sur le respect des feux tricolores.

Coulibaly Issouf (commerçant) :

« Aujourd’hui on voit des chauffeurs disciplinés »

Les contrôles des policiers sont maintenant réguliers. Les automobilistes savent comment se comporter sur la route, à cause des nombreuses taxes qu’ils subissent quand ils sont en infraction. Et quand les feux tricolores sont en panne, on constate qu’aussitôt la police de circulation est présente pour réguler la circulation. A mon humble avis, le système de transport intelligent fait son effet. Je ne monte jamais à l’avant d’un véhicule sans mettre ma ceinture. C’est important ! 

N’goran Lucie (sage-femme) :

« Il y a encore des chauffeurs qui conduisent mal »

Je plains beaucoup les chauffeurs des mini cars, ils conduisent toujours mal. Ils sont toujours pressés. L’Etat doit trouver un moyen de les canaliser sur nos routes. Ce sont nos vies qu’ils mettent en danger, et ils ne demandent même pas aux passagers à l’avant de leur véhicule de porter la ceinture. Parfois la ceinture de sécurité est endommagée, ils te demandent de faire semblant de porter la ceinture à cause des policiers. Ils ne savent même pas l’importance du port de la ceinture de sécurité, c’est dommage. Il y a encore du travail à faire, si nous voulons éviter les accidents de la route.

Bamba Ramy (chauffeur de minicar) :

« Le système est bon, mais il y a trop de taxes »

Nous sommes fatigués des contraventions, c’est vrai ils font bien leur travail. Mais leur bon travail fini notre recette, chaque jour on doit payer quelque chose. Soit c’est le permis qui a un problème, l’amende peut aller à 5000 Fcfa, ou le défaut de phare 3000 Fcfa qui va souvent à 5000 Fcfa aussi. Sans oublier le défaut d’immatriculation 5000 Fcfa. Pour finir nous ne savons plus à quel moment il faut être en règle.

Les passagers qui se plaignent de notre excès de vitesse, ce n’est pas de notre faute. Si nous devons passer au moins 1 heure de temps dans les embouteillages en plus des contraventions cela complique un peu les choses. Souvent les stationnements nous portent préjudice, parce que nous ne pouvons pas garer sur la route, il faut aller en bordure de route pour descendre le passager. Il nous faut des espaces en plus de celui des piétons. Moi je fais attention en conduisant, mon permis m’a été retiré une fois et il a fallu 3 mois avant de l’avoir, donc je me méfie.

Une affaire de sourds…

En tout état de cause, et malgré les contraventions imposées par cette mesure, à Abidjan, le système de transport intelligent en côte d’ivoire avec pour outil principal, la vidéo-verbalisation n’a pas encore apporté un grand bouleversement dans la conduite. Les « Gbaka » continuent de rouler à vive allure, de prendre les sens interdits, de faire de mauvais stationnements, de griller les feux… pareil pour les conducteurs de taxi-compteurs. Quand ils sont interrogés pourquoi ils continuent de rouler mal malgré l’accroissement des mesures, ils répondent en chœur : « c’est 2000 Fcfa, on va payer ! ». En d’autres termes, le prix des contraventions sont moins coûteux. Faut-il l’augmenter pour réduire la mauvaise conduite ? La question reste posée et aux décideurs d’en tirer les conséquences. Quant aux vieux véhicules dont le ministre avait promis de les mettre hors circuit, ils continuent de circuler en toute quiétude. Comment obtiennent-ils leur visite technique quand on sait que la vétusté de ces véhicules et les défaillances mécaniques sont des causes d’accidents mortels en Côte d’Ivoire ? Personne ne le sait. Sauf qu’ils l’ont ! complicité ou laxisme de l’Etat ? Tout porte à le croire puisque la Sicta, cette entreprise étatique chargé de faire les visites techniques a été épinglée par le ministère de la Bonne gouvernance, du renforcement des capacités et de la lutte contre la corruption comme étant l’objet de corruption, de fraude…  

Où sont passés les panneaux de signalisation ?

Amadou Koné l’a longuement annoncé. Les panneaux de signalisation qui font partie des 3,1 milliards Fcfa alloués au ministère de l’Equipement et de l’entretien routier pour leur acquisition ainsi que le marquage au sol et la construction de passerelles, ne sont pas encore visible presqu’un an après. Or, le ministre des Transports avait annoncé qu’ils seront installés sur toutes les artères à Abidjan sept mois après le lancement du système de transport intelligent. Et ce, pour protéger les usagers vulnérables de la route, notamment les piétons, améliorer le comportement des conducteurs et leur faire prendre conscience de leur responsabilité. Le marquage au sol sur nos voies est également absent à Abidjan. Ne parlons pas de la vidéo-verbalisation qui n’est pas totalement implantée sur toutes les artères du district d’Abidjan. D’ailleurs l’emplacement de celles qui sont là, est connu de nombreux conducteurs qui appliquent seulement à leur présence les règles de conduite.

Pour le directeur de la police de la sécurité routière (Pssr), M. Touré Abdoul Kader, qui a tenu un point de presse, le 19 mai dernier, pour faire le bilan partiel de sa structure, 638 conducteurs pour excès de vitesse, 827 véhicules pour défaut de visite technique, 2 pour défauts d’assurance, 469 conducteurs pour non port de la ceinture de sécurité, 11 pour usage téléphone au volant et 01 pour conduite en état d’ébriété ont été interceptés. Une moisson significative, sauf que les Ivoiriens en demande davantage pour calmer les ardeurs suicidaires de certains conducteurs véreux. 

En vrai, pour favoriser le changement progressif des comportements des usagers de la route afin de réduire significativement les pertes en vies humaines, il en faut un peu plus… 

Bekanty N’ko & Djolou Chloé

Ajoutez votre commentaire