Il est réalisateur, metteur en scène, acteur, scénariste et homme de culture. Sidiki Bakaba est un acteur ivoirien multiforme. Une valeur sûre et un modèle pour l’Ivoirien et l’Africain.
« C’était dans les années 1982 ou 1983. J’était au collège et j’étais à l’internat. On projetait les films les samedis. Un film m’a particulièrement marqué. Le professionnel avec l’acteur Jean-Paul Belmondo. Aux côtés de ce brave qui nous faisait tous rêver se trouve un noir. Nous étions sous son admiration et on pensait qu’il était américain », nous relate Ferdinand. C’était autour d’une causerie concernant les comédiens ivoiriens. En réalité, celui qui était qualifié d’Américain est bien ivoirien, un africain pur-sang. D’ailleurs Sidiki Bakaba le reconnaît. « À cette époque, la présence des acteurs noirs à l’écran était rare. Nous étions plus des silhouettes que des vrais rôles comme j’ai pu avoir la chance de jouer. Quand le film est sorti, j’étais au générique de début, alors qu’on aurait pu m’accorder cinq petites minutes de présence et un nom au générique de fin. Et bien non. Ça aussi c’était Jean-Paul. Il n’était pas ivoirien, ni mandingue comme moi, mais c’était mon frère quand même », affirme l’acteur.
Sidiki Bakaba est né le 1er janvier 1949 à Abengourou, dans l’Est du pays où il commence l’école. Après ses études à l’École nationale d’art dramatique d’Abidjan, il effectue des stages de formation au Living Théâtre et auprès de Grotowski. Sidiki Bakaba est un acteur, réalisateur, cinéaste, metteur en scène. Un homme de culture. Il connaît une importante carrière d’acteur entre la France et le continent africain, entre le théâtre et le cinéma. Parallèlement il met en scène de nombreuses pièces et réalise des films.
Le film Les guérisseurs (1988) remporte le prix de la meilleure musique au Festival du cinéma francophone et la Voix de l’espoir au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou ou Fespaco en 1989. Il réalise des courts-métrages. Le Nord est tombé sur la tête (1985-1998) pour la chaîne TV5, La Parole (1992), L’Anniversaire de Daymios (novembre 1992), puis des documentaires Cinq siècles de solitude, la victoire aux mains nues en 2002. Roues libres (2002), Camp de Thiaroye (1987), Mamy Wata (1989).
Au cinéma et au théâtre, Sidiki Bakaba a remporté de nombreux prix dont le prix Unesco pour la promotion des arts attribués en 1999 all’Afriki Théâtre, compagnie qu’il a animée. Dans le domaine du cinéma, Sidiki Bakaba a prêté son visage à de nombreux personnages de films africains.
Prix d’interprétation pour le film Bako, Grand prix d’interprétation pour les trois films présentés, Prix du meilleur acteur pour le film Le Médecin de Gafire, Prix Unesco pour Les Déconnards, prix UEMOA pour « Los palenqueros » « Cinq siècles de Solitude », documentaire. Une liste de prix à n’en plus finir.
En fait Sidiki Bakaba a été bien formé. Il a été dirigé par des artistes reconnus comme Patrice Chévreau, Claude Régy, Jean-Marie Serreau ou même Sembène Ousmane. Sidiki Bakaba a été fait citoyen d’honneur de Louisville aux Etats-Unis en 1992, nommé Directeur général du Palais de la culture (2000), Fait officier de l’ordre national (Ivoirien) en 2001, distingué pour l’ensemble de sa carrière à la 2e édition du Festival culturel panafricain d’Alger en 2009, il reçoit le FAMA des Arts par le Groupe de recherches en arts du spectacle (Gras) en 2018 et fait Chevalier de l’Ordre du Mérite, des arts, des lettres et de la communication par le ministère de la Culture, des arts et du tourisme burkinabé. C’était à l’occasion du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) 2019.
Ce monument est ambassadeur culturel franco-ivoirien. Il dirige aussi l’Actor Studio, école de formation d’acteur au sein du palais qu’il a créé. Il est le père du concepteur de jeux vidéo Dinga Bakaba.
Sékongo Naoua