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Publié le 10 août, 2022

Les zones industrielles ont permis de réduire considérablement le taux de chômage en Côte d’Ivoire. Diplômés ou non, elles facilitent l’intégration socio-professionnelle de plusieurs milliers de jeunes. Ces jeunes à la recherche de job, décrochent des postes de responsabilité, d’ouvrier ou de manœuvre. Les conditions de travail et de salaire dans ces zones respectent-elles les normes ? Voiedefemme.net est allé s’enquérir des réalités. Notre enquête !  

« Nos supérieurs nous interdissent de livrer les informations de la société ». C’est ainsi que ZK, travailleur temporaire, nous accueille avec beaucoup de réserves.

Rester bouche B…

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Ce mardi matin, il est pratiquement 9h quand nous sommes en face d’une entreprise agro-industrielle implantée dans la zone industrielle de Vridi. De loin, nous apercevons les ouvriers en pleine activité. Des jeunes, habillés en blouses, avec des chaussures de sécurité et casques sur les têtes. Chacun vaquait à ses occupations de façon rigoureuse. De l’autre côté, ce sont les gardiens, les vendeuses de pain, d’attiéké, de riz, d’eau qui sont les maîtres des lieux pour tout renseignement. C’est donc compréhensible qu’il y ait peu d’hommes dans les rues et surtout une forte circulation de camions. Selon Zk, toute personne prise en train de divulguer une quelconque information à un inconnu, rendra compte aux dirigeants et risque de perdre son travail. « Je travaille pour Prestimex, une entreprise qui sous-traite avec Sania. Ici, les conditions de travail sont favorables », révèle Zk avant de poursuivre. « Les embauchés et les mensuels, ont tous les bulletins de salaire. Et les salaires tombent tous les 24 des mois », a-t-il informé. D’après lui, il y a trois types de travailleurs à savoir les embauchés, les mensuels et les temporaires. « Mais, les temporaires n’ayant pas de bulletins de salaire, sont payés par semaine et par mobile money, à la différence des autres usines qui payent par quinzaine de main à mains », a-t-il expliqué. Dans cette usine, les 8h de travail sont respectés. Quant à Zk, les équipent montent respectivement de 6h à 14h, de 14h à 22h et de 22h à 6h de matin.

À Koumassi, nous observons plusieurs usines aux portails fermés en pleine activité. Un groupe de jeunes décharge une remorque d’anciennes chaussures sous la supervision d’un libanais. Des jeunes mouillés de sueur ayant un air très fatigué, présentaient tous des visages froids au sourire amer. Là-bas, flottaient les drapeaux ivoiriens au sein des usines. Sous le bruit de ces machines à fumée, ce sont les vendeuses de nourriture, de galettes, de maïs braisé, de jus naturels, les cabines de transfert d’unités et de loto ghanéen (Lonaci) qui occupent les bordures des routes. Des Mercedes Benz, des motos tricycles, des kias et gros camions stationnés devant les usines. « Nous travaillons ici parce que nous n’avons pas le choix, en ce qui concerne nos conditions de travail on fait avec », a lancé Sv, qui refuse de nous en dire plus.

Pas le choix…

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Devant une usine de fabrication de plastique, nous avons discrètement approché Dt, un travailleur journalier qui nous a filé quelques informations. « Ici, nous fabriquons que les chaussures. Pour y travailler, il faut un certain nombre de pièces à fournir », a-t-il informé avant de poursuivre. « Moi, je suis machiniste. Après la journée, nous sommes payés à 4000 F cfa », a-t-il renchérit. Selon lui, il y a des embauchés et des contractuels qui sont payés par mois. « Je ne connais pas leurs salaires, mais je sais que le Smig est respecté puisque nous avons au moins 80.000 F cfa par mois. Mais il serait plus intéressant qu’ils pensent à faire plus que ça pour que nous soyons socialement assis », demande-t-il. Se disant un peu satisfait des conditions de travail, Dt révèle que les différentes équipes effectuent successivement 8h de travail par jour.

Contrairement à Fl, travailleur dans une usine de fabrication de produit chimique, là où il y a différent type de recrutement. « Chaque lundi, de nouvelles personnes sont choisies. Et si vous êtes parmi, vous travaillez du lundi au vendredi. On ne travaille pas samedi et dimanche », a-t-il souligné. Une fois que tu es retenu dans cette usine, « tu travailles trois mois successifs et on te donne une à deux semaines de congé. C’est comme ça au fur et à mesure », avoue-t-il. Selon lui, il y a trois types de travailleurs dans cette société à savoir les journaliers, les contractuels et les embauchés. « Les contractuels chez nous, sont payés par quinzaine, les embauchés par mois et les journaliers par semaine », souligne-t-il. « En tant que journaliers, nous commençons le travail à partir de 8h, mais à 7h, on doit être là lors de l’appel afin d’être pointé », a-t-il raconté. D’après lui, à est midi chacun achète sa nourriture pour reprendre de nouveau le travail à 13h et finir 17h. Pour lui, c’est difficile de parler des conditions de travail qui sont plus ou moins favorables. « Dans cette usine, ce sont les produits chimiques qui sont fabriqués tels que le décapant, l’eau de batterie, les cols alpha, les vernies …», raconte-t-il. Dans ses débuts, il y a un produit qui lui a donné des boutons sur tout le corps. Où il était obligé de faire 5 à 6 piqures pour que tout soit totalement disparu. « Dans les usines, on ne travaille pas pour être riche, mais pour se soigner et subvenir à ses besoins élémentaires », évoque-t-il. Mais, Fl est fier de se voir s’adapter au fur et à mesure à ce travail risqué puisqu’il y gagne son petit pain. « Comme j’étais encore nouveau, j’avais peur d’aller voir la direction pour ne pas perdre mon poste », a-t-il avoué. Chez nous, seuls les embauchés et contractuels bénéficient d’un certain nombre de droits. Payés par semaine, leur journée est rémunérée à 4000 F cfa dans lesquelles ils soustraient le prix de la nourriture. « Du lundi au vendredi, ça fait 20.000 F cfa. Cela nous revient à 80.000 F cfa le mois », dit-il. Mais pour les heures supplémentaires, la journée est souvent rémunérée à 5000 F cfa. « Même si le smig est respecté, il faut dire que notre travail est difficile car nous travaillons de façon mécanique », a-t-il conclu.

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Depuis plusieurs décennies, ces zones industrielles participent fortement à l’intégration socio-professionnelle des jeunes en Côte d’Ivoire. Avec un recrutement qui n’exige pas de qualification précise ni de diplômes, ces industries mécaniques se basent généralement sur la capacité d’évolution, les compétences techniques ou expériences acquises. Mais malheureusement, ne présentent pas de meilleures conditions de travail. La plupart de ces jeunes travaillent injustement, au sein de ces usines sans la moindre considération.

Yahafe Ouattara (stagiaire)

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