S’il y a un type d’élevage qui ne court pas les rues, c’est bien celui des lapins. Pourtant c’est une activité bien rentable.
Vingt jeunes de la commune de Gagnoa se sont mis en coopérative pour pratiquer la cuniculture. Ils ont été financés à plus de 13 millions de nos francs par la fondation Allemande, Friedrich-Ebert-Stiftung. Ils ont bénéficié, dans le cadre du projet « Jeunes de valeurs », d’une formation pendant 18 mois. C’est le fruit de la coopération Ivoiro-Allemande. Le chèque leur a été remis récemment à la préfecture de Gagnoa.
« Cet argent va leur permettre d’avoir une occupation saine et leur permettre de subvenir à leurs besoins. Quand les jeunes finissent les études et qu’ils sont assis à la maison sans opportunités, ils deviennent des personnes facilement manipulables », a déclaré Karamoko Diakité, coordonnateur national dudit projet. Il ajoute que l’objectif de ce projet, qui s’étend sur toute l’étendu du territoire national est de donner aux bras valides, des outils nécessaires pour faire d’eux des acteurs de changement dans leurs différentes localités. « C’est un engagement pris avec les jeunes et qu’on tient à respecter. Nous sommes satisfaits de ces jeunes pour le travail qu’ils ont fait durant les 18 mois, à travers les interactions créées avec les communautés », a fait savoir Karamoko Diakité tout en précisant que la fondation donatrice sera regardante sur l’utilisation de ce fonds par des conseils appropriés.
« Ces fonds servirons à créer une ferme de lapins », a dévoilé Serge Gbagbo, président de la jeunesse communal de Gagnoa et bénéficiaire du projet. Il explique le choix de la cuniculture par le fait que la viande de lapin est très prisée sur le marché local. Dans les hôtels, maquis et autres lieux de restauration, les clients demandent de plus en plus la viande de lapin. « Nous voulons faire de Gagnoa une zone où on trouve le lapin en abondance », mentionne Serge. Un site est disponible pour démarrer l’activité.
« Les lapins se reproduisent vite. Si on les accouple aujourd’hui, au bout de 30 jours, la lapine met bas avec 12 à 15 lapereaux », enseigne le spécialiste des lapins. Le sevrage intervient un mois plus tard et on retire les petits de la mère. Trois mois suffisent pour que les lapereaux atteignent 1,5kg. « C’est en ce moment-là qu’on peut les vendre », poursuit-il. Pour avoir une bonne productivité, il est conseillé aux cuniculteurs d’utiliser les aliments importés car ils contiennent tous les éléments nutritifs.
Les friands de la chair ne manquent pas d’énumérer les avantages du lapin. Selon eux, la consommation de cette viande corrige la vue, lutte contre l’anémie, et rajeunit. « Cette viande est même conseillée médicalement », rapporte Serge Gbagbo, le chef de fil des jeunes qui ont décidé de faire de l’élevage des lapins leur activité. « Tout est vendu chez le lapin. Les déchets, l’urine, la peau et sa viande. Les intestins par exemple servent à fabriquer les asticots pour l’élevage des poulets », a révélé notre interlocuteur. Pour toutes ces raisons, il encourage les jeunes à élever les lapins pour sortir de l’oisiveté.
Alain Doua