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Installé au quartier Dar es Salam de la ville de Bouaké pour son activité de confectionneur de bazin, monsieur Aw Amadou, plus connu sous le nom de Baba Gala, a quitté le Mali depuis plus de 14 ans. Il s’installe en Côte d’Ivoire dans le but de s’éloigner de ses parents et surtout de réaliser son rêve. Pour l’amour qu’il a pour le bazin et afin de mettre en valeur la culture africaine à travers le basin, Baba Gala a toujours rêvé de devenir teinturier.

 Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je m’appelle Amadou Aw mais les gens m’appellent affectueusement Baba Gala. Je suis de nationalité ivoirienne, mais j’ai grandi au Mali. Je suis installé en Côte d’Ivoire depuis le 06 janvier 2009. C’était surtout pour prendre du recul, m’éloigner un peu de mes parents. Je me suis dit que c’est en étant jeune, sans enfant ni femme que je pourrais faire des économies pour être stable dans l’avenir. Aujourd’hui, je suis marié et mon épouse m’aide beaucoup dans mon travail.

Parlez-nous de votre activité 

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Je suis teinturier. Mais avant, j’ai été vitrier. Je suis allé à l’école jusqu’au CM2.  J’ai eu l’examen, mais je n’écoutais pas mes parents. J’étais devenu comme un enfant de la rue. Et la lumière est venue en moi un jour. Je remarque que des gens travaillent pour construire. Et je me suis dit que si je restais dans la rue, je ne pourrais jamais construire. J’ai donc commencé à vendre des miroirs et c’est ainsi qu’une entreprise au Mali m’a appelé pour le travail de vitrier. Je m’en sortais bien, mais j’ai dû arrêter après la mort de l’un de mes amis et collègues. Il est mort en plein exercice de travail. Il faut savoir que le métier de vitrier est très compliqué. J’ai donc approché des teinturiers pour apprendre à leurs côtés.  C’est de là que tout est parti. J’ai commencé la formation en 2001 et j’ai ouvert mon magasin en 2013 à Bouaké plus précisément au quartier Dar es Salam. Les tissus que j’utilise pour la confection de basin sont appelés tissus Getzner et viennent de l’Australie et de l’Allemagne.

Que fait exactement un teinturier ?

Le confectionneur du bazin est appelé teinturier.

 Quelle est la différence entre le bazin et l’indigo ?

Il y a une grande différence entre les deux. Ils ne sont pas de la même qualité. Aujourd’hui les gens trouvent que le bazin a plus de qualité que l’indigo. Il y a 6 ou 7 ans en arrière, je faisais l’indigo, mais j’ai dû arrêter pour me consacrer au bazin.

 D’où vient le bazin ?

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Le bazin vient d’Afrique, en réalité, c’est au Mali qu’on a vu ça. Les africains aiment le bazin. En Europe, il y a également la teinture sauf qu’elle est utilisée pour faire les nappes et les draps. Mais ce sont les Maliens qui ont mis le bazin en valeur pour qu’il soit à ce niveau aujourd’hui. 

Qu’est-ce qui vous motive dans le bazin ?

C’est l’amour du bazin qui m’attire. J’aime porter le bazin. Dans ma famille, il n’y a personne qui fait ce métier. L’une des raisons qui m’a motivé est que je voulais mettre la culture africaine en valeur à travers la confection du bazin.

Peut-on être teinturier et faire une autre activité ?

Je ne fais pas d’autres métiers que le métier de teinturier. Mais certaines personnes peuvent faire ce métier et s’engager dans d’autres choses. Étant teinturier, tu peux faire autre activité. 

Ce métier nourrit-il son homme ?

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Oui. Tous les métiers sont rentables. Il faut juste qu’on aime ce qu’on fait avant de penser à l’argent. Moi je pense que l’amour du métier de teinturier  est suffisant pour nourrir son homme.

 Comment le travail est organisé ?

J’ai une équipe. Nous sommes quinze. Il y a plusieurs tâches qui sont réparties. 

Combien de temps peut prendre la confection d’un bazin ?

Cela dépend de la couleur et de la qualité. Il y a des modèles avec des motifs et d’autres sans motifs. Par exemple à mon niveau on peut confectionner plus de 40 à 50 bazins dans une journée si les commandes sont nombreuses.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans ce métier ?

Dans tous les métiers il y a des difficultés. Il y a des périodes où vous n’avez pas de commandes et d’autres où vous êtes en manque de travailleurs. Mais le pire ce sont les cas de vol. Il y a des clients qui viennent passer des commandes et qui profitent pour voler des bazins. 

Est-il possible de faire ce métier sans avoir fait de formation ? 

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Plus ou moins si l’amour du métier y est car avant tout il faut avoir l’amour du métier. Il faut savoir que pendant la période d’apprentissage on ne gagne que des miettes. Or la jeunesse d’aujourd’hui ne pense qu’à l’argent. Nous sommes dans une génération pressée. Or pour réussir comme teinturier il faut avoir fait une bonne formation. Moi, j’ai pris plus de 10 ans pour me faire former.  

 Quels sont les différents types de bazin ?

Il y en a plusieurs dont les plus répandus sont le riche et le moins riche. Le mètre de teinture du moins riche varie entre 1000 et 3000 Fcfa tandis que celui du riche coûte entre 5500 et 8000 Fcfa.

Quel message avez-vous pour la jeunesse ?

Il ne faut pas être pressé quand on fait l’apprentissage d’un travail. Quand vous prenez le temps de bien vous former on réussit mieux après dans l’activité. Pendant la formation, il ne faut surtout pas hésiter à demander des conseils aux aînés et devanciers dans le métier. Car celui qui pose des questions a plus d’avantages que celui qui reste dans sa coquille. Surtout il faut être patient.

Sostene Bonon (Stagiaire)

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