Entrepreneur depuis 20 ans dans la filière avicole, Issa Ibrahim est le président des vendeurs de volaille d’Anono. Il nous parle de son activité et des difficultés qu’il rencontre au quotidien.
M. Issa Ibrahim, comment se porte votre activité pendant cette période de fête de fin d’année ?
En fin d’année, nous vendons beaucoup de poulets. Mais, pour cette année, on s’en sort avec des bénéfices moins importants que les autres années.
Lire aussi : Tabaski, au cœur des préparatifs
Comment vous vous procurez vos volailles ?
Nous nous procurons en poulets grâce à des grossistes. Généralement, ils ne nous livrent pas directement. Ils livrent à certains points auprès desquels nous passons nos commandes. Commandes qui parviennent aux grossistes, qui à leur tour, respectent le nombre de poulets dont nous avons besoin. Généralement les points de chutes sont Adjamé, Abobo, Port-Bouet, Yopougon… partout où il y a des grands marchés.
Qui se charge du transport de votre commande ?
Pour le transport, c’est à nous les revendeurs qu’il revient de s’en charger. En effet, pour éviter certaines complications lors du transport, les grossistes préfèrent que les clients viennent personnellement récupérer les poulets avec toute la logistique possible. La responsabilité nous revient donc en cas de complications.
Ces grossistes sont localisés où et quelle est leur capacité de production ?
Il y a des grossistes à Abidjan, mais le plus grand nombre de poulets vient de Agnibilékrou. Cependant, il y a des producteurs de poulets en gros à Bouaké, Daloa, etc. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il y a à la tête des grossistes, des personnes qui fixent le prix en gros, donc si vous remarquez que le prix du poulet a augmenté sur le marché, ce n’est pas notre faute. Le prix est fixé depuis la tête de la chaine de production.
Lire aussi : Culture hors sol : le défi de « femme de valeur »
Combien de poulets vendez-vous par jour et quel est le prix en gros chez les producteurs ?
Pendant cette période de fête, je peux vendre 50 à 100 poulets par jour. Toutefois, cela dépend de la clientèle. Seulement, au fil des années, les choses deviennent difficiles. Avant, on achetait les poulets en gros à 3.500 francs et nous les revendons à 4000 francs CFA, mais depuis 2021, le prix en gros a augmenté. Désormais, il est à 3700 francs.
Il y a des pertes à certains moments. Avez-vous déjà fait face à cette difficulté ?
Oui bien sûr ! Nous ne pouvons pas tout vendre. Il y a des pertes qui interviennent avant leur arrivée. Certains poulets meurent généralement à cause de la chaleur et d’une santé faible. Et quand c’est comme cela, nous perdons de l’argent. C’est une activité rentable, mais avec beaucoup de difficultés. La mortalité ne prévient pas. Ce matin, j’ai déchargé ma marchandise et j’ai eu quelques pertes, mais nous faisons avec.
Connaissez-vous les raisons de cette hausse des prix ?
On nous a dit que la Covid-19 a joué aussi sur la production des volailles ainsi que les aliments destinés aux poulets. Ces facteurs ont joué sur le prix. Nous ne pouvons rien faire. Nous sommes des revendeurs et aussi des victimes de cette hausse des prix. Par ailleurs, nous revendons et nous nous défendons avec ce qu’on gagne. Il y a certains, dans ce secteur, qui sont de mauvaise foi. Ils augmentent le prix à tout bout de champ. Actuellement, le prix de l’aliment qui était à 13 000 francs CFA est passé à 21 000 francs.
M. Issa Ibrahim, quel appel lancerez-vous à l’endroit du gouvernement et de vos collaborateurs ?
Ce que nous pouvons dire aux autorités, c’est d’aider les revendeurs et la filière avicole de la Côte d’Ivoire en diminuant les prix des aliments. Et aussi, en restructurant ce secteur qui fait beaucoup pour la population en terme d’autosuffisance alimentaire. Si rien n’est fait, plusieurs acteurs de ce secteur abandonneront cette activité. Et, le plus grand perdant sera la population.
Lire aussi : Assandé Ama Elodie, coiffeuse : « J’ai commencé sous un apatam à Abobo »
Cédric B