Il est un artiste plasticien multidimensionnel spécialisé dans la création avec les objets de récupération, Djiré Mahé est un peintre écolo.
Djiré Mahé est né en 1951 à Adjamé- Abidjan. Mahé Djiré est un artiste plasticien pratiquant la technique mixte, le collage et la fonte des matériaux plastiques. Ses tableaux réalisés avec des matériaux de récupération tranchent avec la peinture ordinaire. Djiré Mahé est psycho-socio-ergothérapeute. Avec ce titre, il a exercé de 1981 à 2005 à l’hôpital psychiatrique de Bingerville. Djiré Mahé, le peintre écolo, a évolué entre sa vie de créateur, ses expositions et ses interventions en tant que thérapeute. On peut le dire. Djiré Mahé s’est fixé comme objectifs de recycler les objets usés et de venir en aide aux individus psychologiquement affectés.
« Je suis Djiré Mahé, artiste plasticien recycleur et psychothérapeute. A travers mon art j’essaye de redonner vie aux objets abandonnés et de guérir les âmes perdues ». Voilà comment Djiré Mahé se présente. En recyclant des objets récupérés dans les poubelles, Mahé les revalorise. C’est le même processus qu’il opère chez les personnes souffrant d’affections psychologiques. Naturellement l’artiste a reçu des distinctions. Marié et père de six enfants, Djiré Mahé a été décoré Chevalier, puis Officier dans l’Ordre du Mérite culturel ivoirien.
« L’artiste doit être préventif, il doit être la pré-conscience de la société. L’art doit permettre de faire ressortir les symboles d’une inquiétude. C’est une question que l’artiste pose par rapport à la société et son environnement », affirmait l’artiste. Djiré Mahé est très conscient de ce qu’il est. « Pour moi, il n’y a pas de déchets. Il faut savoir ce que faire de ce qui résulte de nos consommations. En soi, rien n’est mauvais et rien n’est sale non plus. Je ne suis pas fou. Je veux montrer qu’on peut tout réhabiliter et recycler les déchets. On peut redonner la vie à toute chose. Rien n’est perdu », enseigne l’artiste.
Cet éducateur spécialisé en psycho-Éducative et culturel, ancien chef de service de l’éducation spécialisé (Hôpital psychiatrique, Bingerville), ancien chef des personnels des établissements sanitaires et sociaux de Bingerville, artiste peintre et sculpteur, qui vivait à Bingerville, nous a quitté le lundi 18 novembre 2024, à l’âge de 73 ans. Malade depuis un bon moment et disparu des radars, Djiré Mahé est décédé à Bingerville. « Le sculpteur Djiré Mahé est un contributeur important dans la vie culturelle dans notre pays et à la culture de la paix. Artiste plasticien, il était un défenseur affirmé du recyclage des objets laissés au rebut. Connu pour ses sculptures réalisées selon les principes de l’assemblage, il militait pour un monde pleinement engagé dans les politiques de protection de l’environnement. Djiré Mahé incarne une génération d’artistes plasticiens militants qui ont choisi de contribuer par leur art à un monde meilleur. Sa disparition constitue une perte certaine pour notre pays en général et pour la Culture en particulier ». C’est dans ce message poignant que Françoise Remarck, ministre de la Culture et de la francophonie, lui a rendu un hommage.
Un grand homme de la culture est parti. Djiré Mahé, le sculpteur avait sa petite idée sur lui-même. « Je ne définis jamais mon écriture dans le temps et dans l’espace. En le faisant, ce serait limiter mon travail. Mon art n’a pas de limite. C’est un art qui se veut messager, éducatif, écologique, dénonciateur et valorisant le droit à chaque être d’exister. Le thème central qui se dégage de toutes mes œuvres est la sauvegarde du droit à la vie de chaque espèce sur la terre. De façon générale, je dénonce à travers mes toiles, les tares de la société et interpelle l’humanité sur les revers de nos vilains comportements », affirmait-il dans une interview en mai 2012.
Depuis une dizaine d’années, Djiré Mahé a transformé sa résidence privée en musée dit de la paix, ouvert au public.
Sékongo Naoua