Le couturier est l’un des travailleurs le plus stressé à l’approche des fêtes. Certaines peinent à honorer leurs engagements vis-à-vis d’une clientèle très exigeante.

Le stress : voici la maladie la plus rependue chez les couturiers, à la veille des fêtes. A l’orée de la nouvelle année 2021, bien d’entre eux continuent de souffrir de ce mal, tant ils sont sollicités. « Ils donnent des rendez-vous qu’ils ne respectent jamais », se plaint Sanogo Bakary, père de trois filles. Le tailleur qui confectionne les vêtements de fêtes de ses progénitures a déjà manqué un premier rendez-vous ; selon lui. « Il n’a pas pu achever le travail le 23 décembre. Il m’a demandé de lui donner une semaine », confie ce client d’Abobo, qui a dû se rendre dans un magasin pour habiller ses enfants….  

Assaillis par les commandes à la veille des fêtes, les couturiers voient leurs activités s’intensifier. Une randonnée dans la ville d’Abidjan, ce jeudi 30 décembre, nous a permis de découvrir le quotidien de ces artistes très sollicités.

Au cinéma Dialogue, quartier situé dans la commune de Yopougon nous rencontrons à l’atelier « Macy Couture », Dame Fouaty Marceline. A la veille du 31 décembre, elle ne semble pas très occupée. « Pour les fêtes de fin d’année je m’organise comme il faut. Parce que nous sommes deux travailleurs », explique cette dame. La patronne de « Macy Couture » nous confie sa recette. « On prend ce que nous pouvons faire dans le temps. Nous sommes deux et je tiens compte de cela. Il ne faut pas prendre au-delà et finalement on ne pourra pas satisfaire les clientes », explique-t-elle. D’ailleurs elle explique que dès le 31 décembre, à partir de 19h, elle ferme boutique. « Nous attendons les clientes pour leur livrer leurs commandes. Je peux dire que je suis pas du tout stressée cette année », se réjouit Fouaty Marceline. 

A la cité du Port dans la commune de Treichville, « Créations Les Grâces » de Mme Bamba, la patronne assure qu’elle ne décevra aucun de ses clients. « Je me suis bien organisée pour satisfaire ma clientèle. Au plus tard, le 31 décembre, tous ceux qui ont déposé des pagnes pour faire coudre pourront avoir leurs tenues à temps. J’ouvre déjà à 8h et au plus tard 19 h, je peux fermer ».

Chez Yao Bénédicte « au Bateau », dans la commune d’Attécoubé, on refuse d’enregistrer de nouvelles commandes. « Celui qui vient déposer son pagne maintenant (le 30 décembre) doit attendre après la fête (le 1 er janvier) pour récupérer la finition ». Chez Yao Bénédicte, les règles sont claires : les pagnes doivent être déposer un mois ou deux semaines avant le jour du retrait de la finition.

« Les clients nous mettent beaucoup la pression. Ce qui fait qu’on ne rentre pas vite à la maison mais on ne veille pas. On fait l’effort de finir toutes les tenues à temps pour que les clients viennent chercher sans se plaindre. »

A Abobo, chez Tanoh Jean, on se félicite de cette année moins stressée pour les travailleurs. « Cette année je n’ai pas trop de commandes. Ce qui facilite mon travail », soutient le maitre couturier. Il se félicite de la bonne compréhension de ses clients. Selon lui, ils le connaissent bien et chacun le comprend mieux. « Ils sont habitués à venir chez moi. Ils savent que si je leur donne une ou deux semaines, je respecte le rendez-vous », déclare-t-il. « Mes clients me connaissent bien pour ça. Je respecte mes rendez-vous. Mais pour ces fêtes, celui qui vient maintenant ou une semaine avant le 31 décembre, il sait qu’il ne serait pas possible qu’il récupère son habit pour cette fête ».

Pour Tanoh Jean, on traite souvent à tort les couturiers de « donneurs de faux rendez-vous ». D’abord il concède que le couturier est souvent responsable. « Si tu donnes un rendez-vous que tu ne peux pas respecter, c’est de ta faute ». Mais ce professionnel d’une dizaine d’années d’expérience ne blanchit pas pour autant les clients. « Quand vous avez une manifestation pour laquelle vous faites un habit, et c’est à un jour ou deux jours de l‘événement que vous faites votre commande, vous ne pouvez pas accuser le couturier de manquer un rendez-vous », fait voir M. Tanoh. Qui reconnait que la tension monte souvent avec certains clients et que les couturiers sont par moment obligé de fuir.

Bekanty N’Ko ( stagiaire)

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