Épouse et mère de famille, Isabelle Catelas a été chef de cuisine et responsable d’entreprise en France durant 7 bonnes années. Désormais installée en Côte d’Ivoire, elle désire innover dans la restauration. Et ce, à travers son projet ‘’ chef à domicile ’’. Projet qui, selon elle, vise à régulariser l’écosystème de la restauration ivoirienne. Dans cet article, elle donne plus de détail sur ledit projet.
Présentez-vous à nos lecteurs
Je suis Isabelle Catelas. J’ai 47 ans. J’ai deux projets en élaboration. Un projet d’ouverture de restaurant et un projet de chef à domicile. J’ai fait l’école hôtelière en France. Ensuite, j’ai géré un grand restaurant en France pendant sept (7) bonnes années. Dans cet établissement, j’étais chef de cuisine et chef d’entreprise. On employait une dizaine de personnes. Mon mari est ivoirien. Depuis le mois de juillet 2022, nous avons aménagé ici en Côte d’Ivoire.
Pourquoi avez-vous décidé de vous installer en Côte d’Ivoire ?
Nous nous sommes installés définitivement sur le territoire ivoirien pour des raisons professionnelles. En effet, étant en fonction en France, mon époux a été débauché pour travailler en Côte d’Ivoire. Il m’a devancé. Je l’ai rejoint en juillet dernier après avoir vendu mon restaurant à un ami. Auparavant, on faisait des aller-retours depuis une vingtaine d’année. En effet, il est du peuple Baoulé et il a sa famille est à Gagnoa.
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Comment est née en vous la passion pour la restauration ?
Cet amour m’a été transmis par mes grands-parents. En effet, ils étaient Italiens. Le peuple italien aime la bonne cuisine. Du coup, arrivée en France avec la première vague d’immigration en 1950, ma grand-mère prenait du plaisir à nous concocter des repas copieux. C’est de là qu’est née ma passion pour la cuisine. Depuis lors, entre amis, je prenais plaisir à reproduire ces repas. C’est ainsi que tout a commencé.
Pourquoi avez-vous décidé de faire de la restauration votre métier ?
Étant en France, j’ai travaillé dans ma jeunesse pendant 20 ans chez Air France. Puis un jour, je me suis mise à réfléchir. Je me suis dit que travailler à Air France est génial, mais, cela me prend assez de temps. Tu ne vois presque pas tes enfants. Vu que j’avais un amour pour la cuisine, je me suis dit pourquoi ne pas me mettre à mon propre compte pour pouvoir passer plus de temps avec ma famille. C’est ainsi que nous avons acheté un restaurant à proximité de la maison. Ensuite, j’ai passé mon certificat d’aptitude Professionnel (Cap) en cuisine dans une école en hôtellerie. Ensuite, je me suis lancée dans la restauration depuis maintenant 7 ans, voire 8 ans.
Parlez-nous un peu plus de votre projet de chef à domicile
J’ai deux projets en élaboration. Un projet d’ouverture de restaurant et un projet de chef à domicile. Chef à domicile, ce n’est pas un service traiteur. C’est moi qui me déplace avec mon équipe. Je vous sers chez vous comme si vous étiez au restaurant. J’emmène ma vaisselle, mes nappes, nos vins éventuellement si les clients sont intéressés. Il y a des serveurs qui viennent vous servir. En tant que chef, il me reviendra de faire des préparations en amont à la maison (mon laboratoire). Ensuite, quand j’arrive chez vous, je fais les dernières préparations dans la cuisine de mes clients. En un mot, c’est le restaurant qui vient chez vous.
A travers ces différents projets, qu’elles sont vos attentes ?
Dans mon restaurant, j’ai envie d’offrir aux gens tout mon savoir-faire. Mais j’ai envie de leur faire découvrir aussi des plats traditionnels français. Mais aussi, je voudrais que les gens se sentent bien dans notre établissement. Ça sera un restaurant type famille, une cuisine familiale. Ça sera un mélange de convivialité et une cuisine de partage avec beaucoup d’influences sur les plats traditionnels français. Surtout un service de qualité. On veut vraiment faire un mélange de convivialité afin de mettre le client à l’aise.
Quelles seront vos spécialités ?
On va y trouver tout ce que l’on peut trouver ici à Abidjan. Des burgers, des escalopes de poulet à la crème, tout cela. Ça sera toujours des produits frais comme je le faisais en France. J’ai appris beaucoup de culture. J’ai aussi fait l’Afrique. Donc, je vais adapter des plats français avec des produits ivoiriens. Par exemple, ici, il y a la viande de brousse qui ressemble beaucoup à notre gibier en France. Alors pourquoi ne pas prendre un agouti et le faire comme nous, on fait du gibier à la sauce ovate.
Qu’est-ce qui va vous différencier des autres restaurants ?
La différence va se situer dans la ligne de conduite qui est l’hygiène et l’organisation et surtout l’anti-gaspillage. Je veux que dans mon restaurant les gens retrouvent des plats à leur portée. On sait tous que la vie est dure. Aussi, je veux être toujours près du client. Mon objectif premier, c’est que tout le monde ait accès à ma cuisine. Fixer des prix raisonnables, parce qu’il faut qu’on gagne notre vie aussi.
A quel niveau en êtes-vous avec le projet présentement ?
Pour l’instant, nous sommes à la recherche de local. Pour notre restaurant, on va trouver un restaurant parfait pour en faire un restaurant à tendance française et aux influences européenne et africaine. Parallèlement, une fois que le restaurant sera lancé, je vais lancer aussi une activité qui est cuisine à domicile.
Quels sont les obstacles auxquels vous êtes confrontés ?
La restauration est un métier très difficile physiquement et mentalement. Je dirai même que ce n’est pas un métier de femme. Mentalement ce sont des nuits sans sommeil. Travailler quand les autres sont en vacances. Travailler le samedi alors que les autres sont en weekend. Comment payer les salariés. Comment gérer les charges. Après, le domaine de la restauration pure, c’est difficile physiquement. On est beaucoup debout. On ne mange pas à des heures où tout le monde mange. Donc, on se nourrit mal. On prend du poids. Pour une femme, c’est compliqué de perdre le poids en surplus. Aussi, il y a la pression. Il faut le savoir, la restauration, c’est hyper compliqué. Donc, si on n’a pas un moral en béton, on ne peut pas tenir.
Comment arrivez-vous à concilier vie privée et vie professionnelle
La vie sociale est très difficile pour une femme restauratrice ayant à la fois la casquette d’épouse et mère de famille. Pour cela, il faut être organisé. Étant encore en France, notre vie, c’était au restaurant. Si on ouvre un restaurant ici, je sais que mon mari ne travaille pas la nuit donc on va reproduire le même schéma qu’en France. Là-bas, on avait une organisation de vie très élaborée. Ma fille a pratiquement passé toute sa petite enfance au restaurant. Elle aidait même dans les petites tâches au restaurant à sa descente de l’école. Elle apportait le pain, de l’eau. Elle recevait des pourboires de la part des clients et même des cadeaux de noël. Mon mari travaillait en journée. À sa descente, il me retrouvait également au restaurant. C’était un peu ça.
Comment se passe les fêtes chez vous telle que, la fête de saint valentin ?
Il n’y a pas de Saint Valentin chez nous (rires). Il n’y en a pas du tout, déjà que la période de janvier est un mois sabbatique pour nous. Donc, on se prépare d’avance pour le mois de février. Parce que, à cette période, les gens sont prêts à mettre 40 ou 50 euros dans la restauration. C’est donc une occasion pour nous de se faire de belles recettes. En général, la Saint-Valentin pour nous s’est déjà oublié d’avance puisque le travail nous attend. Pour nous les restauratrices, la Saint-Valentin, c’est deux jours de travail avant et deux jours de travail après.
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Propos recueillis par Kadhyssa Savadogo (stagiaire) / Grâce Djaze