Entrepreneure digitale avec plus de 14 ans d’expériences dans l’univers de la communication digitale, Isabelle Zongo est la directrice exécutive de la Banque alimentaire de Côte d’Ivoire (Baci). Elle est également la Présidente fondatrice de la première fondation numérique pour la promotion des arts et de la culture. Dans cette interview, elle affirme que l’entrepreneuriat est très difficile.
Vous le dites sur votre blog ‘’My overviews’’ : « La liberté ce n’est pas avoir des contraintes, c’est se fixer des contraintes que l’on souhaite. » Expliquez-nous cette affirmation ?
Lorsque je dis que la liberté, c’est de pouvoir se fixer des contraintes que l’on souhaite, c’est dire que nous avons la capacité d’opérer des choix. Pour moi, lorsqu’on fait des choix, c’est important de les assumer. Toute notre vie est un acheminement de choix. C’est nous qui faisons des choix. Et on doit être à mesure de se remettre en question et d’accepter les conséquences des choix qu’on fait. Quand je dis que cette liberté-là, c’est d’assumer aussi ce qu’on a fait et de ne jamais blâmer l’autre pour ce qui nous est arrivé. Parce que d’une manière ou d’une autre, nous contribuons à ce qui nous arrive. De ce fait, il nous revient d’assumer cette part de responsabilité. Parfois, c’est douloureux, des fois, c’est éprouvant certes, mais les épreuves font partie aussi de la construction de l’individu qu’on est. Qu’on devient.
Quels conseils à la jeune fille qui veut entreprendre ?
Moi, je ne donne aucun conseil à quelqu’un sur l’entrepreneuriat. Je considère que c’est quelque chose d’individuelle. Parce qu’il y a des personnes qui sont très bonnes pour être salarié. Il y en a qui sont très bons pour être entrepreneur. L’entrepreneuriat, ce n’est pas quelque chose de facile. Entreprendre c’est pire qu’être salarié. Quand on entreprend, on est esclave de tous ses clients. Si on n’est pas capable d’analyser qui est qui, qui permet quoi, et quel client va nous prendre le moins de temps et nous offrir le plus de rentabilité, on se retrouve dans un piège. Aussi, s’il y a une chose que je peux dire quand les gens s’engagent dans l’entrepreneuriat, qu’ils sachent que ce sont des épreuves au quotidien. Des fois, il faut cinq à six échecs pour pouvoir réussir. Quand on veut entreprendre, il faut s’armer de patience. Croire en soi. Croire en ce qu’on fait. Surtout, ne pas hésiter à aller demander de l’aide lorsque besoin se faire sentir. Moi, quand ça ment sur moi, je n’hésite pas à tendre la main (rires).
Vous affirmez qu’entreprendre est pire qu’être salarié. Pourquoi ?
Dans l’entrepreneuriat, il y a des situations imprévisibles qui peuvent tout chambouler. Moi, dans mes débuts, tout allait super bien. J’étais à Conakry et la crise à coronavirus est apparue. En toute sincérité, je ne m’y attendais pas. Donc, je ne m’étais pas préparée en conséquence. Du jour au lendemain, je me suis retrouvée pendant 10 mois sans salaire. Ça été une période ultra -horrible, ultra-difficile. Il y a des moments où je me demandais : ‘’Mais qui m’a envoyé (rires)’’. Dans l’entrepreneuriat, il n’y a pas de stabilité. La stabilité, elle viendra de sa capacité soit même à équilibrer, à planifier le développement de son activité.
Quelle est la place des femmes dans vos différentes entreprises ?
Pour moi, les compétences passent avant le genre. Je suis plus prête à accompagner des personnes qui désirent avancer dans le monde professionnel. Peu importe le sexe. C’est vrai que l’émancipation de la femme est au centre des débats. Mais, pour moi, les femmes ont toujours été au centre de tout parce que ce sont les femmes qui donnent la vie. Même quand on opprime les femmes, c’est parce qu’elles détiennent un pouvoir que l’autre sexe n’a pas. Pour ma part, dans chaque société, on a autant besoin d’hommes que de femmes. Parce que comme on le dit : ‘’L’homme crée, la femme transforme’’. C’est cet équilibre-là qu’il faut trouver. Je suis pour cette mixité positive dans les entreprises. Parce que dans certaines situations, quand on cherche à trouver certaines solutions, il faut interroger les deux genres pour trouver la solution.
Vos missions en tant qu’entrepreneure digitale ?
Ma mission consiste à accompagner de façon générale des structures ou des individus ou des Pme a utilisé le digital pour exceller dans leurs secteurs activités. En effet, dans la mise en œuvre de beaucoup de choses, c’est important de pouvoir exploiter les opportunités que nous offrent le digital pour atteindre des objectifs professionnels, financiers et de développement…
Grace Djazé