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Après ses échecs à trois différents concours de la fonction publique, elle aurait dû abandonner. Mais, non ! Elle décide d’aller de l’avant, celui de poursuivre son rêve en se lançant dans la création de son propre business. Aujourd’hui, elle est patronne d’une startup lauréate du Prix Alassane Ouattara du jeune entrepreneur 2017-2018.  Voiedefemme.net l’a rencontré pour en savoir plus sur sa transformation des déchets plastiques.

Comment est venue l’idée de transformer les déchets plastiques en pavé et autres objets réutilisables ?

Notre entreprise est dans plusieurs domaines dans le bâtiment. Je me suis dit pourquoi ne pas ajouter une petite touche innovatrice au niveau de l’environnement. Par exemple, comment débarrasser l’environnement des déchets plastiques ? Je me suis dit, ajoutons cet élément novateur : utiliser les déchets plastiques sous une autre forme utilisable. Le pavé, le géo béton sont les premiers éléments sortis de nos laboratoires à partir de cette idée.  

Comment est-ce que les gens ont accueilli cette innovation ?   

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Ce concept a été   apprécié par plus d’un. Le pavé existe déjà mais, le pavé avec 70% de déchets plastiques n’existait pas encore. Et cette touche, a été bien accueilli. Ce n’était pas facile à réaliser mais je sais que d’autres l’ont fait donc nous aussi, au niveau de la Côte d’Ivoire, on pouvait le faire, on a essayé et le résultat est là. Ce n’est pas tout, nous continuons nos réflexions. Nous sommes en train de faire d’autres prototypes. Actuellement c’est le pavé qui est déjà sur le marché, on a pas mal de clients à ce niveau. On fait également le géo-béton, les létaux des portes.

Assurément vous êtes dans la lutte contre la dégradation climatique ? 

Oui, ces déchets plastiques ont un impact sur l’environnement. Ils interviennent négativement dans l’eau et dans nos sols en détruisant tout. Nous faisons donc de la lutte contre le dérèglement climatique notre combat. Donc ce n’est pas qu’une question de pavé. Au sein de notre entreprise nous avons aussi un volet écologique. Le déchets plastiques vont être utilisés sous d’autres formes. Et les déchets organiques, les périssables, eux aussi pourront être transformés à d’autres fins. Nous allons mener des enquêtes sérieuses pour voir comment se débarrasser au maximum de tout ça. Donc il y a toutes ces idées-là qui sont encore au laboratoire.

Comment avez-vous décidé d’entreprendre ?

J’ai fait une formation en ressources humaines et communication. Mais comme je le dis, on ne devra pas toujours tout attendre de l’Etat. J’ai passé plus de trois concours qui ont échoué. Alors, je me dis comme ça ne marche pas, autant créer quelque chose pour moi-même. Être moi-même mon patron. Je me suis donc lancé dans l’entrepreneuriat. Et c’est là que m’est venue cette idée de lutter pour l’environnement, et ma passion pour l’environnement. J’ai donc décidé d’apporter mon aide en y apportant des innovations.

Combien de personnes employez-vous ?

Une vingtaine. Mais il faut dire qu’on a besoin de plus de personnes. Mais vous savez qu’en Afrique ce n’est pas facile. Ça fait plus de deux ans qu’on est en activité sauf qu’employer du personnel c’est pénible. Et comme c’est un début, pour tenir nos engagements, nous avons décidé d’employer au contrat. S’il y a des commandes, on emploi encore d’autres personnes au contrat de sorte à ce qu’elles reviennent la prochaine fois. Quand notre entreprise sera bien assise, on pourra donner de véritables CDI et pourquoi pas les déclarer à la CNPS. Donc on est toujours en train de travailler, mes collaborateurs et moi, sur tout ça.

Combien de femmes employez-vous ?

Ce sont les femmes que nous employons le plus. Elles sont plus nombreuses et plus dynamiques dans ce domaine.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans la commercialisation et la production de vos pavés ?

Il faut dire que ce n’est pas facile, on fait pratiquement 60% de travaux manuels. Vraiment, on rencontre de nombreuses difficultés dans la production. Au niveau commercial, il faut se déplacer pour aller vers les clients, ce n’est pas encore facile mais nous croyons que ça va aller.

Les clients sont partants ?

En tout cas, les clients adhèrent aux produits.

Comment est-ce que se fait votre recrutement ? quels sont vos critères ?

Il y a une formation au préalable. Au niveau technique, c’est en fonction du diplôme qu’on recrute. Et ce qui est des collectes et autres, on prend des ouvriers du niveau Cepe et moins que ça. L’idée, c’est de donner l’opportunité, la chance à tout le monde. Les gros diplômes sont importants, mais il faut donner l’opportunité à tout le monde.

Quel est l’objectif que vous viser aujourd’hui ?

Aujourd’hui, c’est éradiquer de l’environnement le maximum de déchets qui impactent notre écologie. Nous vivons dans l’environnement s’il est détruit, on ne sait pas où nous allons être. Autant préserver cet environnement et cela implique tout le monde. Nous allons bientôt organiser les ménages afin de les amener à s’impliquer dans le tri des ordures depuis chez eux. En cela, il faut que l’Etat nous accompagne. Les moyens font défaut.

Vous accompagne en quoi ?

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En nous accompagnant avec la logistique. Parce que c’est à ce niveau que nous avons de sérieux problèmes si nous devons passer à ce programme.

Quand vous parler d’apprendre à faire le tri aux ménages, à quoi exactement vous faites allusion ?

Les ménages n’arrivent pas à dissocier les différents types d’ordures. Ils mettent tout dans la même poubelle et c’est difficile de les dissocier après. Donc au préalable, il faut inculquer cela à la population. Il faut inculquer le savoir vivre, la citoyenneté. Comment faire le tri sélectif, comment dissocier les déchets plastiques des déchets périssables, et des déchets organiques. C’est ça qu’il faut leur apprendre. Cependant, pour réussir ce pari, il faut vraiment de la logistique et les moyens. C’est vrai qu’avec nos maigres moyens on fait beaucoup mais, on lance un appel à l’Etat, aux secteurs privés de nous accompagner en ce sens pour que nous puisons réaliser ces objectifs communs.

Aujourd’hui, votre innovation a porté des fruits, vous êtes lauréat 2017-2018 du Prix Alassane Ouattara…

C’était vraiment exceptionnel de recevoir ce prix. On s’est dit au moins quelqu’un a apprécié notre travail. On était heureux et cela nous a permis, mon équipe et moi, de toujours continuer à aller de l’avant.

Avoir un Prix du jeune entrepreneur est un privilège. Vous êtes un exemple. Aujourd’hui, que ce que vous entrevoyez par rapport à ce prix, par rapport à vos innovations ?

La réalité, c’est que nous sommes limités au niveau de la logistique. Sans logistique ça ne serait pas parfait. Notre problème se résume à la logistique. Même si nous avons une usine et qu’il n’y a pas de logistique c’est zéro. Les machines coûtent excessivement chères. Nous cherchons toujours les moyens pour acheter des machines pour être compétitives et productives.

En tant que jeune entrepreneure, directrice d’une startup. Comment tenez-vous ce poids-là ?

 Ce n’est toujours pas facile.

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Un conseil aux jeunes filles qui veulent se lancer dans l’entreprenariat

Je leur dirais, à un moment de la vie, il faut faire un choix. Il ne faut pas toujours attendre de l’autre. Il faut aussi commencer quelque chose. J’ai passé plus de trois concours et j’aurai pu m’asseoir. Mais je ne me suis pas laissé gagner par le découragement, la paresse. J’ai essayé en me lançant dans une activité. Et voilà même si ce n’est pas encore parfait. J’encourage cette jeunesse à aller au bout de leur rêve. Ne pas en tout cas se décourager de leur situation.

Interview réalisée par

Djolou Chloé

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