Les tontines, ce système d’épargne rotatif, très pratiqué par les femmes en Côte d’Ivoire sont mises à contribution par certaines structures pour booster l’autonomisation de la femme.

Au grand marché d’Abobo, Minata Koné vend des aubergines, de la pâte d’arachide, des gombos frais ou sec…. Ce samedi 1er mai 2021, elle est au marché, comme ces centaines d’autres commerçants qui refusent de chômer en ce jour de la fête du travail. A cette heure, 16 heures, elle s’apprête à rassembler sa marchandise pour regagner son domicile. « C’est le mois de carême, il faut rentrer un peu plus tôt, pour le ménage de la rupture du jeûne en ce mois de Ramadan ». Aujourd’hui, le marché s’est bien comporté. La mère de trois enfants a pu écouler la moitié du sac de 100 Kilogramme d’aubergines qu’elle a acheté pour revendre. Les autres produits de l’étal ont vu leurs quantités réduites. Ce qui réjouit davantage la commerçante, c’est qu’elle pourra verser sa tontine journalière à son association, la Fédération nationale des victimes de la crise postélectorale 2010-2011 (Fenavipelci).

Cette association fondée au lendemain de cette crise postélectorale a progressivement élargi son champ d’action au-delà de la défense des droits des victimes. Elle s’est organisée en structure d’accompagnement de ses membres, surtout les femmes, dans la création d’activités génératrices de revenus.

« Je verse tous les jours 1000 F CFA à la tontine. Au bout de deux ou trois mois, je plaiderai pour toucher une somme bien consistante, pour augmenter mon commerce », explique Minata Koné.

Au siège de l’organisation, situé à quelques pas du mur de la mairie d’Abobo, le président de l’organisation nous reçoit. Il explique que le sigle de sa structure est certes resté le même. Mais certains mots qui renvoient aux initiales ont changé. « Par Fenavipelci, on entend désormais, et cela depuis 2019, Fédération nationale pour la victoire des personnes émergents pour la liberté en Côte d’Ivoire », fait remarquer Coulibaly Soromidjo Mamadou.

« La nouvelle vision de notre organisation, c’est l’autonomisation du genre », explique le président de l’organisation qui précise que les questions relatives au genre ne concernent pas que les femmes. « La majorité des personnes que nous assistons sont certes des femmes. Mais on a constaté que tout le monde parle de l’autonomisation de la femme, pourtant il y a la pauvreté au niveau des hommes. Donc il faut faire le genre », nuance-t-il avant de nous entretenir sur son projet de tontine qu’il propose à ses membres.

« Nous avons initié les tontines l’an dernier. Et ça marche. Cela aide beaucoup nos membres. Chaque adhérent à un carnet ici au bureau. Et il verse un montant journalier de son choix. Généralement ils cotisent à partir de 500 F CFA par jour. Au bout de 31 jours, il peut demander à recevoir le montant cotisé s’il le souhaite », explique le président Coulibaly Soromidjo Mamadou.

Comme Minata Koné, plus de 150 femmes implantées à Abobo et à Port-Bouët sont concernées par ce projet de tontines lancé en octobre 2020.

« Notre premier objectif est d’aider les femmes qui vendent du vivrier. Ce sont ces femmes qui, avec leurs modestes moyens, ont décidé de s’engager avec nous. Elles n’attendent pas que quelqu’un d’autre leur trouve des financements », se félicite le président de la Fénavipelci. « Notre objectif, c’est d’accompagner au moins 200 personnes chaque année ».

Le projet de tontine est également accompagné de formation. La Fénavipelci organise régulièrement des séances de formation, en gestion et en comptabilité. « Nous faisons recours à des experts ou à des structures avec lesquelles nous signons des conventions ».

« Nous sommes déjà content que le chef de l’État ait nommé une conseillère chargée de l’autonomisation du genre. C’est une dame avec qui nous avons déjà de très bon rapport », se félicite M, Coulibaly.

TBO col Mamadou Sanogo (stagiaire)

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