Artiste de référence, Monné Bou a influencé plusieurs plasticiens ivoiriens. Le pionnier de l’art contemporain s’est éteint le dimanche 17 novembre.
Monné Bou est unique. Monné Bou est éternel. Artiste de référence, Monné Bou a influencé plusieurs plasticiens ivoiriens. Monné Bou a redéfini la peinture ivoirienne. Il a une technique unique. Plus qu’un style, sa technique est basée sur l’innovation, la spiritualité et la transmission. Sa technique du jet mêle abstraction et figuration.
« L’artiste lui, comme les gens disent, c’est un fou. Il crée à partir de ce qu’il voit, il fouine partout, il casse tout, il compose tout, il cherche son enracinement à lui d’abord avant l’enracinement collectif. Son enracinement est un équilibre recueilli dans son œuvre », déclarait Monné Bou en 1987. C’est vrai. Monné Bou, l’artiste, est fou. Monné Bou est un artiste hors pair. Le vieux de 80 ans était instruit et très inspiré.
« Il n’y avait pas en Afrique l’art pour l’art. C’était du fonctionnel ; on exploitait la puissance de l’au-delà. On était cosmique. Les anciens ne faisaient pas de sculpture pour l’embellissement de leur salon. Si on mettait en relief tel ou tel aspect des choses par exemple dans une statuette, ce peut être les jambes, ce peut être les seins, le ventre, etc. cela avait une signification », a-t-il affirmé en 1987.
Pour les jeunes artistes ivoiriens, Monné Bou reste un modèle d’inspiration. Ses œuvres, présentes dans des collections privées et publiques, continuent de témoigner de son génie et de son apport à l’art contemporain africain. Sa technique est unique. L’artiste ne fait pas d’esquisse de dessin avant de peindre : il se tient debout, à distance de son chevalet et éclabousse la toile, sans la toucher. Chaque projection forme des pointillés et ce graphisme donne des portraits de femmes, d’enfants, ou des scènes de vie.
« La peinture par jet, je l’ai imaginée à l’université de Luminy à Marseille. Je faisais ça avec l’encre de Chine, tu restes à distance et puis tu fais tes croquis. En Afrique, quand les esprits sont mauvais, on mélange le kaolin et on asperge. On ne fait pas des images, mais on asperge pour chasser les mauvais esprits », expliquait-il. C’était en mars dernier, lors d’une exposition retraçant ses 50 années de carrière.
Né à Anyama, Monné Bou a étudié à l’École normale d’Abidjan, avant de se spécialiser dans les Beaux-Arts à Abidjan, puis à Marseille. Ses premières œuvres datent de 1973. Ce génie de l’art nous a quitté le dimanche 17 novembre dernier. La disparition de Monné Bou suscite une vive émotion en Côte d’Ivoire. De nombreuses personnalités du monde culturel et politique lui ont rendu un vibrant hommage.
Une étoile s’est éteinte. Monné Bou mérite une reconnaissance de la nation.
Sékongo Naoua