Entrepreneur, Investisseur, Pierre Fabrice Adon est par ailleurs, Coach en gestion efficiente des finances personnelles, et Manager à EPE. Un cabinet qui aide les salariés, LES FONCTIONNAIRES, les entrepreneurs, les étudiants à assainir LEURS financeS, à sortir de l’endettement et à faire des investissements avec leur épargne. Ce à travers les conseils, formations, coaching… Dans cette interview qu’il a accordé à Voix Voie de Femme le jeudi 7 octobre 2021, l’auteur du livre  » les 7 secrets infaillibles pour épargner et accroitre ses revenus » donne les recettes de l’entrepreneuriat à moindre coût.


Vous êtes Entrepreneur, Investisseur, Coach en gestion efficiente des finances personnelles. Comment définissez-vous l’entrepreneuriat?


Entreprendre, c’est tout simplement aider. L’entrepreneuriat, c’est l’action d’aider. Qui aider? comment et où aider?… Ces différentes questions se posent lorsqu’on définit « entreprendre par aider ». On aide un groupe de personnes homogène qui désire quitter un point A pour un point B, ou qui manifeste le désire de quitter un point A pour un point B. Ce groupe, dans la manifestation de vouloir quitter ce point A pour le point B, doit être en train de rencontrer des difficultés car, on ne peut aider une personne qui n’ a pas de problème.  Ce désire peut être dans l’action, l’état, ou l’optique d’obtenir.
 
Le rôle de l’entrepreneur, est justement d’aider ces personnes en difficultés en leur apportant des solutions. Je prends l’exemple des travailleurs qui résident dans la commune de Yopougon et qui peinent à avoir des véhicules pour Sortir de Yopougon aux heures de pointe. l’entrepreneur peut par exemple mettre un car à leur disposition. Si en plus de cela, il trouve une astuce pour éviter les embouteillages, ces personnes en difficultés vont s’intéresser aux services qu’il propose. C’est l’entrepreneur qui apporte la solution aux personnes qui veulent quitter un point A pour un point B et qui rencontrent des difficultés. Je précise toujours cela car la personne qui ne rencontre pas de difficultés ne s’intéressera pas à la solution.
 


Est-ce possible d’entreprendre à moindre coût?

Pour entreprendre, il faut avant tout faire un bilan personnel. Je disais tantôt qu’entreprendre, c’est aider. Mais ce n’est pas évident que tout le monde puisse aider tout le monde. En Côte d’Ivoire on dit dans le jargon populaire « chacun doit soulever le bagage qu’il peut soulever ». C’est pourquoi il est important de faire un bilan personnel pour connaitre ses atouts et ce qu’on est capable de faire. S’il y a un problème de nucléaire aux USA et en France par exemple, le petit entrepreneur ivoirien ne va pas aller apporter des solutions là-bas.
 
Il y a trois étapes à franchir pour entreprendre. Le point de départ, l’observation et le terrain. J’explique. Le point de départ, c’est le bilan personnel pour connaitre ses capacités, ainsi que le plus qu’on peut apporter. Tout part de là. Une fois qu’on a franchi cette première étape et qu’on a des solutions, on passe à la deuxième phase.
 
 
Elle est très simple, il suffit d’observer. J’ai cité en exemple tout à l’heure les travailleurs qui peinent à avoir des véhicules. J’ai pu relever la difficulté en observant.
Quand la difficulté a été observée, vous constatez le problème et voyez si vous disposez des moyens pour de le résoudre. Il faut faire très attention. Il y a ce qu’on appel les mirages.
 
Vous pouvez observer et penser qu’il y a une solution à apporter, mais une fois sur le terrain, l’observation n’est pas avérée. C’est pourquoi, il ne faut pas tomber amoureux de son idée. Après l’observation, vous devez ensuite aller sur le terrain pour vérifier si effectivement cette observation tient compte de la réalité. Si oui, vous validez l’idée de départ, et menez des actions pour remédier à cela.
 
 
Il faut tenir compte de ce qu’on a, où on est, et chercher à s’orienter. Mais ne pas choisir ce qu’on aime puisque cela ne correspond pas forcément à nos moyens. On dispose forcément de moyens pour entreprendre, même si cela n’est pas forcément financier, nous avons au moins la connaissance.


On peut donc entreprendre avec zéro franc?

Avant de répondre à cette question je voudrais mentionner Henry Thomas Buckle qui dit ceci: « Les grands esprits discutent des idées; les esprits moyens discutent des événements; les petits esprits discutent des gens ». En fait Les grands esprits cherchent à faire évoluer le monde. Cette expression (entreprendre avec zéro franc) est sortie de son contexte c’est pourquoi il y a beaucoup de débats. Initialement, lorsque ceux qui ont fait un parcours classique à l’école, ont eux des diplômes et peinent à trouver un emploi, on leur conseille l’entrepreneuriat qui prend en compte ( une idée, un business plan et un financement).
 
Avec l’avènement des réseaux sociaux, puisque nous sommes à l’air du numérique, une nouvelle idée circule et dit qu’on a pas forcément besoin de cela pour démarrer. On peut juste démarrer avec une idée. C’est une réponse à une idée pré-construite en fait. C’est aussi un concept.
Si on a zéro franc, on peut être un apporteur d’affaire. C’est à dire par exemple orienter des gens qui viennent pour un service et toucher des commissions. C’est dans cet esprit. Si on a zéro franc, on peut s’orienter vers l’apport des services, ou la mise en relation pour toucher une commission. On peut trouver une solution pour un groupe de personnes et chercher des gens pour financer.
Entreprendre à partir de zéro franc, c’est un concept et c’est une réponse à l’ancien système qui recommande d’avoir une idée, de rédiger l’idée dans un document appelé le business plan et de chercher un financement bancaire.
 
Toutes les fois où on sort cela d’un contexte, c’est un prétexte pour faire des débats. Internet à faciliter cela. Aujourd’hui vous pouvez créer un compte Facebook, faire une photo, poster sans avoir le produit, quand il y aura des commandes vous envoyez un livreur. Il y a de nouvelles techniques, il faudrait que les autres se mettent à jour. On peut entreprendre à zéro franc si l’on comprend la thématique dans ce sens.
 


Quel conseil pouvez-vous donner aux personnes désireuses d’entreprendre, mais qui n’ont pas de sources de revenus?


Il faut dissocier l’idée d’entreprendre avec une source de revenu. C’est ce qui fait un blocage pour beaucoup de personnes. Pour entreprendre, il faut une matière qui réfléchi et une bonne santé mentale. Ainsi vous pouvez démarrer. Il faut ensuite avoir une raison valable. Vous pouvez avoir l’idée, mais pas de raison pour démarrer.

Si dans une maison en feu on vous demande d’aller chercher votre enfant qui s’y trouve, c’est sur que vous allez braver le feu, parce qu’il y a une raison. Mais si on vous demande d’aller chercher quelque chose d’insignifiant , c’est sûr que vous n’allez pas y aller, parce que la raison pour laquelle vous devez braver le feu est faible. Quand vous êtes en bonne santé mentale, quand vous avez une raison suffisante, tout est réuni.
Ne vous souciez pas des sources de revenus, si vous respecter les deux critères que j’ai mentionné tantôt, vous pouvez vous lancer en entrepreneuriat.


La tontine est-elle un excellent moyen de réunir des fonds pour entreprendre?

Avant nos parents le faisait avec les produits vivriers… avant l’arriver des colons. J’ai toujours dit que pour démarrer, il faut un bilan personnel. Celui qui est déjà en activité qui fait une tontine peut, lorsqu’il reçoit ses fonds, renforcer son stock. Mais celui qui n’a aucune activité et qui prend l’argent de la tontine à rembourser chaque mois, aura des difficultés à payer sa part tous les mois? Cela pose le problème de financement. La tontine, c’est un financement à court terme, on ne peut pas prendre un financement à court terme pour financer un business dont la rentabilité sera à long terme.
 
 
Si je prends un prêt de 6 à 7 millions pour acheter un taxi que je dois rembourser à la fin du mois. Le taxi, même en circulation, ne pourra pas me permettre de rembourser ce prêt à la fin du mois. Je ne peuX pas prendre un prêt qui a une échéance de 30 jours, alors que j’aurai mon retour sur investissement après 6 mois ou 1 an. Il y a un décalage. J’aurai une pression.
La tontine est remboursable par mois, il faut s’assurer de ce que le business dans lequel on le met peut générer suffisamment de revenus pour respecter la mensualité de paiement, sinon c’est un mauvais choix de financement.  Mais dans le cas contraire, c’est un bon choix de financement. On ne peut pas dire de prime à bord que la tontine est bonne ou mauvaise.


C’est comme le couteau, les bandits l’utilise pour agresser , mais les femmes l’utilise pour la cuisine. Le couteau en lui même est neutre tout dépend de l’utilisation. Il faut savoir utiliser la tontine. On peut prendre des revenus de tontines pour investir, mais à condition que l’investissement nous permette de respecter les modalités de paiements mensuels. Il faut vérifier la comptabilité de la tontine avec son business.


La plus part des entrepreneurs se plaignent de plus en plus des taxes alors qu’il n’ont pas encore les moyens nécessaires pour faire face à tout cela. Ce qui crée un blocage pour beaucoup de personnes désireuses d’entreprendre. Qu’en dites-vous sur ce fait?


L’entrepreneuriat a des règles de jeu. Nous évoluons dans un état qui est obligé de percevoir des impôts pour financer son fonctionnement. Un État à des dépenses de fonctionnement et d’investissement, et aussi des échéances de crédits…
Pour entreprendre, il ne faut pas se focaliser sur la technique. Quelqu’un qui a appris la cordonnerie et qui veut ouvrir un magasin ne doit pas rester focus sur la fabrication de chaussures. Il doit avoir un horizon plus large, chercher à comprendre la gestion, la comptabilité, le fonctionnement du système fiscal ivoirien… Lorsqu’on connait les règles de jeu, on peut mieux jouer. Celui qui ne connait pas les règles du ludo, va se faire bouffer les pions. C’est comme ça. Avant de jouer le jeu de l’entrepreneuriat, il faut connaitre les règles. Ainsi, vous saurez déployer vos stratégies et vos tactiques.
 
 
J’invite d’abord les entrepreneurs à s’informer et à se former, avoir un b.a.-ba dans la compréhension des impôts et des taxes pour mieux adapter leurs stratégies. Le système fiscal ivoirien offre des avantages, mais s’ils ne sont pas informés et savent pas de quoi il s’agit, ils ne vont pas pouvoir en bénéficier.
 
Sous nos cieux, il y a un secteur qui existe qu’on appel le secteur informel qui n’existe pas forcément dans les grands pays. Dans les secteur formel ce sont justes des taxes qu’il faut payer. Les gens sont obnubilés par le fait d’être PDG ou DG. Ils vont rapidement créer une entreprise en bonne et due forme donc automatiquement on leur réclame les impôts.
C’est vrai qu’ il faut rêver grand, mais accepter de commencer petit.
 
Rester au niveau des taxes, c’est à dire payer les taxes, après on progresse en fonction du chiffre d’affaire. L’impôt est perçu sur soit ce qu’on gagne, soit les biens qu’on possède et soit sur certaines opérations. Tant que le chiffre d’affaire ne permet pas d’évoluer, de changer de statut juridique, ou fiscal, il ne faut pas le faire. C’est cette tendance qui tue les entrepreneurs.
 
 
Il faut avoir des conseillers. Les Africains francophones n’ont pas la culture de demander des conseilles, tout ceux qui réussissent ont des conseillers à tous les niveaux. Lorsqu’ils ne comprennent pas les impôts ou un domaine quelconque, ils appellent leur conseiller. On apprend comme cela.
Les gens veulent évoluer seuls. « Un est un chiffre trop petit pour réaliser de grandes choses » John C. Maxwell. On ne peut pas évoluer seul. Il faut créer une équipe, même si elle est virtuelle. Seul, on va rapidement, mais ensemble, on va loin. Les taxes et les impôts ne sont pas un frein puisqu’il y a des gens qui franchissent ses barrières là. I l faut chercher à savoir comment faire pour les franchir en s’approchant d’eux, tirer des leçons, se former, s’informer, se faire accompagner par une équipe de gens qui pratique, avoir un conseiller fiscal, en finance, comptabilité, et marketing.
Avant que le business ne s’agrandisse, il faut déjà travailler en sourdine avec ces experts. Ils n’ont pas besoin de se connaitre. C’est des personnes que vous allez contacter lorsque vous aurez des difficultés dans leur domaine.
 
 

Un conseil aux jeunes entrepreneurs ou désireux d’entreprendre?

Aujourd’hui les choses ont changé. Il faut que tous les jeunes mettent à jour leur connaissance, qu’ils cherchent à comprendre les enjeux et où nous allons. Beaucoup d’entre eux utilisent les conseils de nos parents qui ne sont plus d’actualité. L’un de mes mentors disait que le conseil c’est comme du lait, il a aussi une date de péremption.
Lorsqu’on achète du lait, on vérifie la date de péremption. C’est pareil pour les conseils.
 
Quand on en reçoit, il faut s’assurer que ces conseils sont adapter. Il y a encore beaucoup de conseils périmés que les gens continuent de consommer. Aujourd’hui on ne plus dire à un jeune, « va à l’école, tu aura de bonnes notes et tu aura forcément du travail ». Ça ne marche plus ce conseil, parce qu’il y a une problématique de chômage en ce moment. Les jeunes doivent avoir un pied à l’école, un pied, dans les affaires et même les salariés. Ainsi ils vivront à l’aise au soir de leur vie.
Aussi, ce qu’il faut retenir de mon message, c’est qu’entreprendre, c’est aider, apporter des solutions à un groupe de personnes en difficultés. Pour entreprendre Il faut avoir la bonne santé mentale et l’audace.


Interview réalisée par Marina Kouakou

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