Vanessa rêve de créer son atelier et d'y employer des filles.

Bien qu’elles soient rares dans le métier, des femmes s’investissent dans des métiers traditionnellement masculins. A Abidjan, Vanessa Liliane Dahé se passionne pour la soudure. Elle se plait dans la construction métallique et la chaudronnerie.

Le visage barré de lunette noires, pince à riveter dans la main droite, Vanessa Liliane Dahé s’applique sur sa ferraille, ce jeudi matin du 15 octobre 2020. C’est son quotidien, dans cet atelier, les 3A, sis à quelques encablures du Foyer des Jeunes de Yopougon-Antenne.

A 28 ans, Vanessa ne rêve qu’à faire carrière dans ce métier traditionnellement masculin et ne cache pas sa fierté. « Des gens s’arrêtent pour me regarder travailler. Ils sont surpris de me voir faire ce boulot. Certains, surtout des femmes s’arrêtent pour me féliciter », confie-t-elle à l’équipe de reportage de VoixVoie De Femme, ce jeudi 15 octobre 2020. « C’est vrai que c’est un métier qui demande souvent de la force physique par moment, mais je m’y mets ».

La ferronnière a fait sa formation au Lycée professionnel de Guiglo, d’où elle est sortie avec un Certificat d’aptitude professionnel (CAP) en 2016. Cette formation sera renforcée par un Brevet de technicienne en chaudronnerie à Abidjan-Yopougon.

Issue d’une famille modeste, Vanessa Liliane Dahé a arrêté ses études, après son échec au BEPC, en 2012. Elle se débrouillais dans la restauration. « Je travaillais dans un maquis à Guiglo. Et c’est là-bas qu’un client que j’avais bien accueilli m’a demandé si j’allais à l’école. Quand je lui ai expliqué que j’avais arrêté au niveau de la troisième, il m’a demandé de venir travailler avec lui dans son atelier de construction métallique. C’est là que ma passion pour le métier à commencer. Et il m’a ensuite aidé à passer le concours pour entrer au CFP », se souvient Vanessa.

En attendant d’être engagée dans sa spécialité, la chaudronnerie, Vanessa travaille dans la construction métallique dans cet atelier. « Dans la chaudronnerie ont construit les charpentes, les hangars des grandes machines, les citernes, les voitures, les camions… Ici je ne suis plutôt dans la construction métallique », explique la jeune femme qui fait la fierté de son patron, Tahirou Ouattara.

« Quand une fille se bat dans la vie, il faut l’accompagner. Elle arrive à faire très bien ce que nous faisons tous ici. C’est la seule fille parmi les employés », se félicite le chef des 3 A. Vanessa est également bien appréciée par les autres membres de l’équipe de Tahirou Ouattara pour son travail professionnel. « Elle a eu une formation théorique avant de faire la pratique aujourd’hui. Elle a un plus sur beaucoup d’entre nous. Mais il faut dire que notre travail, c’est plus la pratique qui forge bien », soutient Botty Bi Fabrice, le sous-chef des 3 A. « Vanessa est la troisième fille que je forme aujourd’hui dans le métier.  C’est une fille courageuse et battante. Quand elle a un souci pour une tâche, elle n’hésite pas à nous solliciter. 

« Nous sommes tous fiers d‘elle. Il faut que toutes les filles se mettent dans l’état d’esprit de Vanessa. Qu’elles prennent leur destin en mains. Il y a des filles qui sont passées ici et qui ont vite abandonné », témoigne le sous-chef de l’atelier.

Aujourd’hui, Tahirou Ouattara veut garder Vanessa dans son équipe le plus longtemps possible. Il envisage installer quelques succursales de son entreprise dans certaines localités du pays et il espère compter sur elle. « Je veux lui confier la direction de l’un de ses ateliers », confie-t-il.

C’est avec bonheur que la jeune femme reçoit cette marque de confiance. Aussi projette-t-elle de construire une véritable entreprise dans ce domaine. « A l’avenir je veux être cheffe d‘entreprise. Et dans mon atelier, je travaillerai plus avec des filles pour encourager toutes les filles. Parce que beaucoup ont fait la même formation et ne parviennent pas à trouver du travail. Dans ma classe au CFP, il y avait trois filles. Deux ont fini par jeter l’éponge avant la fin du cycle », confie Vanessa Liliane Dahé. Non sans demander aux filles de se faire confiance.

« Aujourd’hui, je me sens responsable. J‘encourage toutes les filles à se donner au travail quelque soit le métier. Mécanicienne, ferronnière, cordonnière… Quand on se bat, on est plus libre, plus indépendant et on devient plus autonome », se dit-elle convaincue.

Ténin Bè Ousmane

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