A Abidjan, l’insalubrité dans la plupart des bas quartiers constitue un véritable problème environnemental. En cette saison des pluies, il n’est pas rare de voir des étangs d’eau, véritable nid de moustiques, parsemer les pistes secondaires.
Ce matin du 22 juillet 2021, nous sommes dans la commune d’Abobo. Plus précisément au quartier Kénédy. Il est 10h passé. A une trentaine de mètres de l’artère principale bien bitumée qui conduit à Abobo Baoulé, nous faisons face à une marre d’eau. A quelques pas, un lot d’ordures. La piste qui traverse le quartier est jonchée de trous béants. Ils contiennent des eaux usées issues des égouts des riverains. L’air est difficile à respirer ! « Ici, c’est comme ça. La plupart des latrines n’ont pas de fosses. Tout est fait de sorte que les eaux de toilette se retrouvent sur la voie », atteste Moussa K, habitant de ce quartier. « Les femmes viennent également verser les eaux de ménages ».
A Abidjan l’insalubrité est une réalité dans la plupart des quartiers. Ces eaux usées, mêlées aux déchets domestiques sont pourtant dangereux pour la santé et la préservation de l’environnement. Très souvent ces déchets domestiques collectés sont déversés dans les eaux ou dans les caniveaux qui finissent par atterrir dans le milieu lagunaire.
Malgré les efforts faits par les municipalités et l’Etat pour débarrasser ses communes de ces ordures et autres déchets, la plupart des quartiers continuent de vivre dans l’insalubrité persistante. Les ordures ménagères, les déchets et les eaux usées sont déversés dans les caniveaux, les rues et les espaces publics. Cette situation engendre la prolifération des vecteurs de maladies telles que : mouches et rongeurs qui envahissent les lieux d’habitation. Ces déchets se retrouvent très souvent dans la lagune. Selon le Rapport sur l’état de l’environnement marin et côtier, la baie de Cocody, symbole de la ville d’Abidjan, est devenue « une poubelle géante » qui accueille tous ces déchets.
Au-delà des efforts déployés pour combattre le phénomène, le gouvernement met l’accent sur la sensibilisation. En avril dernier, le ministre de l’Assainissement et de la Salubrité, Fofana Bouaké, avait dénoncé l’impact négatif de ces déchets domestiques sur les ouvrages d’assainissement de la ville d’Abidjan. «
« Au niveau des barrages, nous avons des arrivées massives de déchets solides, de sédiments. Comme ces barrages ne sont pas faits pour accueillir des solides, sinon recevoir des eaux de pluies, des eaux propres, des eaux de drainage, cela crée des situations d’insalubrité », avait déclaré M. Fofana. Il effectuait une visite de terrain dans certaines zones à risque d’Abidjan, en prélude à la saison des pluies. Pour lui, tous ces problèmes sont dus à des problèmes de comportement essentiellement. « Il faut que nos compatriotes apprennent à vivre autrement. Nous devons gérer nos déchets solides, nous avons des contrats qui coûtent beaucoup d’argent à l’Etat pour la collecte des déchets solides mais nos compatriotes ne sont pas encore suffisamment disciplinés pour que ce travail puisse se faire avec les résultats que nous attendons », a déploré le ministre.
Ténin Bè Ousmane