En Côte d’Ivoire, la surpêche décime tous les jours la faune et la flore. Les bateaux usines ne nourrissent pas le pays mais l’appauvrit de jours en jours et les belles pirogues restent à quai car les prises se font rares, tandis que les marchés au poisson d’Abidjan, Fresco, Sassandra et San Pédro s’appauvrissent eux aussi. C’est ce que dénonce le Rapport sur l’état de l’environnement marin et côtier de la Côte d’Ivoire (REEM-CI), document produit sous la coordination du Centre ivoirien antipollution (CIAPOL),

Le rapport est sans appel ! Rendu publique à la faveur de la semaine de l’environnement le 16 juin 2021, le Rapport sur l’état de l’environnement marin et côtier de la Côte d’Ivoire (REEM-CI), relève que la majorité des zones de pêche du pays est surexploitée !

Selon la FAO (2020), la surpêche qualifie une pêche excessive, illicite et de surexploitation, menaçant le renouvellement des ressources marines, les réserves halieutiques de la biomasse, incluant les mammifères, les poissons de mer, les crustacés, les mollusques et les fruits de mer, allant à l’encontre de la pêche durable. Plusieurs pêches illicites (le chalut-bœuf, le chalut de fond, la senne de plage, etc.) sont opérées fréquemment dans les eaux sous juridiction ivoirienne par des pécheurs étrangers chalutiers fraudeurs de dernière génération.

Ceux-ci y pratiqueraient, de façon permanente, la pêche illicite avec l’usage des engins et techniques prohibés et destructeurs. En effet, le Golfe de Guinée est l’une des régions maritimes où la pêche est la plus importante à l’échelle mondiale. En 2014, la Marine nationale avait arraisonné deux chalutiers chinois de 45 mètres, comptant chacune à leur bord cinq marins. Ces deux embarcations n’avaient pas de licence leur permettant d’être actifs en Côte d’Ivoire, mais elles s’adonnaient à la pêche dans les eaux sous juridiction ivoirienne (MIRAH, 2014).


En 2018, des patrouilles organisées par la marine avaient permis d’immobiliser des navires battant pavillon nigérian, coréen, chinois et ghanéen qui péchaient illégalement dans la Zone Economique Exclusive (ZEE) de la Côte d’Ivoire. Au cours de cette période, la Marine a organisé au total cinq patrouilles dans les eaux territoriales ivoiriennes. Ces patrouilles avait permis d’arraisonner 23 embarcations de pêche artisanale et 9 navires chalutiers qui n’ont pas de licence à jour.

4 100 000 tonnes de pertes en 2018

Par ailleurs, en 2019, une opération conjointe de patrouille des marines nationale et américaine de 10 jours dans les eaux ivoiriennes, avait permis de recenser 64 bateaux dont 45 ont été arraisonnés et 10 bateaux déroutés pour motif de contrebande et de pillage des ressources halieutiques (MIRAH, 2019).

Toutes ces activités de pêche illicite occasionnent un manque à gagner estimé au cinquième des volumes annuels pour les Etats africains, chiffré à 5,2 millions de tonnes en 2016 par la FAO.

Ces activités de pêche génèrent une très nette surpêche par rapport à la capacité de reconstitution des réserves de poissons de la région. En Côte d’Ivoire, les pertes de la pêche illicite sont estimées 4 100 000 tonnes en 2018 (MIRAH, 2019). Le manque à gagner est de 1,5 millions de dollars US. La surexploitation occasionnée par la pratique de la pêche illicite serait à la base de la régression du volume des stocks des espèces démersales.

VVDF avec REEM-CI

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