Les ordures ménagères sont les déchets issus de l’activité domestique des ménages. Produites par les ménages, elles sont enlevées par des structures commises à cette tâche.
La quantité d’ordures ménagers a connu au cours des dernières décennies un
accroissement rapide en raison de l’urbanisation accélérée qui a caractérisé le
siècle dernier. Ce phénomène est plus critique dans les pays en développement. L’enlèvement des ordures devient donc problématique. Les gouvernants ont souvent recours à des privés pour le ramassage des ordures ménagères. La Côte d’Ivoire n’est pas en reste. Depuis le temps de la Société industrielle de transport automobile africaine (Sitaf) de 1960 à 1992, en passant par AHS International de 1992 à 1999 pour se retrouver aujourd’hui avec la Société Ecologique Tuniso-Ivoirienne (ECOTI.SA) depuis 2018, le problème des ordures reste et demeure un casse-tête.
En fait ces privés ont de gros engins qui sont adaptés au transport des ordures depuis des lieux de relais jusqu’au lieu de traitement des immondices. Ces sociétés sous-traitent avec certaines structures comme « Les Etablissements Coulibaly » qui ont des engins moins puissants pour convoyer les sacs poubelles vers les lieux de relais. La question qui se pose est la suivante : Qui fait sortir les ordures des ménages ? À Abidjan, la pré-collecte constitue l’un des enjeux majeurs de la gestion des déchets ménagers. Elle consiste à sortir les déchets solides des ménages des quartiers non desservis par les véhicules de collecte, pour cause d’inaccessibilité des camions.
Tâche des pré-collecteurs
C’est justement pour combler cette insuffisance que certains jeunes se sont lancés dans la pré-collecte des ordures depuis quelques années. Commencer timidement dans les années 1999 c’est devenu une activité à part entière de nos jours.
« Un matin de l’année 2008, on frappe à ma porte. C’est un jeune homme, apparemment très courtois, qui décline son identité et me propose d’enlever mes ordures. Face à mon hésitation il me rassure en me disant que mes voisins et lui sont déjà en collaboration », se rappelle Yao Sylvain, habitant de Angré-Mahou, dans la commune de Cocody. « C’était une aubaine pour moi car il fallait attendre le passage du camion de ramassage, annoncé par les klaxons, pour que les enfants puissent faire descendre les poubelles (il habite au 2ème étage d’un immeuble R+4). Or les camions ne passent pas fréquemment si bien que les poubelles dégageaient une odeur désagréable. Je suis donc devenu son client », explique-t-il.
La technique des pré-collecteurs est simple. Passer de maison en maison et proposer leurs services pour l’enlèvement des ordures moyennant une somme d’argent par mois sur laquelle on s’accorde. Chacun occupe ainsi un secteur et en devient le responsable. Les montants payés ont évolué avec le temps. De 500 en passant par 1000 on se retrouve aujourd’hui à 1500 voire 5000 ou plus en fonction de la quantité d’ordures produites. Il est clair qu’un restaurant payera plus qu’un simple ménage. Les conditions de travail ont aussi changé. Des charrettes de traction il y a quelques années on se retrouve désormais avec des tricycles. Un véritable business.
« Je suis étudiant et je suis pré-collecteur d’ordure. Sachez que certaines personnes viennent à la pré-collecte par amour et d’autre pour un soucis de survie », affirme Touré qui est un responsable d’une zone dans la commune de Cocody. « J’ai commencé par travailler seul. Maintenant j’ai deux personnes qui travaillent pour moi », nous informe un pré-collecteur dans la zone de Angré Chateau.
Place à l’organisation
« Les choses ont changées. Avant chacun faisait son petit business dans son coin. Maintenant nous essayons de nous organiser. Tous les pré-collecteurs de chaque commune sont réunis en association et l’ensemble de ses associations sont regroupées en une structure nationale », nous enseigne Touré qui est le premier responsable de l’association des pré-collecteurs de la commune de Cocody. Bien sûr c’est mieux de s’organiser pour parler d’une même voix. « Les conditions de travail sont difficiles. Nos travailleurs et nous sommes trop exposés à toutes sorte de maladies. Il est donc important de se regrouper pour réfléchir à l’amélioration de nos conditions de travail ». Ces propos sont de Abdoul rencontré sur sa moto tricycle.
Ces jeunes travaillent sans protection. Leur matériel de travail est vétuste. Ces jeunes enlèvent une épine du pied de l’Etat. Que fait la tutelle pour eux ? Quelle est la collaboration qu’ils ont avec les collectivités dans lesquelles ils exercent ? Vivement qu’une réflexion soit menée dans ce sens pour ce secteur d’activité qui commence a absorbé de plus en plus de jeunes. Qui dit lutte contre le chômage !
Sékongo Naoua