La vision du gouvernement ivoirien qui consiste à avoir ‘’zéro déchets plastique d’ici 2030’’ en Côte d’Ivoire n’est pas aisée. Et pour cause, entre l’engagement de l’Etat ivoirien et le comportement des populations, le tri des ordures n’est pas encore dans les habitudes des Ivoiriens.
Les entreprises de pré-collecte, de collecte et de traitement des déchets plastiques s’installent sur les bords de la lagune ébrié avec plus ou moins les mêmes missions. Entre autres, recycler les déchets tout en améliorant le cadre de vie des populations.
Selon le sondage de Recyplast, sur plus de 280 tonnes de déchets plastiques produites chaque jour à Abidjan, seuls 5% sont recyclés. Le reste finit généralement sa course dans des décharges. Cette manière de faire ne fait qu’exacerber les efforts des sociétés d’hygiène et assainissement préexistants.
Que ce soit la société Ecologique Tuniso-ivoirienne (Ecoti Sa) en charge du lot 1 avec les communes d’Abobo, Cocody, Anyama, Bingerville et Plateau ou Eco Eburnie qui s’occupe des lots 2 et 3 avec les communes d’Adjamé, Attécoubé, Yopougon et Songon et de Treichville, Koumassi, Marcory et Port-Bouët les populations ont vu une certaine amélioration de leur cadre de vie.
A côté de ces deux structures, plusieurs autres ont également vu le jour. C’est le cas de Recyplast dont l’objectif est de préserver l’environnement, améliorer la qualité du cadre de vie des populations.
Cette entreprise œuvre également pour l’emploi des jeunes, en ce sens qu’à travers la collecte des objets plastiques, les jeunes ont désormais la possibilité de rentabiliser leurs « trésors » collectés.
D’ailleurs, trois unités de collecte de déchets plastiques ont été récemment installées dans la capitale économique ivoirienne. A l’initiative de l’Association Ivoirienne pour la Valorisation des déchets Plastiques (AIVP), les communes de Marcory (Cap Sud) et Cocody (Cap Nord et la Djibi), ont bénéficié de ces dons.
Bien présentent sur le terrain… sans la sensibilisation
En clair, il existe, en dehors de ces quelques structures suscitées, plusieurs autres qui travaillent pour la collecte, le traitement et le recyclage des déchets plastiques à Abidjan. Sauf que toutes ces structures rencontrent des obstacles dans l’exécution de leurs tâches. En outre, ces entreprises de recyclages, bien que mobilisant tous les moyens pour ‘’ bouter ‘’ hors de la ville tout ce qui est déchet, sont en panne de stratégies pour amener la population à prendre sa part dans cette activité. Et pour cause, cette dernière n’est pas suffisamment éduquée ou du moins sensibilisée sur « la méthode » de classification des déchets qu’elle produit au quotidien.
Il n’est donc pas rare de constater les différents types de déchets être associés dans une même poubelle. Un « tout en un » qui capte rapidement l’attention des passants. Et pourtant, il serait plus facile de procéder à la classification desdits déchets par la sensibilisation.
Dans certains pays, le tri des ordures se fait depuis le domicile. Une habitude pour faciliter la tâche aux entreprises de collette.
L’Anaged veut vulgariser cette pratique
L’Agence nationale de la gestion des déchets (Anaged), veut trouver une solution à ce problème. Elle a initié une campagne de sensibilisation dans douze (12) établissements primaires et secondaires en vue de d’inculquer les valeurs du civisme et de citoyenneté aux élèves. Un programme qui s’est déroulé du 3 au 28 mai dernier, sous le thème : « De l’école de la salubrité à l’éveil de la citoyenneté ». Pour M. Alain Roger Akichi, directeur de la communication et des relations extérieures de l’Anaged, « les élèves constituent une cible privilégiée dans l’éducation de la gestion des déchets ».
Beaucoup reste à faire. Il faut impliquer toutes les couches de la société dans cette campagne pour que, dans chaque domicile, à chaque rue, et surtout dans chaque bac à ordures, ce travail soit bien organisé.
La commune du Plateau, un exemple à suivre ?
À l’image de sa notoriété, la commune du Plateau souhaite s’inscrire dans une vision futuriste. Le maire, Jacques Gabriel Ehouo, a mis un point d’honneur sur la salubrité de sa commune. Partout dans cette commune, les bacs à ordures sont bien visibles. Or, le maire ne compte pas en rester là. Il souhaite sensibiliser chaque membre de sa commune sur ce sujet. Mieux, Jacques Ehouo a fait poser des prototypes de poubelles à tri. On en trouve à la Galerie du Parc ou à la Pyramide, deux lieux stratégiques pour une opération pilote. Ces poubelles de types modernes ne reçoivent que deux types de déchets. Les déchets recyclables (bouteilles plastiques et autres) et organiques (restes d’aliments).
Sur celle-ci, il est inscrit : « Ne me traitez pas comme une ordure ! » ou : « Trions sans modération » …). Des messages assez clairs et précis qui indiquent ici qu’il est temps de séparer et de classer nos ordures ménagères.
Cette image qui, à première vue, ne laisse personne indifférente, vient justement interpeller tous les cadres et élus locaux dans la gestion de leur cadre de vie.
« Vous voyez comment Plateau est devenu ? », nous questionne-t-il avec fierté. « Cette corbeille est en même temps un panneau publicitaire. Des personnes pourront donc faire la publicité de leur produit dessus… », a-t-il ajouté.
En effet, ces prototypes de bacs à ordures, selon notre interlocuteur, ne sont qu’un premier pas dans la vision du maire. Et que très bientôt, la phase de sensibilisation sur cette opération aura lieu dans la commune dans le but d’emmener tout un chacun vers ce modèle de classification des déchets à travers les différentes corbeilles.
Un bel exemple que devront suivre les autres élus de la capitale. Mais aussi les entreprises de collecte et de traitement des ordures qui devront adopter cette nouvelle posture de tri des ordures qui débute depuis le domicile.
Arsène Lohouré