Plusieurs kilomètres de route ont été amélioré ces dernières années.

Un voyage qui remplit la journée. 570 Km pour neuf heures de route, dans ce long véhicule de 70 places, emprunté à la gare d’Adjamé, ce vendredi 18 décembre 2020. Il est 7h55 quand on démarre. A 8 h 18, le mastodonte est déjà sur l’autoroute du Nord qui conduit à la sortie d’Abidjan. La circulation est fluide ce matin, ce qui nous épargne des traditionnels embouteillages monstres de cette gare routière. De notre position (Siège N° 11, 4e place à la droite du conducteur), nous pouvons voir le paysage de l’avant, dans ce car climatisé qui nous propose une vidéo musicale… pour tuer le temps. 8h30. Nous sommes au pont à péage, où le chauffeur s’acquitte des 5000 F CFA.

Le péage franchi, nous poursuivons sur cette autoroute. Ce vaste projet entre Abidjan et Yamoussoukro, a été initié depuis les années 70 avec la construction de la section Abidjan-Singrobo de 140 km, achevée en 1982. C’est le 11 décembre que son prolongement de Singrobo à Yamoussoukro a été inauguré par le président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara.

Dans le car, un passager installé juste derrière notre siège est au téléphone. Il parle fort au point où tout le monde peut l’entendre. Par sa conversation, on comprend qu’il voyage pour assister à l’enterrement de sa sœur. La levée de corps se passe ce jour-même, vers midi, à l’hôpital. Je n’ai pas pu entendre le nom de sa ville de destination. Mais il devrait retourner aussitôt, après l’inhumation.

Limitation de vitesse : l’OSER à l’affut

Cette conversation retient l’attention jusqu’à ce que notre véhicule ralentisse au niveau d’un contrôle routier de l’Office de sécurité routière (OSER). Nous comprenons pourquoi, depuis une demi-heure, le chauffeur avait réduit la vitesse sur cette route pourtant ouverte. C’est un habitué du tronçon. Sur l’autoroute, la vitesse est limitée à 120 km/h. Au-delà, le conducteur est soumis à une contravention.

Une vue de l’entrée de la ville de Katiola.

A ce contrôle routier, une demi-douzaine de véhicules sont arrêtés pour excès de vitesse… Nous ne sommes pas concernés. Passer ce contrôle, nous poursuivons le périple. Il est 9h13, quand, à un autre contrôle routier, le chauffeur s’immobilise et en profite pour inviter les passagers qui sentiraient le besoin à se soulager. On s’exécute. Chacun y va à l’air libre… hommes comme femmes.

Cinq minutes d’escale, puis le voyage reprend…. Jusqu’au deuxième pont à péage. Celui de Singrobo. Nous avons déjà parcouru 140 Km. Il est 9h47.

Le trafic autour de ces points d’arrêts crée un marché de toutes sortes de produits vivriers. On peut y voir des régimes de bananes plantins exposés au bord de la route…. Ici également, le chauffeur s’acquitte du même montant que celui du premier péage : 5000 F CFA.  

Notre mastodonte attaque à nouveau le macadam du prolongement de l’autoroute du Nord, à la poursuite de Yamoussoukro. A une cinquantaine de kilomètres, le véhicule de transport en commun est obligé de ralentir par un barrage des forces de l’ordre. Nous sommes à 82 km de Yamoussoukro. Là encore des vendeurs ambulants nous prennent d’assaut… Une dizaine de minutes passent avant que le moteur du mastodonte ne se mette à rugir à nouveau.

A 10h40, nous entrons dans Yakro ! La ville mythique de feu Félix Houphouet-Boigny, premier président de la Côte d’Ivoire indépendante. Nous traversons une cité aux voies bien entretenues. Nous y sortons par le corridor Nord, à 11h02.

A Katiola et Niakara Taxi ville et Taxi moto se disputent les usagers.

Nous venions de finir avec le confort de l’autoroute. Il est prévu qu’elle se prolonge jusqu’à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso.

Yamoussoukro Bouaké : le calvaire

Dans le car, la vidéo de Chidinma nous redonne le moral. Nous sommes maintenant sur une route plus étroite que les véhicules, circulant dans les deux sens, doivent se partager. Les passagers se voient résignés aux secousses, à cause des nids de poule qui truffent la voie…. C’est dans cette ambiance que nous arrivons à Tiebissou, à 11h31.

Le calvaire se poursuit entre Tiébissou et Bouaké, deux villes séparées d’environ 110 km. On y travers des ponceaux, sur une chaussée toujours réduite. Et, on peut y voir des camions en panne qui, réduisent d’avantage le passage. Ce calvaire dure les 59 km qui séparent la ville de Tiebissou de celle de Bouaké.

 À cause du mauvais état de la route, à dieu le code de la route. A 15 km de Bouaké jusqu’à l’entrée de la ville, les chauffeurs conduisent en zigzag dans les deux sens. Chacun cherche le bon côté. Nous arrivons enfin à Bouaké à 12 h 28.

Dans le car, les passagers reçoivent de la boisson gratuite. Un bon marketing de la compagnie de transport, à l’entrée de Bouaké. Et nous observons une pause de 10 min pour quitter le corridor-nord de la capitale de la Paix à 12h49.

Routes pimpantes à partir de Bouaké

Surprise ! On tombe sur une voie qui nous fait oublier les misères du tronçon Yamoussoukro-Bouaké. Certes étroite, l’artère est bitumée et bien tracée. Nous atteignons Katiola à 13h53. Une ville traversée par une double voie séparée par un large trottoir, des poteaux électriques. Joli Katiola !!! La ville de la Poterie. Avec ses feux tricolores !!!

Cette ville rappelle les images de New Dehli en Inde. Où motos-taxis et taxi-ville se disputent les clients. Nous roulons sur cette voie pimpante jusqu’à Niakara, à 70 kilomètres de Katiola. Il est 14 h 8. Même décors que Katiola. Dans ces deux villes de la région du Hambol, ces taxi-villes ont un nom : « les Saloni », renvoyant au nom de l’héroïne d’un film hindou qui a fait les beaux jours sur la télévision nationale. Tout le long de la voie, des bornes routières neuves rappellent la distance parcourue ou celle à parcourir pour atteindre la prochaine ville. Loin derrière nous les moments où ce tronçon constituait un véritable casse-tête pour tous ceux qui le pratiquent. A dieu, les nids de poule ou autres crevasses à n’en point finir.

Nous arrivons à Kanawolo, à 91 km de Korhogo. Il est 15h25. Nous empruntons une voie qui présente un état de dégradation avancé. Les passagers renouent avec les secousses. Nous traversons plusieurs villages dont les noms se terminent par ‘’kaha’’ ou ‘‘vogo’’. On peut voir dans certains des tas de coton. C’est la période de la récolte dans cette région où le coton est la principale culture d’exportation… C’est le dernier tronçon qui nous sépare de Korhogo. En une heure, nous passons le corridor de Korhogo dans une fine pluie. Nous y voyons un grand poster où on peut lire : « Fotamana ». Ce qui signifie en Sénoufo, langue locale : « bienvenue ». Il est 16 heures 26, quand on dépasse l’Université Pelefolo Gon Coulibaly. Le long véhicule poursuit son chemin dépassant le Centre hospitalier régional (CHR), la Mairie, le Centre culturel,… puis direction la gare. C’est à exactement 16h33 que le mastodonte s’immobilise…dans une ville qui grouille de monde. Dans une ville qui s’apprête à rendre hommage à son digne fils, feu le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, à l’occasion de la 6 e édition du Festival Sénang, une rencontre pour la célébration de la culture Senoufo. A cette heure, le périple vient de prendre fin. Il aura duré une journée. De l’aurore au crépuscule.

Mariam SIDIBE

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