Ph: VVDF/Sékongo N.

La campagne de mangue 2024 a débuté le vendredi 5 avril et prendra fin autour du 15 juin 2024. C’est un moment par excellence de bonnes affaires.

Le vendredi 15 mars 2024, au cours d’une rencontre du Conseil d’administration de l’Inter-Mangue, élargie à quatre membres du collège des producteurs, commerçants et transformateurs, l’information a été donnée du début de la campagne mangue pour le 5 avril 2024. Après des bruits autour du prix il a été finalement fixé pour cette campagne à 220 Fcfa. La campagne reste un moment favorable pour les affaires. Beaucoup de personnes sont mobilisées pour la vente de la mangue. Produite sur nos terres la mangue reste une source de revenu certaine. Le temps de la campagne est un moment à ne pas rater dans l’année. Même si elle ne dure qu’un à un mois et demi.

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Ce dimanche 19 mai nous sommes à l’usine « Sofa Corporation ». C’est l’une des nombreuses usines installées dans le département de Sinématiali. Il faut reconnaître que Sinématiali est une grande zone productrice de mangue. La période de la campagne de mangue reste une source de bonne affaire pour tout le monde. Population, conducteur de tricycle, planteur, propriétaire d’usine, restaurateur, maquis. Et même les corps habillés. Tous profitent de cette période pour se remplir les poches. L’organisation est simple.

Le matin chacun se dirige vers son lieu de travail. Certains, tassés dans des tricycles, véhicule de type Kia ou autre bâcher, prennent la direction des plantations. Sur notre moto de type KTM nous suivons l’équipe de Silué constituée de cinq personnes. Un vent frais souffle sur Sinématiali ce 19 mai à cette heure matinale. Il est 6 heures du matin. Déjà dans la ville un barrage de corps habillé ou le contrôle est obligatoire. « Papa c’est 1000 Fcfa que je leur donne chaque matin sinon on va perdre le temps ici », nous explique Silué dans un français approximatif. Silué est un pisteur. Le contrôle ne concerne que les tricycles, les Kia, les bâcher. En fait tous les véhicules qui sont concernés par la campagne. Nous même qui n’avons pas porté de casque ne sommes pas inquiétés. A 15 kilomètres de la ville nous nous retrouvons dans la plantation de Ouanan. C’est la cueillette sous le contrôle du pisteur. Les mangues sont triées, cueillies et paquetées dans des caisses. Chacune des 5 personnes gagne entre 2000 et 3000 par jour.

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Vers 15 heures de l’après-midi, direction l’usine « Sofa Corporation ». Les mangues sont réceptionnées, triées et évaluées. Les premiers rejets sont remis au pisteur et les bonnes sont évaluées et comptabilisées à son compte.

Cette première étape franchie, les mangues atterrissent dans les mains d’une autre équipe qui les place sur un mécanisme qui va les conduire sur des tapis à laver. Ainsi lavées, les mangues sont récupérées par un autre groupe qui procède à un autre tri. « On vérifie si la mangue n’est pas blessée ou si elle n’a pas de tache », nous explique Mariam, une employée. A cette étape, les mangues sont mises dans des cartons selon la grosseur de la mangue à raison de 7, 8, 9 jusqu’à 12. Les cartons ainsi obtenus sont mis à la disposition d’une autre équipe qui procède aussi à un autre tri. « On veut s’assurer que la mangue qui prend le chemin de l’occident soit de qualité. On a des clients exigeant », nous enseigne Soro. C’est le propriétaire des lieux. Il emploie plus de 100 personnes par jour. Ce dimanche 19 mai ils sont exactement 121 personnes.

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Les mangues qui passent ce test sont mises en paquet et prennent la direction de la chambre froide. A l’entrée de celle-ci elles subissent un dernier tri. C’est seulement cette dernière étape qui garantit leur voyage sur le marché international.

Entre temps des femmes attendent dans les environs de l’usine. Elles achètent les mangues rejetées par les différents filets placés au sein de l’usine et les revendent au commerçant qui les convoient sur Abidjan et les pays limitrophes. En réalité, on retrouve sur le marché d’Abidjan et les pays voisins, la mangue laissée par le pisteur dans les vergers et la mangue triée au sein des usines. En carton, dans des sacs ou même chargée simplement dans de gros camion, elles prennent la direction d’Abidjan. « Nous faisons deux voyages en aller-retour par semaine sur Abidjan. C’est une bonne période pour nous », nous explique Arouna, le chauffeur d’un gros camion. Tout le monde y gagne.

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Dans des hangars à la gare des gros camions, les mangues subissent un autre tri avant d’être mises en carton ou en sac. Les mangues ainsi triées doivent normalement être jetées. Mais des jeunes filles et jeunes garçons procèdent à un autre tri. C’est les commerçantes ambulantes. Les mangues ainsi choisies par ceux-ci sont lavées et mises dans des assiettes. Ces jeunes arpentent les rues de la villes pour proposer leur marchandise.

« Nous chargeons les camions et chaque jour on peut gagner jusqu’à 8000 ». Ces propos sont de Ali, un chargeur à la gare des gros camions de Sinématiali.

Dans la capitale économique la mangue envahit le marché à partir du marché de mangues situé à Adjamé-Banco. Un lieu qui ne ressemble presqu’à rien, mais c’est un marché où on fait les affaires. Particuliers, commerçantes, conducteurs de taxi, de tricycles et de bâcher. Chacun gagne pour lui. On peut y faire des achats pour la famille. Les revendeurs y vont pour s’approvisionner. Tout le monde vient dans ce lieu pour faire de bonnes affaires.

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Il est clair que quand les gens ont l’argent cela se ressent dans la rue. Maquis, bar, buvette et cafés. Tous ces lieux sont pris d’assaut par les populations. La campagne est tellement juteuse que ceux qui en connaissent le secret se préparent chaque année pour être présent sur le nord pendant cette période. « Ne cherchez pas de maison à louer pendant cette période à Sinematiali parce que vous n’en trouverez pas », affirme Romain un agent de la mairie.

Cette année la vente sur le marché international a pris fin le 26 mai. Mais la campagne continue et la vente concerne Abidjan et les pays limitrophes. Les mangues prennent ces deux directions à la grande joie des acteurs.

Sékongo Naoua

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