Pour sauver l’année scolaire et universitaire 2019-2020, les autorités éducatives ivoiriennes ont dû recourir à l’enseignement à distance. L’expérimentation de ce programme dénommé « Mon école à la maison », a donné plus de d’intérêt à l’enseignement à distance au point où certaines écoles veulent l’introduire dans leur système…
Le coronavirus a changé les habitudes dans presque tous les domaines et particulièrement dans le secteur de l’enseignement. En Côte d’Ivoire, le ministère de l’Education nationale a dû recourir aux cours à distance pour sauver l’année scolaire 2019-2020. Cette expérience a permis à la communauté éducative d’apprécier cette façon d’apprendre sans forcément se rendre en classe.
Ils sont nombreux, ces étudiants qui se félicitent de cette façon de suivre les cours. Aman Achille, se félicite d’avoir obtenu sa licence en Développement d’applications et e-service, sans avoir eu besoin de se rendre dans une salle de classe, à l’Université Virtuelle de Côte d’Ivoire (UVCI). Cette université publique a été créée par le Décret N° 2015-775 du 09 Décembre 2015, et est spécialisée dans la dispensation de l’enseignement à distance. Aman Achille fait partie des 10 000 étudiants qui y reçoivent leur enseignement.
« Nous sommes à l’ère du digitale et l’Afrique doit s’y conformer. Ce cadre que la formation à distance offre des cours flexibles partout et à tout moment. La formation à distance permet aux étudiants de suivre les cours à leurs rythmes. Il permet d’économiser pour le transport parce qu’on n’a pas besoin de se déplacer pour apprendre », défend Sévérin Konan, un autre étudiant de l’UVCI.
Au plus fort de la crise du coronavirus, plusieurs universités ont signé des conventions avec cette école virtuelle, dont le siège est logé au sein de l’Université Félix Houphouet-Boigny D’Abidjan. « Ces cours m’ont permis de valider mon année à l’issu de laquelle j’ai obtenu ma licence en Banque Finance et Assurance », se réjouit Franck Silué, étudiant au Groupe Cerco d’Abidjan.
Si l’expérimentation de cette façon d’enseigner, loin des salles de classe, fait des émules, certains acteurs de l’école émettent des réserves quant à son efficacité. Certains apprenants eux-mêmes notent ‘‘d’énormes’’ difficultés. « C’est difficile de faire des cours sans pratiques, sans explications. Et en plus il y a les caprices de la connexion internet sur les plateformes de cours. Souvent le système se plante quand le nombre utilisateurs connecté est élevé », témoigne Franck Silué. « Il fallait être courageux pour valider son année », soupire l’étudiant du Groupe Cerco. Qui n’est pas favorable à l’instauration de l’enseignement à distance en remplacement du présentiel.
Achille Aman, de l’UVCI concède également des limites à l’enseignement à distance. « La formation à distance incite les étudiants à procrastiner, c’est-à-dire remettre à demain ce qu’il peut faire aujourd’hui. Au début de mon cycle, Je n’avais aucun emploi personnel du temps ce qui faisait que souvent, je me retrouvais avec assez de cours non bossés », témoigne-t-il. « Le retard de l’envoie des cours provoquent parfois des accumulations. C’était le cas lorsque nous étions en licence 2, il fallait une méthode de travail pour s’en sortir », souligne Aman Achille. Pour toutes ses limites, les étudiants planchent plutôt pour le présentiel. C’est en tout cas la position défendue par la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI). Son secrétaire général, Allah Saint Clair, la formation à distance faite des écoles de l’extérieur de la Côte d’Ivoire n’est pas reprochable. Mais il estime que le système éducatif en Côte d’Ivoire n’est pas encore bien outillé. Allah Saint Clair dénonce « les résultats très catastrophiques » de la formation à distance dispensée durant la crise sanitaire du Covid-19. « Il y a eu d’énormes difficultés. Mais à cause de la crise, les étudiants ont dû accepter cette formation pour achever leur programme et valider leur année ».
Certes, ce système a sauvé l’année scolaire et universitaire mais il ne doit pas remplacer le système d’éducation en présentiel. S’il advienne que les ministères de l’Education décident de maintenir l’enseignement à distance dans nos formations habituelles, ils croiseront la FESCI sur leur chemin », lève-t-il le ton.
Les parents d’élèves ont également un regard mitigé quant à l’efficacité de l’enseignement à distance. Selon le président de l’Association des parents d’élèves de Côte d’Ivoire, ce système est fait en priorité pour les travailleurs ou autre citoyen, leur permettant de prendre des cours à distance pour renforcer leurs capacités. Pour Kadio Claude l’enseignement à distance pour les enfants pose le problème d’accessibilité aux outils numériques, du coût élevé des connexion internet et au finish des réserves sur la qualité de la formation. « Lors de la crise sanitaire, le système éducatif a été touché au point où nos enfants n’ont pas été formés comme il se doit. Les examens de fin d’année ont certes été faits, mais en tant que parents nous ne sommes pas satisfaits des résultats », soutient M. Kadjo.
De leur côté, les enseignants notent la nécessité de s’adapter à la technologie qui s’impose dans tous les domaines. Mais ils estiment qu’il faille aller à un rythme également adapté à nos moyens. « On ne va pas dire que l’enseignement à distance n’est pas une bonne option pour l’école ivoirienne. C’est une option qu’il faut vraiment expérimenter. Aujourd’hui nous évoluons dans un monde où il faut se rendre contre que la technologie fait que nous devons nous adapter. C’est vrai que la technologie évolue, mais il y’a le problème de wifi qui se pose pour les parents et aussi difficile pour nous enseignants. Il faut aller doucement, nous devons aller à notre rythme », recommande le secrétaire général du Syndicat national des enseignants du supérieur de Côte d’Ivoire, (Synesci), Ekoun Kouassi.
Sur la même ligne de position que les enseignants, les parents d’élèves proposent une évolution par étape. « Comme solution pour adapter l’enseignement à distance en Côte d’Ivoire, nous allons faire la sensibilisation auprès des parents pour qu’ils acceptent de laisser leur enfant faire la formation à distance. Demander également aux fondateurs d’établissements d’initier la formation à distance dans toutes les écoles et vulgariser cela pour qu’il soit à la portée de tous. Demander à l’Etat de revoir le coût des wifi et distribuer des outils numériques à tous les étudiants et élèves de Côte d’Ivoire », plaide M. Kadjo.
Marina Kouakou col Audrey Apie ( stagiaire)
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