C’est le lundi 30 mai dernier, que Madame la ministre de l’Education nationale et de l’alphabétisation, Mariatou Koné, a procédé au lancement des examens à grands tirages. Cette année encore, la première responsable de l’éducation nationale veut faire de la lutte contre la tricherie, une préoccupation. « Nos examens doivent être marqués du sceau de la transparence », s’est adressée madame la ministre à ses collaborateurs. Les directeurs régionaux ont reçu des mains de la ministre des kits relatifs aux examens. Une façon de les mettre en route pour l’organisation du Cepe, le Bepc et le Bac. Mais comment ces différents candidats se préparent-ils pour mieux aborder ces examens ?
Dans la direction régionale du Gôh par exemple, comme partout ailleurs, ce sont les cours de préparation qui battent le plein. Comme un phénomène de mode, ces cours dispensés par les professeurs issus des différents établissements de la ville, attirent la plupart des élèves des classes de 3e et terminale. Ces enseignements sont ils utiles pour les apprenants quand on sait qu’ils ont passé 9 mois en classe ? Sur la question, les avis restent partagés.
‘’Pour’’ ou ‘’Contre’’
Pour les enseignants organisateurs des cours de préparation, c’est l’occasion pour les élèves de s’armer conséquemment avant d’aller en compétition. « Ces cours permettent de renforcer les acquis des élèves », nous informe Trazié Guy Charles, professeur de sciences. Depuis l’arrêt des notes du 3e trimestre, le 20 mai dernier, ses collègues et lui ont fait passer l’information de l’organisation de ces cours. L’affluence est acceptable. « Pour le moment les élèves viennent s’inscrire en petit nombre. C’est comme cela chaque année. Mais vous verrez, dans une semaine, nous aurons du beau monde. Ce qui va nous obliger à constituer plusieurs classes. Pour faire bénéficier tous les élèves des séances d’apprentissage, nous faisons venir certains élèves le matin et d’autres l’après-midi », déclare Guy Charles. Chaque élève débourse au plus 5 mille francs pour avoir accès aux cours, qui s’étendent de la date de l’arrêt des notes à 48 heures avant l’examen proprement dit. « Le matin, les cours commencent de 8h à 11h et le soir, de 14h à 17h », détaille l’un des organisateurs de ces cours. Les élèves qui prennent part à ces séances soutiennent que ces enseignements sont les bienvenus. « Ici, nous faisons beaucoup d’exercices, afin d’avoir la main. Ce qui me réjouit le plus, c’est le fait de traiter les anciens sujets du BAC. Avec un peu de chance, on pourrait tomber sur un exercice déjà traité pendant les cours de préparation », soutient Dramé Issa, candidat au Bac.
Avantages et inconvénients
Des parents d’élèves également sont de cet avis. « Quand mon fils m’a parlé des cours de préparation, je n’ai pas hésité à l’inscrire. Il n’y a pas de sacrifice de trop pour la réussite de sa progéniture », fait savoir Bangoura Yssouf, parent d’élève. Son enfant, en classe de 3e, n’a pas droit à l’erreur cette année, car il reprend sa classe. « C’est sa dernière année, alors je préfère lui donner toutes ses chances en lui payant les cours de préparation », affirme le père, soucieux de l’avenir de son fils. Tapé Julien, éducateur dans un établissement privé de la place signale que ces cours, ont, l’année dernière, amélioré le taux d’admission aux examens du BAC et du BEPC. « Il faut encourager les élèves à suivre les cours de préparation. C’est une chance qui s’offre à eux, afin de réussir à leurs examens », exhorte l’éducateur. Si les uns sont favorables aux cours de préparation, ce n’est pas le cas pour les autres. « On enregistre assez d’élèves dans les classes, pour la préparation. On se croirait dans une classe ordinaire. L’effectif dans ces classes de préparation est tel qu’on se demande comment l’enseignant peut il faire passer son message », s’inquiète, Niamien Alaba Jean, parent d’élève, réfractaire aux cours de préparation. Pour lui, il serait mieux de trouver un maitre de maison pour encadrer son enfant plutôt que de lui payer des cours de préparation. « Je ne vois pas d’un bon œil ce type de cours. A la maison, l’encadreur a tout le temps de corriger les lacunes de l’élève avant les examens », argumente Alaba Jean, sa position. Koukougnon Lety, élève en classe de terminale D, note qu’elle n’adhère pas à ces cours. L’année dernière, elle a participé à ces cours, mais elle dit n’avoir pas été satisfaite.
Pédagogie ou affaire ?
« C’est vrai que pendant les cours de préparation, on fait beaucoup d’exercice. Mais il ya des élèves qui comprennent difficilement les cours. Ce qui fait que pour un exercice prévu pour 10 minutes, on peut aller au delà de ce temps. Partant de ce constat, je n’épouse pas l’idée de participer à ces cours », relève Lety. Pour cette année, elle a constitué son groupe d’études composé de 4 élèves. Chaque soir, les membres du groupe se retrouvent pour réviser les leçons et traiter ensemble, les exercices.
Elle n’est pas seule à fustiger les cours de préparation. Des parents d’élèves s’inscrivent sur la liste. « Pendant 9 mois, les élèves ont suivi les cours. Voila qu’on leur propose encore des cours de préparation. Ce n’est pas évident que ces cours là, leur soient bénéfiques. Je pense que ces cours sont plutôt un business pour ceux qui les dispensent. Imaginez le nombre d’élèves qui payent chacun au moins 5 mille francs. C’est une importante cagnotte », s’offusque N’dri Paulin, parent d’élève.
Du côté des spécialistes de l’éducation, ces cours de préparation, peuvent être à la fois bénéfiques et négatifs pour l’apprenant. Sogbé Léonce, éducateur dans un lycée s’attarde sur le revers de la médaille des cours de préparation. Il fait remarquer que ces cours se situent juste après l’arrêt des notes. « L’élève n’a pas le temps de faire reposer son esprit et son corps. En même temps il enchaîne avec les cours de préparation. Cela peut le fatiguer », prévient Sogbé. Selon lui, la plupart des prétendants aux cours de préparation sont ceux qui n’ont pas bien assimilé les leçons en classe. « Ils ont des lacunes qu’ils veulent combler à travers ces cours-là. Malheureusement, le temps n’est pas suffisant pour qu’ils soient prêts le jour « J ». Dans ce cas, on n’est pas sûr d’avoir le résultat escompté », ajoute l’éducateur.
Avis des spécialistes
Sékongo Salif, inspecteur d’éducation fait aussi remarquer que les effectifs dans les classes de préparation restent un frein à l’efficacité des messages transmis aux apprenants. Il regrette que pendant l’année scolaire les élèves passent leurs temps à faire des grèves, pour un « oui » ou un « non ». Pour rattraper ce retard, dira-t-il, les cours de préparation se présentent comme la panacée dans le domaine de l’éducation. Notre interlocuteur avise que les cours de préparation seraient plus avantageux pour les élèves, s’ils sont dispensés sous la forme des travaux dirigés (TD). « De cette façon, l’enseignant à le temps de suivre particulièrement l’élève tout en apportant des remédiations aux insuffisances relevées », suggère l’inspecteur qui propose la constitution des groupes d’études dont les membres ne devront pas excéder 5 personnes. « Dans ce groupe, il doit avoir différentes compétences. Chacun des élèves constituant le groupe doit être performant dans une matière donnée. Ainsi chacun d’eux fera bénéficier de sa connaissance aux autres. C’est donc un groupe au sein duquel les membres se complètent les uns les autres », renseigne l’inspecteur. « C’est une méthode de travail qui a prouvé son efficacité à plusieurs reprises. C’est d’ailleurs ce que nous conseillons aux candidats aux examens du BAC et le BEPC. Au-delà de 5, le groupe risque d’être tenté par les bavardages inutiles », dévoile le professionnel de l’éducation, le secret du succès aux examens de fin d’année scolaire.
Il est bon de rappeler que les épreuves écrites de ces examens commencent le 7 juin, sur l’étendue du territoire national, par le Cepe, avec 703.948 candidats pour 2613 centres d’examen. Au Bepc, la période de composition part du 13 au 17 juin. Les candidats, répartis dans 875 centres sont au nombre de 547.831 dont 14.223 prétendants au test d’orientation en 2nde. Chez les plus grands, à savoir les candidats au Bac, les compositions se dérouleront du 4 au 8 juillet. 525 centres ont été retenus à cet effet pour recevoir les 330.567 candidats. Au total ce sont 1.582.346 élèves des lycées et collèges du pays qui seront évalués. Nous leur souhaitons une bonne chance.
Alain Doua