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Le manioc est une culture importante du point de vue de sa contribution à la sécurité alimentaire des populations, mais aussi des opportunités financières que représente la chaîne de valeur. En Côte d’Ivoire la filière manioc a besoin d’une meilleure organisation pour le bonheur des producteurs et le bien des populations.

Le manioc est l’une des principales cultures vivrières en Côte d’Ivoire en volume de production et de consommation. Il a connu un essor important au cours des dix dernières années avec une production qui a progressé à un rythme annuel. Le manioc peut s’adapter à différents types de sols, c’est une culture considérée comme peu exigeante en nutriments, qui peut même réussir sur des sols dégradés, sans apport particulier d’engrais et en fin de rotation. Toutefois, on obtiendra des meilleurs rendements dans un sol assez léger et bien drainé qui favorisera le développement des tubercules en évitant une humidité excessive qui pourrait les faire pourrir. Le manioc est une plante relativement résistante à la sécheresse. Il peut être cultivé dans toutes les zones intertropicales. C’est un atout.

En Côte d’Ivoire, une dizaine de variétés sont cultivées. Sur des sols généreux tout comme des sols peu fertiles, le tubercule résiste aux conditions climatiques sévères. Il existe deux types de manioc différents, le manioc doux et le manioc amer. Mais attention. Qu’il soit du type doux ou amer, le manioc contient des substances, dont la linamarine, un suc qui peut entraîner des intoxications mortelles en se transformant en acide cyanhydrique.

Chacun des deux types de manioc comprend plusieurs variétés, dont les plus courantes sont le Bonoua (doux), le IAC (appelé Yacé), le Yavo, le Kaman (surtout en pays baoulé) et le Bocou 1 et 2 (peu cultivé). Yacé, Yavo et Bocou sont des variétés améliorées pour obtenir des rendements élevés.

Que d’opportunités

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Le manioc est souvent cultivé en association avec d’autres cultures à cycle plus court : le maïs auquel on ajoute parfois l’arachide ou l’igname. Dans ce cas, la mise en place s’effectue au même moment, puis la récolte de la culture associée (maïs ou igname) a lieu environ trois mois après, puis le manioc reste en place jusqu’à la récolte 8 à 18 mois après la mise en place.

Le manioc est le 3e aliment riche en calorie après le riz et le maïs. C’est l’un des aliments les plus consommés à cause de sa diversité de transformation.  Le tubercule est transformé en farine, en semoule, en fécule et en tapioca. Le format le plus connu est l’attiéké. Sa fabrication est faite par plusieurs petites unités familiales, semi-artisanales ou artisanales et même industrielles.

Au plan de la commercialisation, le manioc à l’avantage d’être vendu des feuilles aux racines. Une fois transformés, les produits sont consommés dans les grandes villes. Beaucoup plus au plan national qu’à l’extérieur.

Mais de plus en plus, les dérivés du manioc sont recherchés et demandés à l’international. Quatre principaux groupes sont exportés. La racine (tubercule de manioc), le fécule, la semoule (gari, attiéké) et le tapioca. Ces deux derniers dérivés constituent plus de 85% des exportations annuelles ces dernières années. Et on les retrouve dans certains pays américains, canadiens et dans les pays de la zone Uemoa.

Le manioc est donc un tubercule que l’on devrait promouvoir pour plusieurs raisons. La première est qu’il pourrait contribuer à l’autosuffisance alimentaire.  La deuxième raison est économique. C’est une opportunité de pouvoir industrialiser tous les produits dérivés. En intégrant une vraie politique de commercialisation (en interne et à l’externe), le manioc et ses produits dérivés peuvent se vendre. En plus, pour une denrée qu’on peut cultiver et transformer dans n’importe quel endroit du pays, ce sont des emplois qui pourraient en découler. Une réelle valeur ajoutée. Mais le secteur reste informel, désorganisé et sans assistance. Que de difficultés.

Les difficultés

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Les premières difficultés sont liées à l’accès difficiles aux variétés améliorées aux rendements élevés. Des centres de recherches autour du manioc existent. Ils ont pour mission d’améliorer le rendement en introduisant des tubercules de qualité supérieure. La question est : Où trouver les boutures de ces variétés ?

Le problème de conditionnement est bien réel. Surtout pour les racines. « Il n’existe pas encore de chambres froides capables de les conserver sur 3 mois » regrette Germain Yao, de la chambre de commerce de Côte d’Ivoire. A cela il faut ajouter des difficultés d’acquisition d’équipements modernes. Toutes la chaîne de production est faite en grande partie avec des moyens archaïques. Une chaîne de production floue et pas suffisamment organisée.

Les obstacles sont du domaine de la commercialisation. Ils sont surtout liés aux infrastructures routières. Du coup il existe une réelle difficulté pour porter le manioc récolté depuis les zones rurales jusqu’aux zones urbaines. La logistique est un frein. Les camions utilisés ne sont pas toujours adaptés pour transporter le manioc dans des conditions idoines et de sécurité.

Autre difficulté, la méconnaissance des produits dérivés sur le marché international. La grande partie de la communication agricole est tournée vers les produits comme le cacao et le café. Par exemple, il n’y a pas de « bourse du manioc ».

Depuis quelque temps le ministère de l’agriculture envisage augmenter la production du manioc. Mais cela passe systématiquement par l’amélioration des techniques de stockage. Et au-delà de simples espérances et de recommandation il y a urgence de prendre à bras le corps les difficultés liées à la filière et d’y apporter des solutions concrètes et immédiates.

Pour rappel, le manioc est une plante originaire de l’Amérique latine. Il a été introduit en Côte d’Ivoire par les populations immigrantes Akan venant du sud du Ghana notamment les Abouré et les Aladjan.

Sékongo Naoua

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