Chaque année, les autorités sanitaires de Côte d’Ivoire s’activent pour retrouver et prendre en charge les femmes qui souffrent de la fistule obstétricale. Cette maladie qui apparait au niveau des parties intimes de la femme et qui, très souvent n’est déclaré, que quand elle devient grave.

« J’ai failli perdre mon foyer à cause de cette maladie. Mon mari m’accusait de sorcière. J’étais devenue la risée de tout le monde dans le quartier », chuchote dame D.G, aux oreilles de sa voisine, sous la bâche réservée aux mamans venues participer à la campagne de sensibilisation contre la fustile obstétricale, ce samedi 26 juin 2021, place publique de Gagnoa. Aujourd’hui, D.G a le sourire aux lèvres. Elle est guérie de la maladie.

En Côte d’Ivoire la prévalence des fistules obstétricales était estimée, en 2018, à plus de 9424 cas avec plus de 250 nouveaux cas. Depuis 2003, le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) et ses partenaires, ont initié des campagnes mondiales pour éliminer cette maladie. Ceci a permis de traiter près de 100 000 femmes victimes de fistule, les guérissant de leurs blessures physiques et psychologiques.

Les femmes rassemblées à Gagnoa pour la campagne de sensibilisation.

À chaque campagne de sensibilisation, dame D.G est présente pour partager son expérience avec les autres femmes. Ce samedi, celle que tout le monde surnomme « la vieille mère » a répondu présente au rendez-vous de l’UNFPA. La structure Onusienne a posé ses valises dans la ville de Gagnoa pour lancer la 15è campagne de sensibilisation de masse sur la fistule obstétricale. Les femmes venues de tous les quartiers de la cité du fromager ont prêté une oreille attentive au message de l’Agence Ivoirienne pour le bien-être familial (AIBEF), partenaire locale de l’agence de l’ONU.

Son coordonnateur régional, Francis Coulibaly rappelle que chaque année, des sensibilisations de masse ont lieu à travers le pays et singulièrement dans les zones où la fistule sévit. Selon lui, la région du Gôh dont la ville de Gagnoa est le chef-lieu fait partie de ces zones endémiques.

A l’en croire, ce sont 20 cas de fistule qui sont détectés à chaque campagne. À l’échelle planétaire, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), évalue à plus de 2 millions, le nombre de femmes victimes de la fistule obstétricale. La majorité de ces patientes se localisent en Asie du Sud et en Afrique sub-saharienne. En rappelant ces chiffres, le patron de l’AIBEF veut insister sur la persistance de la maladie. Et exhorter les femmes qui souffrent en cachette de cette maladie de se faire connaître afin qu’elles soient prises en charge. « La campagne vise à prévenir la maladie et la prise en charge des femmes qui en souffrent. Nous les referons au Centre hospitalier régional (CHR) où elles subissent une opération. Cela se fait gratuitement », rassure-t-il. « Je vous le répète. L’opération est gratuite, vous n’aurez pas à débourser le moindre sou pour votre guérison», insiste le M. Coulibaly. Et il poursuit pour indiquer que les femmes guéries de la fustile reçoivent de l’aide. « Une fois guéries, les femmes ont droit à des kits pour mener des activités génératrices de revenus. Cela se fait dans le but de faciliter leur réinsertion sociale.

Une malade en cours d’opération.

Chaque année, une quinzaine de femmes guéries bénéficient de ces kits », annoncent fièrement les agents sensibilisateurs. Celles qui ont été guéries ont fait des témoignages pour faire comprendre à leurs sœurs que la fistule, contrairement à ce que pense l’opinion se guéri effectivement. Mieux, clament-elles, cette maladie n’est pas liée à la pratique de la sorcellerie. «En effet, les femmes porteuses de la fistule, en plus de la souffrance physique, souffrent moralement et psychologiquement. À la limite, elles sont marginalisées. Pourtant, c’est une maladie comme toute autre. Elle se guéri et la femme peut reprendre normalement sa vie. C’est pourquoi nous demandons aux femmes de ne pas cacher la maladie. Elle se soigne, il suffit d’en parler », a indiqué un agent du centre social. 

    Les causes de la maladie

Les spécialistes de la santé définissent la fistule obstétricale comme une communication anormale entre le vagin, la vessie et/ou le rectum. Cela survient chez la femme à la suite d’un accouchement difficile. Bien entendu, il existe des facteurs favorisant la maladie. Notamment la mutilation génitale, les mariages et grossesses précoces, les accouchements pratiqués hors des structures de santé, le manque de consultation prénatale. La pandémie est répandue dans les communautés pauvres où l’accès aux soins liés à la grossesse et à l’accouchement sont limités. En Côte d’Ivoire, les autorités ont pris le mal à bras le corps en ouvrant sept centres de prise en charge de la fistule obstétricale. Ces centres sont répartis sur l’ensemble du territoire national. Et plus précisément dans les villes de Man, San-Pedro, Gagnoa, Séguéla, Bondoukou, Bouaké et Korogho. Depuis 2007, qu’avec l’appui de l’UNFPA, la Côte d’Ivoire met mis à exécution un projet pour éradiquer définitivement ce problème dans le pays. Il s’agit du projet : « Prévention et prise en charge des fustiles obstétricales ».

Alain Doua

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