Malgré les risques de l’immigration clandestine, la jeunesse ne rechigne pas à son rêve d’immigrer clandestinement vers l’Europe. Toujours sur les voies à risques malgré les nombreux témoignages et les interpellations des Ongs et du gouvernement.

En Côte d’Ivoire, chaque jour, une centaine de jeunes décide d’entamer son « aventure » pour aller « de l’autre côté »« derrière l’eau ». Un voyage pénible et dangereux. De la route à travers le Sahara jusqu’aux côtes libyennes, avant de monter sur un petit pneumatique surchargé censé traverser la Méditerranée.

Une affaire de mode

Pour les jeunes ivoiriens à l’immigration, se retrouver dans les villes occidentales était une question de mode. Il fallait partir comme les autres, être « Binguiste » comme les autres. Et ce, malgré les antiennes moralisatrices de certains Ongs comme l’Oim. « Nos amis qui sont partis reviennent chaque année. On voit qu’ils ont réussi car, ils arrivent dans de grosses cylindrés et ne manquent plus de rien. C’est pourquoi aussi, nous voulons tenter notre chance », Achille Boyo résume ainsi l’état d’esprit et la motivation première de ces aventuriers. Bamba Salif ne dit pas autre chose. Pour lui, la vie en Afrique est trop difficile. « Il n’est pas facile de trouver du travail et économiser. Même à la fonction publique qui est une garantie, on ne peut pas économiser si on ne vole pas. Tout simplement parce qu’on est mal payé ici et que les parents et amis ne nous facilitent pas aussi les choses », estime-t-il.  

Immigrer, c’est pourtant le projet de Diarrassouba. Lui qui rêve depuis toujours de faire comme ses amis qui ont eu la chance de se retrouver « derrière l’eau ». Vendeur dans un magasin de portable à Adjamé, Diarrassouba compte économiser de l’argent pour parvenir à atteindre son but. A 35 ans, ce natif de Dabakala ne vit que pour ce rêve. « J’ai des amis avec lesquels je discute régulièrement à travers les réseaux sociaux qui sont en Italie. Ils me disent que la traversée n’est pas facile. Mais, moi je refuse de les écouter. Il faut que j’enlève ma mère et mes frères de la souffrance », répète-t-il. Pour lui comme de nombreux jeunes, il « préfère mourir dans la mer que d’avoir honte devant sa mère. »

Et les conséquences ???

 « J’ai vécu la réalité, la maltraitance, la souffrance… j’ai vu la mort en face de moi. Vraiment ce n’était pas facile », explique Jules N’da, un jeune mécanicien qui a tenté l’aventure jusqu’aux côtes libyennes avant de se raviser et d’être ramené dans son pays par le Haut-commissariat aux réfugiés (Hcr). « En tout cas pour moi, c’est mieux d’être chez soi que de partir souffrir ailleurs », conclut-il. Malgré les avertissements de certains amis et parents, Jules N’da a décidé un jour du 23 juillet 2016, de partir. Mais son rêve s’est brisé dès son arrivée en terre libyenne. « Des passeurs nous ont fait croire qu’ils nous emmenaient dans un lieu où nous allons prendre notre départ. Mais c’était à une prison qu’ils nous ont emmené. Ils nous ont tout pris, et même nous ont fait du chantage et menacé de nous tuer si nous les dénoncions. J’ai eu la chance grâce à mon grand frère qui m’a envoyé de l’argent pour payer la rançon qu’ils ont demandé afin de me libérer », raconte-t-il, amer. Sur son dos, les traces de cicatrices qui lui ont été infligées.

Rien ne les arrêtent !

 « Quand on vit dans un pays où pour avoir du travail c’est difficile, c’est évident qu’on a envie de partir », grince Mamadou Traoré.

De nombreux jeunes ont tendance à voir la prise de risque comme un challenge. Pourtant la réalité est insupportable, implaccable. Dans un film de sensibilisation sur les dangers de la traversée en mer, les jeunes, pourtant en danger, au moment où le bateau chavire et les gens sont en train de se noyer, scandent :  ‘’C’est là qu’on voit garçon ! ‘’. Une histoire qui a choqué le monde.

Mais malgré cela, les jeunes ivoiriens ne semblent pas découragés. Ils rêvent toujours de départs. Selon des informations, les candidats au départ consultent des marabouts ou autres féticheurs et charlatans qui leurs prédisent l’avenir et les poussent à partir. Espérant sûrement un retour sur investissement. Or, beaucoup de réseaux de trafiquants d’êtres humains écument les côtes libyennes, point de ralliement entre l’Afrique et l’Europe. Lorsque les migrants pénètrent en Libye dans l’espoir d’atteindre la côte, ils tombent quasi systématiquement aux mains de réseaux criminels qui les maintiennent en captivité, les rançonnent, les abusent.

Conséquences effroyables

La Méditerranée centrale demeure la route migratoire la plus meurtrière au monde. Depuis le début de l’année, plus de 2000 personnes sont décédées en Méditerranée centrale. Plus de 17 000 personnes y ont péri ou disparu depuis 2014. Selon François Thomas, président de SOS Méditerranée, les candidats à l’exil sont poussés par la nécessité de quitter « l’enfer libyen » : « Ils sont des milliers à préférer mourir en mer plutôt que de rester en Libye. Les personnes que nous secourons, raconte-t-il, témoignent de viols, d’esclavage moderne, de torture…

Mettre fin à cette comptine macabre

Pour résoudre les problèmes migratoires forcés et massif il faut adopter des mesures appropriées. C’est dans ce cadre que les Objectifs du Développement Durable (ODD) ont été adoptés par les leaders mondiaux en 2015. Or, la lenteur dans la mise en œuvre des ODD, le manque de volonté politique des pays et le problème de financement sont des facteurs qui ne permettent pas de décourager les jeunes au départ. Il faut donc L`implémentation holistique des ODD à tous les niveaux pour limiter les flux migratoires massifs dans le monde et limiter la criminalité transfrontalière, démasquer les criminels, lutter contre le trafic humain et celui commercial et assister les victimes de trafic et les migrants vulnérables. Mais bien évidement, il s`agira pour les gouvernants des pays africains de créer des opportunités d`emploi aux jeunes, sans discrimination. Promouvoir la paix, une société inclusive, promouvoir l`accès à la justice pour tous avec la création d`Institutions à tous les niveaux, promouvoir une politique de répartition égalitaire des ressources et promouvoir des programmes d`assistance aux migrants vulnérables avec une révolution des données et de leurs identités.

Sans ces conditions nécessaires, les jeunes voudront toujours et encore avoir envie de départ vers leur rêve.

Djolou Chloé

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