Présidente des centres d’alphabétisation installés dans la commune de Cocody, Joséphine Kouadio est depuis plus de 20 ans la promotrice des centres d’alphabétisation. Dans cette interview accordée à Voix Voie de Femme ce lundi 12 juillet2021, elle évoque le digital.

Que faut-il entendre par alphabétisation digitale ?

C’est le fait de faire l’alphabétisation en ligne. Ne pas savoir lire et écrire est aujourd’hui un frein comme on le dit. C’est dangereux et doublement dangereux pour les personnes concernées. La majorité d’entre elles utilise les téléphones Android qui sont même parfois très sophistiqués, alors qu’elle ne sait pas utiliser les réseaux sociaux. Ce qui peut véritablement leur causer des ennuis. Un moment donné, je me suis dit pourquoi ne pas susciter tous les promoteurs des centres d’alphabétisation, ou même ceux qui s’occupent des analphabètes afin de leur apprendre l’informatique.

Vous êtes depuis plus de 20 ans promotrice des centres d’alphabétisation, Pourquoi avez-vous maintenant décidé d’insérer l’informatique dans vos modules de formation ?

Pendant la crise sanitaire liée à la covid-19. En 2020, nous avons eu beaucoup de difficultés comme dans pas mal de secteurs d’activités. Tout le monde était confiné. On avait voulu dispenser les cours en ligne, donc par correspondance. La plus grosse difficulté à laquelle nous avons été confrontée était que plusieurs parmi nos apprenantes ne savaient encore ni lire et écrire. Il n’y avait que celles du niveau 3, (en classe d’examen) qui pouvaient manipuler leurs portables. On a compris en ce moment l’importance de l’alphabétisation digitale et la nécessité d’insérer l’informatique dans nos modules de formation, pour qu’au moins ces personnes aussi soient dans le train de l’émergence.

Avant la Covid19 vous n’y avez pas pensé ?

Ça ne nous venait pas à l’esprit. Avant, la crise sanitaire, les inscriptions pour le CEPE se faisaient en ligne.  Il s’est trouvé que quand la covid est venue et qu’il fallait suivre des cours depuis la maison via la télévision, nous avons compris qu’il y a ce problème que nous essayons de résoudre.

Que faites-vous depuis lors pour initier vos apprenants au digital ?

L’idée est encore en projet. Elle n’est pas encore mise en application. Nous comptons toucher toutes les personnes intéressées en tout cas. Cela permettra d’avoir beaucoup plus d’auditeurs, car nous continuons de ressentir les inconvénients de la crise sanitaire. Il y a moins d’apprenants dans nos centres.  Si on ouvre les salles avec du matériel informatique et que des personnes viennent s’inscrire juste pour apprendre l’informatique, ça ne dérange pas.

Mais les premières cibles sont nos apprenants. C’est juste un module de plus, sans frais supplémentaires. Je préfère qu’on laisse la scolarité comme ça et qu’on considère qu’on donne un plus. Ça va inciter ces apprenants à payer correctement la scolarité. Celui qui va donner les cours est déjà avec nous. C’est un jeune informaticien.

Comment préparez-vous la rentrée prochaine qui permettra à vos apprenants d’apprendre les b.a.-ba de l’informatique ?

J’ai échangé avec le jeune Ingénieur en informatique. Je lui ai exposé ma crainte de savoir s’il ne fallait pas privilégier la pratique plutôt que la théorie.  Il m’a rassuré et a dit qu’on pouvait commencer par la théorie. J’ai aussi insisté sur le fait que certaines choses se fassent dans la pratique. On en a parlé vers la fin de la rentrée, on va continuer à se parler parce que c’est un peu difficile. Nous n’avons pas nos propres locaux. C’est dans une école primaire publique à la riviera golf que se trouve le centre. Or, c’est quand les élèves finissent à 17 heures que nous occupons les salles à 18 heures. Mais certains ont leurs propres locaux et se sera bénéfique pour eux d’introduire l’informatique. Sinon on a établi un programme au sein de mon centre, mais maintenant il faut qu’on l’élargisse aux promoteurs de Cocody et même de d’autres communes. D’autant plus que nous sommes en fédération.

 Effectuez-vous des démarches pour obtenir des subventions en guise de soutien ?

On a mené les démarches depuis l’année 2000, on nous demande d’avoir maintenant notre agrément. L’agrément est sorti, donc pendant ces vacances, on va relancer le maire de Cocody. Il a décidé de nous aider, mais il fallait qu’ont soient en règle. On a eu l’agrément depuis au moins 6 mois. A cause des occupations, on n’a pas pu le relancer juste après. On le fera maintenant.

Sur la question du digital, quelles sont vos attentes vis-à-vis de votre ministère de tutelle ?

Sincèrement nous ne sommes pas allés voir notre ministre pour lui en parler. Actuellement nous avons beaucoup de projets mais on ne les fait pas sortir. Maintenant s’il arrive un jour où on rencontre notre ministre, nous allons lui faire les propositions dans ce sens. On n’a pas encore de partenaires. Pour l’instant on ne collabore qu’avec l’ingénieur informaticien dont je vous ai parlé.

Avez-vous quelque chose à ajouter ?

On a eu un ministre de l’éducation et de l’alphabétisation. C’est un premier pas. Nous souhaiterons aussi que le gouvernement prête main forte aux animateurs que nous sommes avec le projet que nous essayons de mettre en place. Nous ne manquerons pas de leur en parler si l’occasion se présente.

Marina Kouakou

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