La Côte d’Ivoire est classée parmi les pays à forte hétérogénéité linguistique. Le pays s’active pour l’introduction des langues maternelles dans son système éducatif.
« A l’âge scolaire, la langue maternelle a déjà structuré la personnalité de base de l’enfant. C’est pourquoi il serait absolument inopérant de construire une stratégie pédagogique qui ne s’appuie pas sur les acquis de l’environnement socioculturel de l’apprenant, à travers l’utilisation du médium qu’est sa langue maternelle », avait fait savoir Mariatou Koné, ministre de l’Education nationale et de l’alphabétisation. C’était à l’ouverture d’un symposium sur l’enseignement bilingue (langue nationale/français) en Côte d’Ivoire. Ce symposium avait été initié du 25 au 27 avril 2022 par le ministère autour du thème « Améliorer la qualité de l’éducation par l’enseignement bilingue : état des lieux et actions pour l’avenir ».
Mariatou Koné estime que l’utilisation des langues maternelles et nationales dans le système éducatif, respectivement au primaire et dans les cours d’alphabétisation, demeure une option gouvernementale pour l’amélioration significative de la qualité des enseignements et des apprentissages. Elle l’a exprimé lors de sa communication à la faveur de la Journée internationale de la langue maternelle de cette année 2024. La Journée internationale de la langue maternelle est célébrée chaque année le 21 février dans le monde entier.
En réalité, l’apprentissage des langues maternelles n’est pas nouveau en Côte d’Ivoire. Depuis 2001 le Projet école intégré (PEI) a démarré en Côte d’Ivoire, avec le concours scientifique de l’Institut de linguistique appliquée (ILA) de l’Université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan. Un projet pilote qui couvre 37 écoles, dont 22 pour le Projet école intégrée (PEI) et 15 pour l’Initiative Elan-Afrique Côte d’Ivoire. Dix langues nationales sont concernées par le projet. Il s’agit de l’Abidji, l’Agni, l’Akyé, le Baoulé, le Bété, le Sénoufo, le Dioula ou malinké, le Koulango, le Toura et le Yacouba. Ces dix langues sont représentatives des quatre aires linguistiques de la Côte d’Ivoire.
L’enseignement des langues maternelles a pour objectif t’intégrer l’école culturellement au milieu social de l’enfant. Le pays rêve grand avec ce projet. Il s’agit tout d’abord de l’enseignement formel en langue dès la maternelle, au CP2 le français sera introduit et à partir du CE2, il deviendra le médium dudit enseignement. Ensuite, interviendra l’initiation des parents à la lecture et à l’écriture dans leur langue maternelle, afin d’assurer le suivi de leurs enfants et de préserver les acquis scolaires. Enfin, l’enseignement sera couronné par la formation agropastorale des enfants dans l’optique de freiner l’exode rural en cas d’éventuel échec scolaire.
Projet très ambitieux qui demande beaucoup de travail au préalable.
Sékongo Naoua
