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L’ouverture officielle de la campagne d’exportation de la mangue de Côte d’Ivoire vers les marchés européens a commencé depuis le 5 avril 2023.  Comment se présente la campagne de cette année ?

La mangue est le troisième fruit exporté par la Côte d’Ivoire après l’ananas et la banane. Aujourd’hui, la mangue fait partie des cinq fruits les plus consommés dans le monde après l’orange, la banane, le raisin et la pomme. La mangue tient aujourd’hui une place importante pour le développement économique de la région nord du pays. La mangue présente un large éventail de possibilités de transformation, à travers la mangue fraîche, la mangue séchée, la confiture de mangue, les chips de mangue, le jus de mangue et la valorisation de la pulpe.

Mais la filière mangue semble sinistrée. L’exercice 2023 de la commercialisation extérieure de la mangue a été lancé depuis le 5 avril 2023. Le prix bord champ de la mangue est à 2 400 Fcfa la caisse et à 200 Fcfa le kilo de mangue traitée et conditionnée, selon l’Interprofession de la mangue en Côte d’Ivoire, Inter-Mangue.

Cette année les exportations sont attendues entre 25 000 et 30 000 tonnes. Est-ce que cet objectif peut être atteint ? La réalité sur le terrain est que la mangue n’a pas donné cette année malgré les efforts dans la lutte contre la mouche des fruits. La cause : une dernière pluie de trop. En fait une grande pluie avec beaucoup de vent a arrosée la partie nord du pays au moment où on s’y attendait le moins. « Les vergers avaient bien fleuri et on s’attendait à faire de bonnes affaires cette année et il y a eu cette pluie », se désole Ouelli, propriétaire d’une plantation de sept hectares à Tafiré, dans la région du Hambol.

Et c’est justement en ce moment que l’Agence Nationale d’Appui au Développement Rural (Anader) devrait « jouer rôle ». Outil d’appui au développement elle devrait permettre d’anticiper certaines choses. De plus les acteurs semblent agir sans orientation. « Nous essayons de trouver la formule de traitement de nos vergers sans l’assistance de personne », a dit Konaté à Kouto, dans la Bagoue.

Et pourtant la Côte d’Ivoire est premier exportateur africain de mangues et troisième fournisseur mondial du marché européen, après le Brésil et le Pérou. Il n’y a pas longtemps la Côte d’Ivoire était au premier rang. La mangue ivoirienne est reconnue comme la meilleure en qualité.

Mais le planteur au pays d’Houphouët Boigny gagne de moins en moins. Un verger bien traité et bien suivi peut produire jusqu’à 15 tonnes à l’hectare. Or, en Côte d’Ivoire c’est à peine 5 tonnes par hectare.

L’assistance au planteur dans le traitement des vergers est presqu’inexistante. Il semble livré à lui-même.

La commercialisation est un autre problème. Il n’y a pas d’usine de transformation d’une certaine envergure. C’est vrai qu’à Sinématiali, (région du Poro), une usine de transformation de mangue construite sur une superficie de 1 ha pour une capacité annuelle de broyage de 3 840 tonnes, a été inaugurée le mercredi 10 août 2022 par le Premier Ministre Patrick Achi, pour le plus grand bonheur des populations de Sinématiali, en général, et surtout des femmes premières bénéficiaires, en particulier.

Mais elle reste limitée dans son fonctionnement. Il n’existe, en réalité, que des unités de conditionnement qui ont leur politique d’achat de la mangue. La même plaie qu’on retrouve dans d’autres secteur d’activités. Le prix bord champ est-il respecté ?

Politique du marché qui pousse certains planteurs à prendre la direction du Ghana (qui a une véritable usine de transformation de mangue) et d’autres pays avec leur récolte. Ils y gagnent plus. Et cela est au détriment de l’économie ivoirienne.

D’où l’interpellation de Soro, un acteur de la filière mangue, depuis Korhogo. « En dehors des travaux champêtres, la compagne de mangue est la seule activité rentable dans nos zones. Nous demandons au gouvernement de construire une véritable usine de transformation de mangue afin que nos frères et sœurs puissent avoir des emplois stables », a-t-il lancé. Vivement que cette interpellation trouve écho dans une oreille attentive.

Sékongo Naoua

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