La Côte d’Ivoire, tout comme les autres pays du monde, célèbre chaque année la Journée internationale pour les personnes âgées. Dédiée aux personnes âgées, cette journée permet de sensibiliser le public aux questions touchant les personnes du troisième âge. Quelle politique le gouvernement ivoirien adopte-t-il pour les personnes âgées ?
Le processus de vieillissement est devenu un phénomène social universel qui n’épargne aucun continent. Selon EGGERICKS et TABUTIN, 2001 : 23, la pyramide des âges a subi d’importantes mutations structurelles, avec une augmentation de la proportion et du nombre des personnes âgées.
Le rapport montre que dans l’ensemble des régions du monde, la population âgée de 65 ans et plus a augmenté de 2,2% par an entre 1970 et 1995 et atteint des taux plus élevés de nos jours. Cette population est appelée à croître dans le futur. Selon les estimations des Nations-Unies, près d’un million de personnes passe chaque mois le seuil de 60 ans, âge considéré comme référence dans la limite du vieillissement. L’Afrique connaîtra la croissance la plus rapide de la population âgée de 60 ans et plus.
Fort de cette réalité, le 14 décembre 1990, l’Assemblée générale des Nations unies a voté la création au 1er octobre de la Journée internationale pour les personnes âgées. La fête a été célébrée pour la première fois le 1er octobre 1991. La fête a été créée pour sensibiliser le public aux questions touchant les personnes âgées, telles que la sénescence et la maltraitance. C’est aussi une journée pour apprécier les contributions que les personnes âgées apportent à la société.
Déjà en 2007, les personnes âgées (60 ans et plus), représentaient 4% de la population totale ivoirienne. Taux qui est largement en hausse actuellement et dont on prédit l’augmentation chaque année. La Côte d’Ivoire va devoir faire face aux problèmes sociaux liés au vieillissement de sa population.
La célébration de la Journée internationale pour les personnes âgées (JIPA) a toujours été l’occasion de certaines activités en faveurs des personnes âgées. A Vavoua à la JIPA de 2021, le Ministère de l’Emploi et de la Protection Sociale a procédé à la distribution de vivres et non vivres. Il a s’agit aussi de l’organisation d’une journée sportive avec les ex-footballeurs internationaux, d’un concours culinaire des personnes âgées et du dépistage des pathologies récurrentes chez les personnes âgées (diabète, hypertension artérielle, les affections rhumatismales, les troubles de l’audition, l’obésité), des soins gratuits en faveur de cette frange de la population et d’invitation des personnes éligibles aux différents systèmes de Protection Sociale en vigueur (CMU, RSTI et la Complémentaire) à y souscrire pour leur bien présent et futur.
L’année dernière, la Journée internationale pour les personnes âgées a été célébrée sur le thème « Valorisons les compétences des seniors dans la construction d’une Côte d’Ivoire plus prospère, solidaire et inclusive ». En plus des dépistages gratuits, la célébration a vu l’organisation d’une marche sur une distance d’environ 1km à Botro. Il s’agissait de permettre à cette frange de la population, qui, du fait de l’âge avancé, ont cessé les activités professionnelles, d’entretenir et d’améliorer leurs conditions physiques. Une conférence coanimée par le Directeur départemental des sports, Ouattara Ibrahim, et Dr. Hié Valery, en service à l’hôpital général de Botro, relative aux méfaits des AVC et du diabète en milieu des personnes âgées, a également constituée un point focal de la célébration de la journée internationale des personnes âgées de Botro. Gagnoa, Bondoukou et dans d’autres villes du pays la JIPA a été organisée.
Toutes ces actions sont menées à des périodes spécifiques. La question qui demeure est la suivante : La Côte d’Ivoire a-t-elle une politique d’assistance pour les personnes âgées ?
C’est à l’occasion de la célébration de la 30ème édition de la JIPA, en 2020 qu’on a eu une idée sur la politique à mener. Dans son intervention, le ministre de l’Emploi et de la Protection sociale avait déclaré que le gouvernement « se félicite des avancées notables qui ont été enregistrées, notamment dans le domaine de la Protection et de la Promotion des droits des personnes vieillissantes. Il s’agit, entre autres, des actions suivantes : la généralisation de la Couverture Maladie Universelle ; l’amélioration de la qualité de l’offre de service des Institutions de prévoyance sociale et du niveau des pensions servies en faveur des personnes à la retraite ; l’extension du Projet Filets sociaux productifs à d’autres bénéficiaires », avait-il affirmé.
Le Projet filets sociaux ou l’octroi des allocations trimestrielles de 36.000 FCFA à des ménages les plus vulnérables. C’est l’assurance donnée par Koné Kipeya, coordonnateur du projet Filets Sociaux Productifs le lundi 10 janvier 2022. Il était l’invité du » Life Talk », une émission de la Chaîne privée Life TV. Mais « pour bénéficier du Programme Filets Sociaux Productifs, les ménages cibles doivent être identifiés comme résident permanent dans une localité de la zone d’intervention du projet, ensuite pré-identifiés comme un ménage éligible en raison de sa situation d’extrême pauvreté après une enquête-terrain. De plus, ils doivent être confirmés par la communauté de leur milieu de résidence, comme des ménages en situation de pauvreté extrême ou des cas particulièrement vulnérables du fait de l’âge, d’un handicap ou toute autre situation de vulnérabilité. Le principe de cette assistance est de les hisser au-delà de ce seuil de pauvreté afin d’améliorer leur niveau de consommation » avait énuméré Koné Kipeya avant d’insister sur la gratuité du projet. « Aucun ménage éligible ne doit débourser un centime pour bénéficier du projet des Filets Sociaux Productifs » avait-il clarifié.
Ce projet social est cofinancé par la Banque Mondiale et la Côte d’Ivoire. Il est déployé dans les 31 régions du pays et prend en compte 1905 villages et 108 communes et chefs-lieux de département du pays. On est encore loin de la couverture totale du territoire.
Les Projets filets sociaux et les actions menées au cours des célébrations de la Journée internationale pour les personnes âgées en faveur du troisième âge suffisent-ils à dire que le pays adopte une politique d’assistance aux personnes âgées ? La question mérite d’être posée.
Sékongo Naoua