Suite à la multiplication des accidents de la circulation, le ministre ivoirien des Transport a pris d’importantes mesures pour professionnaliser le secteur. Parmi ces mesures, la réforme du permis de conduire.
« Nous constatons que les accidents continuent de se produire de façon spectaculaire et dramatique sur les routes. Je voudrais vous engager à poursuivre les efforts de sensibilisation. Quant à nous, nous allons, sur l’année 2021, passer à la phase de tolérance zéro en ce qui concerne l’incivisme sur les routes. L’état des véhicules, et les documents de transport. Pour ce faire, j’ai décidé de suspendre de leurs activités tous les inspecteurs de permis de conduire qui vont être remplacés par des gendarmes pendant un moment donné, le temps d’achever la réforme du permis de conduire qui est en cours », annonçait Amadou Koné, le 24 avril dernier. Ce jour-là au siège de l’Office sécurité routière d’Abidjan-Marcory, le ministre des Transports affichait sa détermination a changé les choses, notamment dans le mode d’obtention du permis de conduire. Pour lui, pas de doute, la multiplication des accidents de circulation réside dans les conditions peu scrupuleuses d’option du permis de conduire.
En effet, le permis de conduire ivoirien est depuis des années en perte de crédibilité considérable. Cette situation est singulièrement liée à son mode d’obtention, émaillé de fraudes multiformes tant dans le processus conduisant aux examens que dans celui de l’édition du permis de conduire, tout comme celui du renouvellement. La suspension des inspecteurs et leur remplacement par des gendarmes a été jugé comme un coup de maître par le citoyen lambda.
Cette réforme avait en effet débuté depuis 2018. Elle devrait conduire à l’automatisation du processus d’évaluation des candidats au document. Cela à travers la digitalisation du système.
Si l’initiative est saluée, certains acteurs des auto-écoles et du secteurs émettent des réserves sur une initiative ‘‘unilatérale’’. « Nous avons appris comme tout le monde cette suspension des inspecteurs de l’examen du permis. Même si la décision est bonne, nous aurions souhaité avoir été consultés », regrette Guillaume Koko, le président de l’Union nationale des auto-écoles de Côte d’Ivoire (UNAECI). « C’est vrai que le ministre veut faire un grand nettoyage. Nous sommes désormais, des chefs d’entreprises, des patrons. Nous sommes là pour proposer aux côtés du ministre pour le plus grand bien de nos entreprises », explique M. Koko. L’autre grande réforme annoncée par le ministre est le système de la vidéo verbalisation. « On forme, on sensibilise et ensuite on va à la phase de répression. Si ça peut permettre de changer les habitudes des uns et des autres pour qu’on devienne de plus en plus responsables dans le respect de la signalisation et des règles de circulation, c’est une bonne chose », concède le président de l’UNAECI. A propos de la vidéo verbalisation, le secrétaire général du Syndicat national du patronat des auto-écoles de Côte d’Ivoire (SYNAPAECI), affiche quelque réserve. « La vidéo verbalisation ouvre encore une porte pour racketter les usagers. Il faut qu’on se concentre sur les cas d’accidents. Comment il faut sensibiliser, comment il faut recycler les conducteurs, comment débarrasser les gares routières des stupéfiants, de l’alcool », fait remarquer Cissé Lamine. Pour lui, ce qu’il importe de faire c’est un changement de mentalité chez tous les conducteurs de Côte d’Ivoire. « Il faut un changement de comportement, de mentalité », insiste Cissé Lamine qui pense que c’est à l’État de montrer la voie à suivre.
Aussi le secrétaire général du SYNAPAECI plaide-t-il pour l’organisation d’états-généraux du transport en Côte d’Ivoire. « Nous avons besoin d’échanger avec le ministre et lui faire des propositions », Le président de l’Association des détenteurs de taxis-compteurs et communaux de Côte d’Ivoire (ADTC-CI) continue de s’interroger sur l’issue de ces réformes annoncées. Notamment en ce qui concerne la mise en œuvre de la vidéo verbalisation. « La verbalisation doit concerner d’abord celui qui est volant et non le propriétaire du véhicule », fait remarquer Diaby Drissa, dit Diaby TV2. « ce sera des dépenses supplémentaires pour les entrepreneurs. Dans les pays développés, la majorité des véhicules appartiennent aux chauffeurs. Mais ici ce n’est pas toujours le cas », relève le président de l’ADT-CI. Pour les acteurs du transport, les causes des accidents sont connues de tous. « C’est une question d’incivisme et d’indiscipline. Je ne pense pas que la faute incombe aux auto-écoles accusés », pense Guillaume Koko, le président de UNAECI.
Mais sur de son affaire, le ministre des Transports n’entend guère reculer. Il y a environ un mois, le 3 mai dernier, Amadou Koné s’est rendu en personne visiter l’un des nouveaux centres qui abritera cette opération automatisée du permi de conduire. « Il nous appartient, tous de trouver des solutions à ce qui est train de devenir un fléau dans notre pays », continuer de marteler M. Koné.. Tout en réitérant son engagement à conduire l’opération jusqu’à son terme. « Nous avons entrepris de corriger tous les dysfonctionnements dans toute la chaîne en ce qui concerne l’obtention du permis de conduire mais également, en ce qui concerne l’état des véhicules ».
Mamadou Sanogo (stagiaire)