Le tabagisme est l’un des plus grands défis de santé publique de tous les temps. Sensibiliser, sensibiliser toujours. Est-ce qu’il ne faut pas appliquer d’autres approches pour lutter contre ce fléau ? Notre dossier
Dire que l’homme est à l’origine de sa propre souffrance n’est pas totalement faux. Le tabac peut être un exemple. En effet le tabagisme fait partie des principales causes évitables de décès prématuré et de morbidité dans le monde. Un peu plus de cinq millions de personnes meurent chaque année de maladies liées au tabagisme, chiffre qui pourrait dépasser huit millions par an d’ici à 2030. Si l’on n’inverse pas la tendance actuelle, ces décès se produiront en grande majorité dans les pays en développement.
L’histoire raconte que le tabac a été fumé dans les premiers instants par les autochtones d’Amérique depuis des temps indéterminés. En 1556 la plante est introduite et cultivée en Europe. La première illustration botanique du tabac est donnée en 1571. L’usage du tabac se popularise et devient aussi une marque de raffinement bourgeois. La cigarette est introduite en France en 1825. Au début du vingtième siècle le cigare devient un symbole de réussite et de pouvoir, attribut des hommes d’affaires. En 1950 la première étude épidémiologique fait le lien entre tabac et cancer du poumon. Les premières évocations du risque tabagique apparaissent dans la presse, ce qui entraîne en 1952 l’invention de la cigarette filtre présentée comme moins toxique.
En 1964 la première campagne de prévention est lancée. Et depuis le tabagisme est devenu une préoccupation mondiale jusqu’à donner naissance à la « Journée mondiale sans tabac ». L’Organisation mondiale de la santé (Oms) a organisé l’événement pour la première fois le 7 avril en 1987. L’année suivante la date a été définitivement fixée au 31 mai. La journée a pour but de faire passer une prise de conscience globale sur les dangers du tabac pour la santé des consommateurs comme de leur entourage.
Le tabac est dangereux. Les problèmes de santé causés par le tabagisme sont d’une ampleur colossale dans les pays en développement. L’Organisation mondiale de la santé pense qu’environ 70 % des décès engendrés par la dépendance au tabac surviennent dans ces pays.
Les cigarettiers y mènent sans être inquiétés des campagnes publicitaires agressives pour recruter de nouveaux adeptes et ils ciblent les jeunes. Cette clientèle est très prisée. Plus de 80 % des jeunes âgés de 10 à 24 ans à travers le monde vivent dans les pays en développement. Presque la moitié des enfants de la planète respirent un air pollué par la fumée du tabac.
Le tabagisme est un problème majeur de santé publique et individuelle. La dépendance se développe rapidement. Les conséquences sont lourdes. Le fumeur s’expose et expose son entourage avec lui. La fumée secondaire, la fumée respirée par une personne à proximité d’un fumeur, est nocive pour votre santé et celle des personnes qui vous entourent. Personne n’est donc à l’abri.
Que faire face à ce tableau sombre quand on apprend qu’en mai 2018, Santé Canada a autorisé la vente de produits de vapotage avec nicotine. La cigarette électronique, aussi connue sous le nom de vapoteuse, est un appareil alimenté par une pile qui transforme par la chaleur un liquide en vapeur. L’utilisateur peut alors inhaler celle-ci, ou vapoter, comme s’il fumait une cigarette ordinaire. Le liquide est composé de nicotine, de propylène glycol, de glycérine végétale, d’eau et d’aromatisants.
Et pourtant de solides preuves médicales révèlent que le tabagisme est associé à plus de deux douzaines de maladies et d’affections. Cette habitude a des effets néfastes sur presque chaque organe du corps, en plus de diminuer l’état de santé général. La célébration de la Journée mondiale sans tabac vient rappeler cette réalité des choses. Le thème de cette année est « Cultivons des aliments pas du tabac ». Chaque pays s’organise pour la sensibilisation contre le tabagisme. En Côte d’Ivoire le gouvernement a pris un décret portant interdiction de fumer dans les lieux publics et les transports en commun depuis 2012. Cette interdiction est assortie d’amendes.
Il y a eu aussi la loi de juillet 2019 relative à la lutte antitabac. Et en application de cette loi, le Conseil des ministres du mercredi 26 janvier 2022 a adopté deux décrets relatifs à la lutte contre le tabagisme. Le premier décret porte sur les modalités d’application des mises en garde sanitaires, du conditionnement, de l’étiquetage et de la commercialisation du tabac et des produits du tabac. Le second décret porte sur l’institution d’un système de suivi, de traçabilité et de vérification fiscale des produits du tabac. Il a aussi créé depuis 2001 le Programme national de lutte contre le tabagisme, l’alcoolisme, la toxicomanie et les autres addictions (Pnlta). Ce programme coordonne les activités de lutte contre le tabagisme, l’alcoolisme, la toxicomanie et toute autre addiction, sur l’ensemble du territoire, pour réduire la morbidité et la mortalité liées à ces addictions. Ce, par des activités de type promotionnel, préventif, curatif et de recherche.
Tout ceci est beau. Mais et si la réflexion était plutôt menée pour faire simplement disparaître le tabac.
Sékongo Naoua