Se fait renverser par un motocycliste est devenu chose courante à Abidjan. C’est un véritable cauchemar. Aussi bien sur les trottoirs que sur les voies de circulation, les motocyclistes roulent sans tenir compte des piétons. Aucun respect des feux tricolores ni des panneaux de signalisations. Encore moins des passages réservés aux piétons. L’incivisme des conducteurs de motos de plus en plus décrié par les piétons.
«J’ai commencé à conduire une moto depuis 2008. Étant à Bouaké, j’ai constaté que la plupart des conducteurs de motos n’avaient aucun respect pour le Code de la route. Vu ce constat et comme les autorités (policiers) ferment les yeux, parce qu’il suffit de leur glisser un petit billet et ils te laissent partir. Alors je me suis dit pourquoi ne pas faire comme ces conducteurs de moto. Je roulais sans casque, sans permis, et très souvent nous étions trois sur la moto. Lorsque le feu est sur le rouge jamais je ne m’arrêtais. Lorsque je suis arrivé Abidjan, je faisais les mêmes pratiques. J’ai été interpellé très souvent par la police de circulation, mais ma moto n’a jamais été saisie, parce que je leur filais de l’argent pour qu’ils me laissent partir.» raconte M. N’Guessan propriétaire de moto.
Le jeune homme, a été abordé par l’équipe de reportage de VoixVoie De Femme, ce 22 octobre 2021, il affirme que la faute revient au gouvernement. «On n’a jamais entendu que le gouvernement a puni un policier de la circulation pour corruption. Pourtant ces policiers ne font que prendre de l’argent avec les motocyclistes qui enfreignent le Code routier. Ensuite les laissent partir. Il faut que le gouvernement mettre en place un système qui permettra d’avoir un œil sur les autorités de la circulation. Il ne s’agit pas seulement des motos ou tricycles la police de la circulation est aussi concernée», fait t-il savoir.
Pour M. Tahbi ferronnier à Abobo, témoigne «Je traversais la route pendant que le feu tricolore était sur le rouge. Il avait un motocycliste qui passait entre les véhicules sans se soucier du feu tricolore. Étant au téléphone je l’ai pas vu arriver à mon,niveau. Ce dernier a voulu freiner mais il était déjà trop tard, j’ai été cogné par l’individu». Heureusement pour lui qu’il n’a eu que des égratignures. Par gratitude d’après lui, il a laissé le jeune partir sans contacter la police.
Comme Tahbi plusieurs personnes ont été victimes d’un accident provoqué par ces motocyclistes.
Ce nouveau plan que le gouvernement a mis en place est salutaire. J’ai eu affaire à ses motards. Kouassi Egny, chauffeur de voiture témoigne son accident avec un motard. «Il a voulu traverser un carrefour alors que le feu tricolore était rouge de son côté. Ce qui a provoqué un choc entre le motocycliste et moi, il était gravement blessé, et transporté urgemment à l’hôpital. Les parents du jeune ont voulu porter plainte, croyant que leur fils avait la priorité de traverser la route». Heureusement pour le chauffeur, des témoins de la scène ont intervenu en sa faveur.
«Ces individus n’ont aucun respect pour les feux tricolores les autorités doivent y remédier. Jusque-là ils ne font que prendre les 500f, 1000f à ces motards qui ne font que créer des problèmes sur la circulation», ce plain le chauffeur.
Si les motos rendent des services, il faut regretter qu’elles engendrent d’énormes accidents et des pertes en vie humaines.
Koffi William propriétaire de voiture confirme cela, «on constate que la plupart des accidents en Côte D’Ivoire sont dus aux motos, tricycles à cause de leur négligence du code de la route, qui entraîne plusieurs blessés et des morts». Il faut savoir que le nouveau plan de circulation est à féliciter parce qu’ils ont du mal à conduire à cause des motocyclistes qui se faufilent entre les voitures à une vitesse. Si tu n’es pas attentif tu risques de faire un accident, et il invite la police à respecter les règles dites à leur égard. «Ce nouveau plan de circulation nous permettra d’être un peu plus serein au volant, on aura une circulation fluide. Il faut aussi indexer la police de circulation quoi qu’on dise ils sont impliqués de façon indirecte aux accidents que provoquent ces motocyclistes parce qu’ils se font toujours corrompre et laissent ces individus continuer leur chemin» témoigne t-il.
Certaines auto-écoles pointées du doigt pour cause de corruption et de formation inefficace des usagers.
Pour M. Bahy Boyoro Paul, directeur de l’auto-école « le Réveil », au niveau des auto-écoles, le travail se fait correctement. Les usagers reçoivent une formation de qualité. Mais qu’une fois sur les voies ils n’appliquent pas les règles qu’on leur a enseignées. Et après ce sont les auto-écoles qui sont accusées.
La vitesse principale cause de la mortalité des motocyclistes
«J’ai été témoin d’un cas d’accident à Bingerville, j’étais en voiture roulant sur la voie à un rythme un peu lent parce que nous étions dans l’embouteillage. Il avait un motard qui faisait des »fantaisies » sur sa moto à une vitesse maximale qui me dépasse. A environ 900m plus loin sur la voie, je vois le même jeune étalé au le sol. Il a fait un choc violent avec un véhicule. La moto était éparpillée. Il avait du monde autour du jeune motocycliste, il n’a pas survécu à cet accident». Selon lui, la Côte D’Ivoire enregistre chaque jour au moins deux motocyclistes morts de la circulation.
«Si ces personnes appliquaient les règles de la circulation qu’on leur appris, on aurait un taux de pourcentage d’accidents réduit», révèle t-il
Procédure pour acquérir le permis moto, le permis A
Ce permis permet à toute personne à partir de 18 ans de conduire une moto. Cette formation est délivrée dans une auto-école. Après son inscription l’usager reçoit une fiche pour faire une visite médicale. Il recevra une formation au Code de la route. Une fois qu’il réussit au Code, il passera à la conduite de moto. Et enfin il va à l’examen de conduite. Le permis A lui sera délivré après la réussite à l’examen de conduite.
M.Bahy rappelle que les auto-écoles organisent des séminaires avec le ministère des transports pour pallier aux nombreux accidents de la circulation et il suggère une sensibilisation efficace à ce niveau.
«Il faut que le ministère de transport et le ministère de sécurité collaborent pour régler ce problème parce qu’il s’agit ici de la vie de l’être humain. Les mairies doivent renouer avec les professionnels des auto-écoles pour une sensibilisation», préconise-t-il.
D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’Afrique est le continent qui enregistre le plus fort taux de mortalité routière annuel, pourtant il ne compte que pour une part marginale du parc automobile mondiale. Plus de la moitié des tués sur les routes sont des « usagers vulnérable» piétons, cyclistes, motocyclistes.
La Côte D’ivoire enregistre chaque année un taux moyen de 24% de décès pour 100.000 habitants, chiffre en dessous de la moyenne africaine, la situation de la sécurité routière demeure préoccupante. Révèle l’OMS
Mamadou Sanogo