Abidjan, le 6 décembre 2021,Afin de contribuer à réduire significativement les cas de diffamation et de violation de la présomption d’innocence dans les articles de presse, le président de l’Anp, Samba Koné a invité le procureur de la République près le parquet d’Abidjan-Plateau, Richard-Christophe Adou, pour entretenir les hommes de médias sur le thème : « Les peines liées à la diffamation et à la violation du droit à la présomption d’innocence par voie de presse ». Et ce, le vendredi 3 décembre 2021, au siège de l’Autorité nationale de presse, Anp, sis à Cocody-II Plateaux 7è tranche.
Au cours de la 3ème session de l’Anp Academy, Richard Adou a échangé avec son auditoire sur cette thématique qu’il a qualifié d’une « importance capitale » mais qui, malheureusement reste toujours d’actualité au regard des productions souvent polarisées des professionnels de la presse qui ont du mal à se mettre en équidistante des parties prenantes aux procès criminels.
D’ailleurs, cette situation dans laquelle certains professionnels considèrent pour coupable celui que l’opinion, les médias ou des groupes d’intérêts désignent comme tel tandis que d’autres s’obstinent à le regarder comme innocent, nonobstant toutes preuves et évidences coupable a amené le régulateur de la presse a programmé cette 3è session pour démêler l’écheveau dans les esprits des professionnels de la presse à travers cette plateforme d’échanges et d’éclairage sur ce sujet.
En effet, dans son approche définitionnelle, la présomption est un jugement fondé, non sur des preuves, mais sur des indices, des apparences, sur ce qui est probable sans être certain. Quant à l’innocence, il est l’état de quelqu’un qui n’est pas coupable d’une faute déterminée. En soulignant l’article 90 de la loi N°2017-867 du 27 décembre 2017 portant régime juridique de la presse qui dispose que : « toute allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’homme ou à la considération de la personne ou du corps social auquel le fait est imputé est une diffamation », le magistrat veut faire comprendre que « en vertu du principe de la présomption d’innocence, toute personne poursuivie est présumée innocente tant qu’elle n’a pas été déclarée définitivement coupable ».
Pour cet éminent juriste qui a eu droit à des échanges interactifs avec les hommes de médias, le journaliste au-delà de la primauté de l’information, de son rôle régalien d’informer les populations, doit toujours chercher les faits de façon formelle avant de les publier. « Avant d’exposer les gens, de faire des déclarations péremptoires, de citer des noms, des détails croustillants…, il faut s’assurer de vérifier que les faits sont vrais », conseille-t-il avant de reconnaitre que « c’est un exercice subtil mais qui doit être fait avec rigueur et bonne foi ». Car, estimera-t-il, la loi n’a pas vocation de bâillonner la presse mais de poser des garde-fous.
Le procureur de la République a terminé en expliquant aux hommes de médias que dans tout Etat de droit, les médias et les professionnels de médias jouissent et doivent jouir de la liberté de presse. L’Etat et ses institutions doivent tout mettre en œuvre pour assurer l’effectivité de cette liberté. Cependant, l’exercice de cette liberté implique une certaine responsabilité ainsi que le respect des dispositions légales. Aussi, est-il important pour les journalistes d’accomplir un travail objectif, professionnel et rigoureux.
Djolou Chloé