Abdoulaye Son est doctorant, membre du personnel d’appui technique à l’éducation en Côte d’Ivoire. Dans cette contribution, celui qui est diplômé en philosophie politique et morale, insiste sur la noblesse de la femme.
« Frapper la Femme, c’est frapper un ROCHER, c’est frapper la SOCIETÉ ». Parce que le soupir d’une femme s’entend plus loin que le rugissement du lion, le bonheur ou le malheur de la femme sera toujours le bonheur ou le malheur de la société.
La présente contribution est un regard sur la trajectoire de la femme singulièrement l’Africaine, à partir d’une lecture du maître Joseph Ki-Zerbo.
La mémé Mariame Ouattara, experte en genre nous disait un jour que si l’on admet que la femme fut créée à partir de la côte de l’homme ; nous gagnerons à ne pas perdre de vue que c’est afin que l’homme et la femme soient côte à côte !
Voici ce qu’enseigne Abdul’-bahá sur l’Egalité de l’homme et de la femme : « Comme l’oiseau, l’humanité possède deux ailes, l’une mâle, l’autre femelle. Si les deux ailes ne sont pas également fortes et mues par une force commune, l’oiseau ne peut s’envoler vers le ciel (…) »
En toute sûreté de conscience affirmons que la femme, c’est le noyau, le disque dur de l’humanité, de la société. Car comme la mort dont on ne peut faire l’expérience ; la suppression ou la suspension de la contribution de la femme à la vie et à la survie, ne serait-ce que pour une demi-journée serait un acte suicidaire.
Venons-en à des vérités indispensables du maître ; puisque ce sont ces fondations justes et solides qui peuvent permettre de faire des perspectives saines. Le maître Ki-Zerbo pose pour la femme, les deux équations :
Femme + Education = Développement + Progrès
Femme – Education = Sous-développement – Progrès
Conscient du salut qu’apporte inévitablement l’équation n°1 :
Femme + Education = développement + progrès ; nos ancêtres accordaient une place importante et privilégie à la femme (épouses, sœurs, filles). C’est ainsi qu’on peut constater jusqu’à une certaine époque, qu’ils n’ont jamais cherché à masquer de par leur ombre la femme (mères, sœurs, filles), ni en pensée, ni en parole, ni en acte.
Grace à l’équation n°1, véritable repère, la femme africaine a pu et su apporter une grande contribution à l’histoire et à la civilisation africaine d’hier en sa qualité de mère, d’épouse, de travailleuse, d’actrice de la vie publique ou politique etc.
Aujourd’hui, de façon général, le statut de la femme africaine est très peu reluisant et ce en dépit des efforts qu’une bonne partie d’elle accompli. Le maitre Ki-Zerbo, nous fais un rappel :« chaque jour, des dizaines de millions de gestes productifs, de gestes de vie, sont posés par nos mères, nos femmes, nos sœurs et nos filles. Mais elles sont exclues des agrégats macro-économiques qui déterminent les politiques qui « ajustent » les mêmes productrices réelles fonctionnant dans le secteur non officiel où elles jouent le rôle principal. »
Dans la plupart des pays africains, c’est toujours l’économie informel qui tient l’économie.
C’est un fait, aujourd’hui, la position de l’Homme africain et en particulier, de la femme africaine est très peu honorable, et en n’est pas non plus les chiffres, les longs et incessant appels à ’’ l’émancipation de la femme ‘’ qui très souvent sont hélas des discours hypocrites et bancals.
Une question : un wagon peut-il rattraper une locomotive ?
Un mot : la femme africaine a été déjà et la première à être émancipée surtout grâce à l’équation n°1(Femme + Education = Développement + Progrès.)
Parler donc d’émancipation de la femme africaine aujourd’hui serait incohérent.
Il nous faut donc être vigilant sur la charge idéologique de certains concepts et discours.
De déclin du prestige, de la femme africaine est connu et reconnu mais si malgré les interminables discours d’appel à la soi-disant émancipation de la femme africaine, le bonheur de la femme africaine qui est celui de l’Afrique tard à voir le jour ; n’est-ce pas parce que les raisons de la perte de son prestige qui peuvent et doivent permettre sa renaissance sont inconnu ou subtilement ignorés pour des raisons non seulement impérialistes mais ultra-individualistes ?
En tout cas, l’une des causes est à notre avis, le contact douloureux et traumatisant que l’Afrique a eu avec les civilisations. Lesquels contacts sont globalement dominés par la colonisation, l’esclavage, la traite et leur corolaire de malheurs. La colonisation par exemple qui opère par un processus de DE-CEREBRATION –RE-CEREBRATION, a vidé globalement la mentalité africaine de l’ensemble de ses référents et les lui a substitués d’autres ré-férents. Or il est évidant que des repères brouillés engendrent inéluctablement des actions embrouillées de là par des hommes.
D’où le tire de notre contribution : DE L’IMPERATIF DE RE-ASSAINIR NOTRE RAPPORT A LA FEMME AFRICAINE
Le péché étant pour l’africain, la destruction de l’équilibre parfait du groupe, nous disons alors qu’il y a lieu de nous confesser individuellement et collectivement afin de réparer par l’action individuelle et collectives, le péché commis envers la femme africaine et par ricochet, envers la société africaine.
Le maitre Ki-Zerbo écrit : « le geôlier (si geôlier il y a) est quelque part lui-même prisonnier. L’auto-libération des femmes déclenchera l’accélération de l’auto-développement des hommes alliés qui entreront dans la réaction en chaine transformant le cercle vicieux en cycle vertueux. L’assujettissement de la femme et les intérêts qui y sont lies, ont verrouille sa condition (…).
Remplacer l’équation n°2 (Femme – Education = Sous-développement – Progrès) par l’équation n°1 (Femme + Education = Développement + Progrès) est la voie idéale pour déverrouiller la condition de la femme africaine, et donc de celle de l’Afrique. Il nous faut reconnaitre que l’équation n°2 qui est en vogue en Afrique a participé à endommager le logiciel de conception de la femme africaine et donc de l’Homme africain en général. Disons avec le maître un mot sur le développement avant d’inviter la femme africaine à REPRENDRE le rôle de la déesse ISIS.
Pour Ki-Zerbo, le développement, c’est la décision d’avancer par soi-même ; parce qu’on ne se développe pas, on se développe. Il peut donc être critique vis-à-vis des discours dans des ordonnances mécanique venant de l’extérieur. Le développement pouvant s’observer dans la multiplication des choix, il est le passage de soi a un soi à un niveau supérieur.
Pour ceux qui se sont toujours vanté de pouvoir développer l’Afrique, avancent que l’Afrique est sous-développée en raison de la trop élevée fécondité des femmes africaine. Ce discours n’est pas honnête. C’est plutôt comme le soutient Ki-Zerbo, l’inverse qui est vrai et honnête : les Africains font beaucoup d’enfants parce qu’ils sont pauvres.
Il y a donc lieu de s’attaquer à la pauvreté et surtout faire connaitre à la femme africaine (surtout la jeune fille), l’histoire glorieuse de la femme africaine d’hier afin qu’elle puisse s’en empirer positivement.
Fermons les parenthèses que nous avons ouverte à partir de cette contribution, avec le Maître Ki-Zerbo : « Comme Isis, à l’époque, voyante émérite des choses cachées, maitresse au haut savoir, la femme africaine a encore en elle ses qualités qui peuvent permettre de remembre l’Afrique dans la paix et les restituer à son identité première de berceau du genre humain ».
Puisqu’il faut exclure la barbarie en ce sens que l’exclusion, c’est la barbarie ; exclure la femme, c’est donc s’exclure soi-même, c’est la barbarie contre soi-même.
Les Africains disent : « La calebasse tenue ensemble peut se salir, du moins elle ne se cassera pas ».
ABDOULAYE SON, doctorant, personnel d’appui technique à l’éducation, diplômé en pilotage et évaluation dans les systèmes éducatifs ; diplômé en philosophie politique et morale ; diplômé en appui technique à la éducation.