Les lampions se sont éteints sur la fête de l’Abissa édition 2021, dimanche 7 novembre 2021 avec la cérémonie de purification du roi. Mais la veille déjà, le samedi 6 novembre, les N’zima Kôtôko et leurs invités ont participé à une suite de danses traditionnelles au rythme des tambours démontrant la richesse culturelle de ce peuple. Nos reporters ont pris part à cette fête. Leur reportage…
Grand-Bassam, une ville en ébullition
Après plus de deux heures de route pour rallier la première capitale de la Côte d’Ivoire, nous voilà à l’entrée de Grand-Bassam, ville historique, aujourd’hui patrimoine de l’Unesco. Grand-Bassam que nous découvrons ce samedi 6 novembre, est une ville en ébullition parée de ses plus beaux habits de fête. Quelque chose d’inhabituelle se déroule-t-il. Une fête ? Sûrement ! « C’est l’Abissa », crie un vendeur à la crié, coiffé d’un bonnet ancestral. Nous sommes donc informés. Bassam est donc en fête. Ce ne sont pas les jeunes aux visages joyeux, maquillés au kaolin et habillés de façon extravagante, que nous rencontrions tout au long de notre chemin et qui convergent tous vers le lieu de cette fête qui nous diront le contraire.
Maquillage, le business à la mode…
A la gare routière, près du rond-point de Bassam, quand nous descendons du car de transport qui nous a conduit d’Abidjan à Grand-Bassam, l’atmosphère est surchauffée avec une ambiance indescriptible où se mêlent et s’entremêlent sonorités de tous genres, cris de joie et klaxons d’automobiles… Le nombre de personnes qui se dirigent vers la place de la fête grossit au fur à mesure qu’on avance et la circulation devient de plus en plus difficile.
Il n’est pas facile de se trouver un taxi, nous décidons donc de marcher. Sur notre parcours, nous sommes régulièrement accostés par des jeunes filles, transformées en maquilleuses de circonstance. « Y a maquillage ! », crie une jeune fille ici, « On ne se maquille pas un peu ! », lance une autre pour appâter un client. Personne ne se fait prier pour prendre un coup de kaolin mouillé avec un bouchon de bouteille, un peigne ou d’autres objets artisanaux utilisés par ces maquilleuses. Pour Tchimou Affoué, jeune fille maquilleuse, les choses se passent bien. « Le vendredi j’ai eu 15 000 Fcfa, ce samedi j’espère en avoir plus… », raconte-t-elle. Quant à savoir combien coûte sa prestation ? « Il n’y a pas de prix. Ce que tu as, tu donnes », répond-t-elle, heureuse. Comme elle, Koné Karidja et Wassa Konaté, deux autres maquilleuses s’adonnent, elles aussi, à cette petite activité lucrative du jour en ne fixant pas de prix comme Tchimou mais espère que les clients soient « gentils ». Pourtant, ce business leur rapporte des sous. « Moi j’ai eu déjà 7 500 Fcfa et je compte en gagner davantage », indique Koné Karidja tandis que sa collègue, Wassa s’en sort avec une somme de 6500 Fcfa alors que la fête n’a pas encore commencé.
Quartier France, capitale de l’Abissa
16h45 : Enfin nous sommes aux portes du Quartier France. Un lieu, jadis quartier d’affaires et d’habitation des colonisateurs, le Quartier France est en ce samedi, la capitale de l’Abissa. Chaque entrée du quartier est sous la surveillance et la sécurité des forces de l’ordrequi fouillent chaque visiteur. « Vous pouvez passer », lance un policier à la vue de nos badges estampillés « Presse ». Mes collègues et moi avancions vers la place de l’Abissa. De nombreux check-points de contrôles et fouilles se dressent sur notre parcours.
Vêtus dans leurs apparats traditionnels de grands jours, les N’zima Kôtôkô sont visiblement en fête. Une fête de réjouissance mais aussi de pardon et de réconciliation qui symbolise l’entrée dans une nouvelle année pour ce peuple aux origines ghanéennes. Un rendez-vous à ne pas manquer pour les filles et fils de ce peuple venus de partout célébrer l’Abissa.
Nous voilà à l’entrée de la place de l’Abissa après un détour au village gastronomique où de nombreuses personnes ont décidé de passer du bon temps autour d’une table ‘’alcoolisée’’ au bord de la mer. Là encore, il faut se frayer un chemin pour y accéder. Heureusement, un vigile compréhensif nous créer un passage ‘’d’urgence’’.
Sur place, l’ambiance est totalement électrique. Les jeunes filles et les garçons ainsi que les vieux rivalisent d’ardeur au son des tambours distillant des sonorités dans la pure tradition. Danse, bousculade, accolades… la fête bat son plein. Les femmes ne sont pas en reste. Habillées gracieuses en pagne traditionnel, elles ne laissent pas compter. Avec leurs pas de danse originaux, elles reçoivent des applaudissements du public venu nombreux assister à cette célébration.
Le tour d’honneur de sa Majesté, le Roi Tanoé et la fille de la reine-mère esquivant des majestueux pas de danse fait monter le mercure. La foule est en transe, les bousculades deviennent plus fortes, les cris aussi. On s’agrippe pour ne pas tomber, les danseuses et les danseurs rivalisent de plus belle…l’Abissa est dans tout son éclat.
18h47 : Le Roi qui est à sa deuxième sortie prend congé de ses hôtes accompagné d’une horde de « Kômian » composés de femmes toutes de blanc vêtues. A leur tête, Ehoulan Bruno, féticheur, la cinquantaine révolue, nous explique le rôle de ces ‘’Anges’’ du monarque. « Nous sommes chargés d’accompagner le Roi à l’Abissa et le ramener à la cour royale. Sans nous le Roi ne peut pas sortir. Nous sommes donc les anges du Roi… », nous informe-t-il.
Les visages rayonnant de joie que nous croisons sur le chemin du retour laissent penser que la fête a réussi. Malan Tanoé Françoise, membre de la grande famille royale estime que la fête de l’Abissa édition 2021 s’est bien passée. « Les 7 grandes familles, socle de la société N’zima Kôtôkô ont pu célébrer l’Abissa dans la ferveur et la fraternité, depuis le depuis jusqu’à ce jour, sans heurts. C’est que la fête a réussi et nous en sommes heureux », a-t-elle mentionné joyeuse.
Une parade de la fanfare a mis un terme à cet évènement.
Marylise Beugré et Djolou Chloé
1 Commentaire
Bel article
J’adore la culture ivoirienne et je suis très fier de nous.