Les prénoms en pays sénoufo sont en général très significatifs et ont un rapport avec plusieurs aspects tels que :
-Les prénoms des animaux (le singe, le mouton, la chèvre…)
-Le jours de naissance
-Le lieu de naissance (aux champs, en voyage…)
-L’ordre de naissance des enfants
-Le moment de naissance (pendant une fête, la pluie, des funérailles, pendant ou après le poro).
Les prénoms en pays sénoufo revêtent une importance philosophique, religieuse, éducative et historique.
Ainsi choisir d’appeler son enfant de telle façon ou d’une autre n’est jamais fortuit. Le peuple sénoufo en fait de même lui qui n’attribue pas de prénom au hasard.
Pour ce peuple du nord de la côte d’Ivoire, le prénom d’un individu révèle son identité et sa personnalité. Ainsi choisir un prénom chez le sénoufo n’a rien d’une fantaisie.
C’est dans le but d’en savoir plus que nous sommes allés à la rencontre de mademoiselle Yeo Koundjenintcha pour nous imprégner du sens que ce prénom
voile. <<Je suis née un jour de marché de Korhogo raison pour laquelle mon père m’a baptisée` `Koundjenintcha » explique mademoiselle Yéo. `koundjenin » veut dire jour de marché. « tcha »signifie fille. L’association des deux donnes « Koundjenintcha » c’est-à-dire une fille née un jour de marché de Korhogo.
On pourrait dire que le père de Koundjenintcha » n’est pas passé par mille chemins pour trouver ce prénom. Et pourtant il l’a fait en se référant au jour de marché.
En plus de ce prénom, plusieurs autres existent suivant la chronologie des jours de marché. C’est le cas du lendemain du jour de marché de Korhogo appelé « kakpôhô » ainsi, les filles natives de ce jour sont prénommées « Kakpotcha’ ‘c’est à dire une fille née un jour de kakpôhô.
Il s’en suivra le marché appelé « ninkpa » localisé dans la Sous/Préfecture de Kagbolo chez le sous-groupe nafara. Ce marché est réputé pour la plus forte affluence des populations viennent des quatre (4) coins du pays sénoufo. On raconte également que ce marché est le lieu de rencontre des adeptes du mystique, du fétichisme et de la sorcellerie du pays sénoufo. Les filles nées ce jour sont appelée « Ninkpa ». Juste après « ninkpa’ ‘la place est laissé à « okounon » ou` `tôri » toujours chez le sous-groupe nafara, ce marché se tient précisément à Napié à 16 kilomètres de Korhogo en allant à Abidjan. Les natifs de ce jour sont appelée « Torcha » pour les filles ou` `Torna » pour les garçons.
Ensuite « okounon’ ‘laisse la place à « kotieri’ ‘qui contrairement aux autres jours de marché n’a pas son prénom attribué aux personnes.
En fin, « tiôgnin » qui se situe à Tioro et qui renferme une histoire particulière. En effet, à l’époque coloniale, « tiôgnin’ ‘était le marché où se vendait les esclaves. Selon Soro Alama <<les jours de ce marché, de nombreuses personnes s’y rendait pour l’achat des bras valides que les colons marchandaient en échange de produits tropicaux>>. Les natifs de ce jour de marché sont appelée « Tiognintcha ».
Se l’on Soro Alama, les prénoms se référant aux jours de marché en pays sénoufo, sont pour la plupart attribué à la gent féminine. Cela est dû au fait que le marché est considéré comme un lieu réservé aux femmes même s’il n’est pas exclu aux hommes.
C’est pour honorer ces nombreuses femmes qui parcourent des kilomètres à pied pour la vente de leurs récoltes sur ces marchés et aussi pour approvisionner leurs ménages que la plupart de ces jours leurs sont consacré.
Par la même occasion, il affirme que plusieurs autres aspects concourent à l’attribution des prénoms en pays sénoufo notamment, le lieu de la naissance.
Si certaines femmes ont la chance de donner naissance à leurs enfants au village sous l’assistance des matrones, il n’en n’est pas de même pour les autres qui le font souvent aux champs ou en cours de voyage. Les enfants nés aux champs sont prénommés « Séhétcha ou Séhétio » pour les filles, et « Séhéna » pour les garçons. séhégue signifie le champ. Quant à ceux du voyage, on retiendra « Kologotio » pour les filles. « kologo » signifie route et « tio » fille c’est-à-dire une fille née en au cours d’un voyage.
A cela s’ajoute l’ordre de naissance des enfants. Cette méthode est très courante chez le sous-groupe « Tiembara » en voici les noms masculin / féminin par ordre chronologique chez les Tiemba :
1er fils / fille = Zié / Yélé
2e fils / fille = zana / Yôh
3e fils / fille = N’Golo / Gnire,Yiré
4e fils / fille = Bêh / Bara
5e fils / fille = Dôh / Yélé
6e fils / fille = M’baha / Gnaman
7e fils / fille = Gnaman / Otôh.
Il y’a également les naissances lors de la pluie. Ces personnes seront appelées « Zahatcha ou zahatio » pour les filles et Zahana pour les garçons. « zaha » signifie pluie et « tcha » fille.
Il termine avec les noms des animaux. Où plusieurs animaux interviennent ainsi vous pourrez entendre : pour le serpent python (foho) en senoufo, les garçons répondent de Fohona et les filles Fohotia. Les prénoms venant du nom du cabri dont dénomination est (soupka ou soukawou) sont Soukpafolo, soukpa, Soukpafongnon pour les deux sexes. Ainsi de suite Gotchanwa, Golognon pour les filles et Gona pour les garçons et ces prénoms viennent de (golo ou gow) qui signifie la poule. Il faut cependant, noter que cette liste n’est pas exhaustive.
Silué N’Gana
1 Commentaire
Merci pour cette liste de prénom.