En Côte d’Ivoire, les touristes raffolent du pagne baoulé. Koffi Mitterrand est l’un des tisserands de ces étoffes colorés qui constituent un véritable patrimoine culturel Made In Côte d’Ivoire.
Dans son atelier, sis au quartier millionnaire de Yamoussoukro, la capitale politique ivoirienne, Koffi Mitterrand, expose ses produits. Et à côté, il se montre ingénieux dans la fabrication de ses pagnes baoulé. L’artisan passe toutes les étapes de la production de ces pagnes, depuis le fil, en passant par les roulettes, la peinture, la teinture…
Cela fait plus de 25 ans que cet homme de 38 ans s’est spécialisé dans ce métier de tisserand. « Le pagne est liée à notre culture », explique-t-il. Aussi tient-il ce métier de son grand père. Mais pour se consacrer à l’activité, il s’est formé dans le village de tisserands d’Aguibri, à 25 kilomètres de Tiébissou. « Dans ce village tout le monde est tisserand », révèlent-il. Là-bas, les anciens forment les plus jeunes.
Les pagnes Baoulé font partie du patrimoine artisanal et culturel de la Côte d’Ivoire. C’est un tissu traditionnel Africain, fabriqué selon des méthodes ancestrales de tissage à la main. C’était une activité réservée, en général, aux hommes. Mais Mitterrand a brisé ce tabou. Dans son atelier, devenu école formelle, il travaille avec des filles. A la faveur des vacances 2020, il forme 12 jeunes dont deux filles.
Les pagnes tissés par Mitterrand ont leur spécificité. « Je fais entre 11 et 12 bandes. Les autres s’arrêtent en général à 10 », explique le tisserand qui vante la qualité de ses teintures.
Comme des tableaux de peinture, ces pagnes ont des noms et… ils parlent, selon notre interlocuteur. « Ils sont des significations », fait savoir notre tisserand. Ainsi, le Coulalama symbolise la fécondité, quand Bénitiagnon signifie : une personne ne peut avoir deux mères. Golikro, lui, qui symbolise la peau de la panthère. On peut également citer Adjaledor qui signifie : le mariage arrive toujours à son heure. Atiagnondjahou invite l’homme à faire attention à ce qui se passe derrière lui. Quand Delila isrebo protège contre les sorciers. Alors que Aramédiassa veut dire : si tu me divorce, je ne mangerai pas la boue. Anzra, lui est un pagne qui symbolise la paix.
«Tous les pagnes ont une signification. On ne paye pas les pagnes pour les payer. L’acte d’achat répond à un symbole », explique Koffi Mitterrand. Les pagnes portent également des noms de personnalités politiques. Ainsi, vous avez N’Zuéba, Alassane , Henriette….
En pays Baoulé, le pagne est également un signe de prestige. « C’est pourquoi, explique Mitterrand, la chefferie traditionnelle s’y attache beaucoup ».
Aujourd’hui, ce pagne a dépassé les frontières du pays baoulé pour être prisé dans toutes les cultures. C’est qui justifie la bonne affaire des tisserands de cette partie de la Côte d’Ivoire. En tout cas, le tisserand du quartier millionnaire de Yamoussoukro témoigne distribuer ses produits dans toutes les régions de Côte d’Ivoire, et au-delà. « Tous les autres peuples de Côte d’Ivoire s’y intéressent. On peut citer entre autres les Ebriés, qui les achètent pour leurs sorties de générations, les Bété, les Gouro et toutes les autres ethnies s’intéressent à ces pagnes. Nous en exportons même au Mali, au Burkina Faso, en Europe, au Canada », soutient-il. Sauf que l’artisan est frappé de plein fouet par la pandémie de la Covid-19. « Nous avons vécu un moment difficile. Cette crise sanitaire a fait fermer les frontières. Et surtout elle nous a coupé d’Abidjan, l’un de nos grands marché ». L’assouplissement des mesures contre la propagation du coronavirus a été salué par le tisserand de Yamoussoukro qui rêve déjà de sillonner les grandes expositions avec ses pagnes baoulé.
TBO
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