De jour comme de nuit, les 10, 11, 12, 13 et 14 août 2021, la ville de Divo, ville située à 240 km d’Abidjan, a vibré aux rythmes et sons du terroir Dida-Godié.  Chants, danses de réjouissance et jeux traditionnels étaient au centre des activités prévues pour la 11 ème édition de ce festival de la joie ( Djaka festival), né dans le village d’Akabia, en décembre 2016. Voix Voie de Femme était au coeur du Djaka festival « Lohbe », (thème choisi pour l’édition de cette année qui désigne le travail), tenu au stade municipal de Divo.

Venus d’Abidjan, des villages environnants et même de Divo, les festivaliers sont particulièrement  mobilisés pour le rendez vous annuel de la joie. Du mercredi 11 au samedi 14 août, les « Djakafils » comme on les appelle, contribuent considérablement à l’ambiance chaleureuse qui prévaut au stade municipal de la ville de Divo. Les groupes artistiques présents apportent également leur pierre à l’édifice.

Les passages scéniques sont basés sur des chants et  danses de réjouissance, ainsi que les jeux traditionnels des temps anciens.  Ils véhiculent des messages de «paix et de cohésion sociale ».  Attitudes qui semblent être le propre de cette région du Lôh-Djiboua. En témoigne la présence des  « femmes de Damanasso ». A la différence des autres groupes artistiques majoritairement vêtus du pagne raphia, elles portent des robes des différents modèles conçues avec l’imprimé du pagne traditionnel du Burkina Faso, ce jeudi 12 août.  » Nous avons été invitées à venir célébrer la joie avec nos frères et sœurs. Nous sommes donc venues chanter l’union et la paix. Mais aussi nous amuser avec les festivaliers », explique la chanteuse du groupe Kandolo Madeleine. 

La double prestation du groupe artistique composé de 27 jeunes Godiés venus de Fresco, ville située à environ 150 km de la capitale économique Abidjan, en est également une illustration parfaite. « Notre seconde prestation est une danse typique de Fresco qu’on appelle le « dogoblédji » . La danse du peuple lagunaire. Dans cette danse, il y a plusieurs ingrédients, notamment la danse de la panthère, la danse de la pirogue y compris plusieurs autres danses. La chanson qui accompagne indique que le Djaka festival nous a fait appel. Nous sommes donc venus pour nous amuser. C’est une danse de réjouissance, de concorde, du vivre ensemble, de l’harmonie, et de cohésion sociale.
Nous sommes venus soutenir le peuple Dida, parce que les peuples Dida et Godiés sont des frères. Ce matin, nous présentions aussi une danse de réjouissance pour les fêtes de fins d’années, de l’indépendance et les fêtes de retrouvailles. Nous saluions dans cette danse le peuple présent à qui nous demandons de s’unir la mains dans la main pour l’évolution et le développement de la région », explique
komenan Éric, membre dudit groupe.

Dans leur scène spécialement préparée pour l’occasion, les femmes de « Godiléri »,  à l’instar des jeunes Godiés venus de Fresco se réjouissent d’avoir été associées à l’événement, et adressent un message de remerciement au Commissaire général de « Djaka festival » en esquissant des pas de danses appelées « Tagbo » (amusement de Djaka).  » Au temps au temps, on ne se défoulait pas autant.   Si on le fait aujourd’hui, c’est grâce à Alexandre Draman.  Toutes les femmes sont sorties de leur village et nous nous sommes croisées ici. Nous lui disions grand merci de nous avoir permis de nous amuser comme ça. A travers ce chant et les pas de danses on appelle ce monsieur dans la joie et dans notre cœur », révèle la Présidente des femmes de Godiléri Dago Elisabeth.

Le « zèzè », une danse de l’association des femmes dénommée « Acalaniaka », venue d’un village de Lakota a bien une histoire singulière. Renseignements pris, il s’avère qu’au « temps de nos ancêtres, un homme de Lakota était parti à la chasse la nuit. Il a croisé les génies qui chantaient et dansaient et s’est caché pour les assister ». De retour au village, ce dernier nommé Zèzè s’est immédiatement emparé des tambours. Il s’est ensuite mis à les battre et à danser. « Quand on lui a demandé des explications, il a dit qu’après être parti à la chasse, c’est ce qu’il avait ramené. C’est pour cela  que la danse que cette s’appelle Zèzè », dévoile la première responsable de ce groupement de femmes Beugré Brigitte.

Si la majorité des prestations sont jusque-là basées sur les rythmes et sons du terroir, l’association des femmes « Djaka de sakota » s’intéresse quant à elle aux  jeux traditionnels qui semblent être oubliés. Assise à même le sol en deux rangées, elles s’attrapent les mains,et font passer des enfants qui marchent au dessus de leur mains. Ils montent, puis redescendent, pendant qu’elles chantent.   » Ce jeu est à l’image des ponts à lianes de la ville de Man ( Ndlr, ville de l’Ouest de la Côte d’Ivoire et du chef-lieu de la région du Tonkpi). Nous disons dans le chant « mon enfant  marche sur le pont pour passer ». 
on a choisi de faire cela,  parce que les jeux du village sont carrément oubliés. On n’en parle même plus. Puisque Djaka, c’est la fête de notre culture, c’est le moment opportun pour nous de ramener ses jeux. 
Il y a beaucoup à faire, malheureusement nous avons un cas de décès au village où nous y allons en ce moment », laisse entendre la Secrétaire de l’association Taper Angeline.

Djaka Festival est un évènement culturel qui rassemble depuis plus de huit ans les enfants de la région pour célébrer la culture locale sous un thème annuel. L’édition 2020 était placée sous le thème ‘‘Bhobla’’ (paix). « Cette année nous avons donné pour thème  le travail et nous n’avons pas eu tord. Pour ce faire, une succession d’activités en rapport avec ce thème ont été programmées et réalisées. La première journée nous avons tenu une conférence sur le travail qui a attiré l’attention de tous les festivaliers. Lors de la seconde journée nous avons entretenu les femmes sur l’autonomisation pour qu’elles puissent contribuer au développement. Aujourd’hui avec le panel sur la jeunesse nous avons encore appris, surtout du partage d’expérience  de l’artiste Asalfo. La jeunesse a beaucoup à apprendre . Elle a une responsabilité à prendre pour le développement de notre région. Pour cela, il faut de la détermination, la foi et la persévérance comme l’a conseillé Asalfo. Sans ces valeurs, il est difficile d’apprendre. La 11 ème édition se passe conformément à ce que nous avons dit et nous demandons à toute la population de s’intéresser à la culture alliée au travail », a souligné le Commissaire général du Djaka festival Alexandre Draman, le vendredi 13 août 2021.

Marina Kouakou

Envoyée spéciale

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