Le « Dipri » est une fête traditionnelle de réjouissance et de démonstration de pouvoirs mystiques en pays Abidji. Voiedefemme.net nous plonge au cœur de cette fête traditionnelle.
Le peuple Abidji fait partie du groupe ethnique des Akans, présent en Côte d’Ivoire. Le « Dipri » est la fête qui marque le premier jour de l’année dans cette communauté vivant essentiellement dans le sud de la Côte d’Ivoire. Sa célébration se fait en mars ou avril.
Une fois n’est pas de coutume. C’est dans les propos d’un homme de Dieu que nous apprenons un peu plus sur les origines du Dipri. Le père Hervé Marius Djadji est prêtre du diocèse de Yopougon et il est Abidji.
Les Abadji viennent, à l’instar de plusieurs groupes ethniques du sud de la Côte d’Ivoire, du Ghana. Selon la légende, dans leur exode, du royaume Fanti (dans l’actuel Ghana) qu’ils ont fui après une guerre de succession, Nanan N’goh, chef de la délégation a sacrifié Yao, son unique fils, aux génies du fleuve Comoé. C’est la traversée de ce fleuve qui est au fondement du peuple Abidji. « Pour se souvenir du fils sacrifié, Nanan N’goh fonda un village nommé Yaobou, c’est-à-dire le village de Yao. C’est cette traversée que les Abidji commémorent depuis la nuit des temps », raconte le père Hervé Djadji. Ainsi est né le Dipri.
La célébration du Dipri se fait en trois grandes étapes. La veille de la fête du Dipri, les veufs et les veuves émettent des vœux pour conjurer les mauvais sorts et demandent d’entrer dans la nouvelle année avec plus de chance que la précédente. Les litiges familiaux sont également réglés. Le lendemain, c’est la chasse au démon. Très tôt, la population s’élance, en procession, vers la sortie du village. Au passage, elle frappe à toutes les portes (pour vérifier si le démon n’y est pas). Les étrangers ne sont pas conviés à cette procession. Après que le démon a été chassé du village, on ne doit plus y entrer ni en sortir. Le but est d’éviter que le démon n’y revienne.
La partie spirituelle ou mystique du Dipri intervient plus tard et se fait à la rivière sacrée. Après une cérémonie de purification, les initiés se rendent au fleuve sacré pour les libations aux ancêtres et aux génies protecteurs.
Après le fleuve sacré, ce sont les démonstrations mystiques réalisées par les initiés du Kpon au son du tambour parleur. À l’aide de couteaux tranchants, ces initiés du Kpon se lacèrent la langue et le corps sans blessures visibles.
L’histoire des Abidji révèle que c’est au milieu du vingtième siècle que des adeptes du Kpon vont introduire leurs pratiques dans le Dipri. « Tout ce qui relève du sang, des blessures et des transes est donc le Kpon et non le Dipri », enseigne-t-on.
Dans tous les cas, la célébration du Dipri se caractérise par des sacrifices rituels d’animaux.
Sékongo Naoua