Au Centre artisanal de la ville d’Abidjan ( CAVA), vous trouvez plusieurs catégories d’artistes. VoixVoie De Femme est allée cette semaine à la rencontre de l’artiste peinte sur verre, Jean-Baptiste Koffi Konan. Dans cet entretien, il révèle sa passion pour sa spécialité la peinture sur verre.
Comment vous êtes arrivé au métier de la peinture ?
Je peux dire que je suis née avec l’art. J’ai fait le Centre de Peinture Artistique Charles Bieth d’Abengourou. J’ai fait trois ans de formation. J’ai commencé par la peinture sur la toile. Et à un moment, je voulais faire différemment. J’ai voulu créer un autre style qui n’a rien à voir avec la peinture sur la toile. J’ai commencé à m’intéresser à d’autres peintures. Et je suis tombé sur la peinture sur verre, que j’ai découvert avec des peintres sénégalais. Ils font selon leurs styles, je me suis dit : pourquoi ne pas faire ça à l’ivoirienne. C’est ce que j’ai fait, en changeant de style pour la peinture sur verre.
Avez-vous fait une formation spécifique qui a abouti à la peinture sur verre ?
Je n’ai pas fait de formation puisque je savais déjà dessiner. C’est après ça qu’un ami m’a appelé pour travailler ensemble ici et j’ai vu ce qu’il faisait. J’ai décidé de faire la peinture sur verre. J’ai créé mon style qui n’a rien avoir avec ce que les sénégalais font.
Quelle est la particularité de vos œuvres ?
Dans mes réalisations, je magnifie un peu la femme africaine. Les gens ont tendance à faire la promotion des femmes fines. Moi, je fais plus la femme « awoulaba ». Pour mettre plus en valeur la courbe « généreuse » de la femme africaine. Quand j’ai fait mon voyage au Bénin, j’ai vu des femmes avec de belles rondeurs. C’était très joli à voir. Elles ont des rondeurs et elles sont bien habillées et ça été vraiment une source d’inspiration pour moi. C’est ce qui m’a donné le courage d’aller encore plus loin dans mes recherches.
Les dessins sur verre vous sont-ils commandés par vos clients ?
Les touristes qui viennent ici recherchent des souvenir en partant. Et la plupart misent sur les tableaux. Mais d’autres qui estiment que ces tableaux sont un peu encombrants, veulent des choses simples et faciles à transporter. Juste des souvenirs. C’est de là que vient mon inspiration. Je fais des dessins sur des tasses qui montrent l’image de la Côte d’Ivoire par exemple.
Avez-vous déjà participé à des expositions ?
Pas encore d’exposition en dehors du pays. Mais j’ai participé à de petites expositions en Côte d’Ivoire. Dans les galeries, c’est un peu difficile, parce que mes œuvres ne restent pas. Ce qui rend un peu difficile mes expositions dans les galeries. Dans notre métier nous ne sommes pas soutenus par l’État.
On manque d’informations et de publicités. On a le sentiment que les gens ne nous prennent pas au sérieux. C’est quand tu es connu qu’on cherche à venir vers toi. Mais au stade d’artiste en herbe, vous devez vous battre seul. On fait nos efforts pour qu’un jour on puisse hisser le drapeau de la Côte d’Ivoire hors des frontières. Parce qu’en réalité, ce sont les artistes qui font la publicité d’un pays.
Quels outils utilisez-vous pour travailler ?
La peinture à l’huile, le pinceau, la plume et l’encre de chine…
Quels sont les grands noms de la peinture qui vous inspirent ?
Il y en a plein en Côte d’Ivoire. Je pense à Amedé Brou, Augustin Kassi… J’ai fait la même école qu’Augustin Kassi. Ce sont nos ainés. C’est après eux que nous sommes venus à Abengourou où j’ai fini ma formation en 2001.
Quel message pouvez-vous donner aux jeunes ?
Tout métiers nourrit son homme. Il suffit tout simplement de mettre l’amour dans ce que tu fais. C’est vrai que tout début est difficile. Mais je dis à tous ces jeunes déscolarisés qu’ils ne sont pas perdus. Moi aussi, j’ai fréquenté et je ne suis pas arrivé loin. Mais aujourd’hui, je vis bien de mon métier.
Il faut apprendre à faire un métier. Je pense que c’est le plus important. Le premier sacrifice d’un être humain, c’est sa sueur. C’est ce que Dieu béni. Aujourd’hui, je peux dire que je n’envie pas un fonctionnaire. Il faut mettre de l’amour dans tout ce qu’on fait.
Je suis arrivé ici à la CAVA grâce à un ami. Je tiens à le remercier, ce grand frère qui m’a envoyé ici. Je n’oublie pas votre magazine VoixVoie De Femme qui me donne cette opportunité de m’exprimer.
A combien vous confectionnez vos œuvres ?
Pour les porcelaines et les verres, ils ont à peu près les mêmes prix. Les tableaux, les prix varient en fonction des formats. Sans l’architecte il n’y a pas de maison, donc sans le dessinateur aussi il n’y a pas de voitures. Tout commence par la maquette et on passe par la finition.
Bekanty N’ko