Pratiquée principalement par les jeunes filles malinkés en âge de se marier, le Kroubi est une danse qui résiste au temps.
Danse traditionnelle de réjouissance de la société malinké, le Kroubi est une danse dédiée spécialement aux jeunes filles prêtes pour le mariage ou dans l’attente de se marier. Le Kroubi ou Kouroubi fait partie des multiples danses pratiquées en Afrique. Le Kroubi est exclusivement exécuté par de jeunes filles musulmanes pubères en âge de se marier. Il est pratiqué dans les bastions traditionnels de l’islam. Le Kroubi est dansé pendant le mois de Ramadan (Aïd-El-Kebîr). Si bien que le Kroubi est qualifiée de danse à caractère islamique. En réalité, le Kroubi puise ses racines dans des traditions ancestrales préislamiques. Le Kroubi n’a pas une origine islamique stricte, mais elle a été progressivement intégrée aux festivités religieuses musulmanes.

Le Kroubi est un moment de joie et de partage. Il symbolise le passage à l’âge adulte pour les jeunes filles. Le Kroubi représente aussi une opportunité d’être remarquées par de futurs prétendants. Le Kroubi se déroule généralement sur une place publique. Il est rythmé par des instruments traditionnels tels que le djembé. Les jeunes filles s’habillent dans des tenues traditionnelles et se parent de bijoux. Elles portent en main des chasse-mouches faits de queue de cheval ou de bœuf qu’elles balancent dans des gestes synchronisés au son de la musique. C’est le symbole de la noblesse et de l’élégance. Dans certaines régions, une pratique consiste à exécuter la danse sur un échafaudage de trois mètres de hauteur.

Mais le Kroubi est une pratique qui est en déclin. Il y a quatre décennies, le Kroubi était bien pratiqué dans plusieurs localités en Côte d’Ivoire. De nos jours, le Kroubi est moins présent. Plusieurs facteurs peuvent expliquer la non pratique du Kroubi. Le modernisme et le changement de mentalité poussent les jeunes générations à délaisser certaines traditions dont le Kroubi. L’absence d’initiatives pour transmettre et enseigner la pratique aux générations plus jeunes. Il y a aussi l’influence de certains courants au sein de l’Islam, plus strict, qui rejette la pratique dans le Kroubi sous prétexte qu’il n’est pas islamique.

Mais le Kroubi reste encore bien présent dans certaines localités. Bondoukou reste actuellement l’un des derniers bastions où le Kouroubi est encore célébré avec engouement. Mieux cette ville a même instauré un festival dénommé « Semaine du Kouroubi » qui est inscrit à l’agenda culturel du ministère de la Culture. C’est un festival annuel qui attire de nombreux visiteurs et ressortissants de la région. Grâce à ce festival le Kouroubi est devenu une identité.
Silué F.