Le Poro est pratiqué par la majorité des populations établies au Nord de la Côte d’Ivoire. C’est une véritable formation pour la vie.
Culte traditionnel, le poro est un rite d’initiation pratiqué par les Sénoufo, notamment ceux de Korhogo, dans le nord de la Côte d’Ivoire. Le poro est composé de différents actes rituels ponctuels dont le passage est une preuve de maturité. « Dans la société Sénoufo, les hommes qui n’ont pas été initiés au poro ne peuvent pas prendre la parole en public », explique le professeur Ferdinand Tiona Ouattara, enseignant-chercheur en histoire, originaire de Korhogo. L’éducation au poro est un long processus avec trois étapes qui s’étendent sur 6 à 7 ans. La première étape est une initiation pré-nubile. L’enfant s’habitue à certaines corvées ainsi qu’à un vocabulaire sommaire lié au poro.
La deuxième étape se déroule à l’extérieur du village. L’initiation est étayée par une loi du secret. Elle se déroule dans des « bois sacrés », situés à la périphérie de chaque village. Pendant sept jours, les apprenants sont formés à différentes choses tenues secrètes. Le poro peut être considéré comme une « université où chaque membre de la société reçoit, à divers degrés, une instruction complète » qui fera de lui une « unité sociale parfaite ». Son but est donc de créer et de produire des hommes. Chaque initié au poro reçoit un nom d’initiation tout en gardant son nom civil. Au bout des sept jours passé dans le bois sacré, la sortie des jeunes initiés se fait sous forme de fête. Les familles de ces jeunes se réjouissent de retrouver leurs enfants en vie (il arrive que certains perde la vie au cours de cette étape de la formation). Accompagnés des fiancées, de leurs enfants, la cérémonie de sortie officielle des initiés se déroule à l’entrée du bois sacré.
Après cette sortie officielle, les initiés regagnent leurs maisons et pendant sept ans, ils mènent des activités ensemble au bois sacré et en dehors. Ils forment ainsi une famille avec à leur tête un responsable de promotion.
Au bout des années, le groupe arrive à maturation. Ils doivent faire le relai avec la génération plus jeune. La dernière étape se passe en fête. Cette fois, le formé enfile ses plus beaux habits. Tout en chantant les différentes difficultés auxquelles il a été confronté pendant sa formation, il faut le tour des maisons de ses parents et de ses aînés les plus proches. Ce jour-là, tout le village est en fête. Tous les villageois s’associent à cette étape. C’est ainsi que sont relatés certains faits de leur formation dans les différents chants exécutés.
Après cette étape, le jeune Sénoufo devient un homme et peut intervenir dans les décisions prises sur les places publiques. Pour un culte, c’est une véritable école de la vie.
Sékongo Naoua